Taxe Zucman : le gouvernement en passe de céder à une autre forme de taxation des plus riches

Face à une opinion majoritairement favorable à la taxation des plus aisés, difficile pour l’exécutif de rester campé sur ses positions. Il pense donc à inclure dans le prochain budget un système de taxation des plus riches, mais différent de la taxe Zucman, jugée mal ficelée.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Sébastien Lecornu, le 7 mai 2025. (MOHAMMED BADRA / EPA)
Sébastien Lecornu, le 7 mai 2025. (MOHAMMED BADRA / EPA)

Alors que le prochain budget se prépare, la question de la taxation des hauts revenus fait son chemin. Cependant, l'Élysée ne veut pas de la taxe Zucman, les milieux d'affaires non plus. Encore ce week-end, samedi 20 septembre, le patron de LVMH Bernard Arnault a fustigé dans le Sunday Times cette taxe qui, selon lui, mettrait à terre l'économie française.

Le problème soulevé de cet impôt est qu'il consisterait à taxer à hauteur de 2% par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros, y compris l'outil de travail : les biens professionnels, comme les actions d'entreprise.

Entrave au développement des entreprises ?

C'est ce qui fait débat, car selon les entrepreneurs, ce type de taxe freinerait l'innovation et le développement. Sans compter qu'elle prendrait en compte la valeur boursière des entreprises, qui par définition est fluctuante. Mistral, exemple entreprise dont on a beaucoup parlé, est valorisée aujourd'hui 14 milliards d'euros, mais en réalité, son dirigeant n'a pas cet argent. Et si demain, il y avait une bulle de l'IA, pas sûr que Mistral soit aussi cotée.

L'avantage de la taxe Zucman est qu'elle rapporterait beaucoup d'argent, selon Gabriel Zucman, autour de 20 milliards d'euros. Mais encore une fois, ce chiffre est contesté par d'autres économistes, comme Philippe Aghion, qui parlent plutôt de cinq milliards d'euros. Selon eux, cette taxe entraînerait de l'exil fiscal de la part des 1800 foyers fiscaux concernés. Il y a un débat d'économistes à ce sujet.

Les montages financiers dans le viseur

Le gouvernement travaille plutôt sur une contribution, une sorte d'ISF, impôt sur la fortune revisité, qu'Emmanuel Macron avait pourtant supprimé. Bercy a surtout dans le viseur certains montages financiers via des holdings familiales, dans lesquels les ultras riches se paient en dividendes, pour payer moins d'impôts.

L'objectif est de les obliger à se soumettre au moins à un taux d'imposition de 20%, comme le prévoyait d'ailleurs le projet de budget de François Bayrou. Mais politiquement, cela sera-t-il suffisant pour que le PS ne censure pas le gouvernement ? Ce parti comme d'autres partis réclament la taxe Zucman.

Quant aux grandes entreprises, elles auront du mal à échapper à une contribution. En 2024, la taxation exceptionnelle avait rapporté huit milliards d'euros. Elle devait être temporaire, et ne durer qu'un an. Mais le gouvernement réfléchit déjà à la prolonger.

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