Benjamin Biolay nous emmène visiter son "Disque bleu" et nous y invite à y rester : "Les chansons sont finies quand je vais les chanter en public"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 20 octobre 2025, l'auteur, compositeur et interprète Benjamin Biolay. Son nouvel album, "Le disque bleu", est sorti vendredi dernier.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Benjamin Biolay, en mai 2024, à Cannes. (VALERY HACHE / AFP)
Benjamin Biolay, en mai 2024, à Cannes. (VALERY HACHE / AFP)

Benjamin Biolay est cet auteur, compositeur, interprète et acteur inclassable, souvent là où on ne l'attend pas, aussi à l'aise avec la pop, le rock, la chanson française qu'avec la bossa-nova ou la musique classique. Les Français l'ont d'abord découvert grâce à son travail pour Henri Salvador et son album Chambre avec vue. Le métier également a salué son travail avec pas moins de six Victoires de la musique et le 17 octobre 2025, il sort Le disque bleu. C'est un double album, 24 titres enregistrés entre Paris, Sête, Bruxelles, Buenos Aires et Rio de Janeiro. Cette sortie est accompagnée d'une tournée acoustique de plus de 40 dates dans des théâtres à travers toute la France. Ensuite, il entamera une tournée électrique qui prendra la suite dans les grandes salles.

franceinfo : Il nous aura donc fallu attendre 10 albums pour découvrir dans le 11e qui vous êtes vraiment à visage totalement découvert ?

Benjamin Biolay : Ce sont des choses dont évidemment, on n'est pas conscient quand on écrit des chansons, d'être de plus en plus naturel, parce que c'est peut-être ce que vous êtes en train de me dire en substance. Je pense que c'est vrai, j'avais moins d'autocensure, il y avait moins de velléités de faire bien. J'avais envie de faire des chansons, c'est ma passion. Évidemment, je voulais qu'elles soient le mieux possible, mais pas spécialement que ce soit bien comme il faut, dans l'air du temps.

On sent que vous avez lâché les chevaux et qu'enfin, vous preniez du plaisir à entendre votre voix ?

Sur la voix, c'est tout à fait vraisemblable que vous ayez raison. C'est quelque chose auquel je ne pense plus, donc je prends autant de plaisir à l'entendre que les autres instruments. C'est plutôt bon signe, elle fait partie, pour moi, des instruments quand je mixe un album. J'ai toujours chanté le plus sincèrement possible et avec mon cœur, mais c'est un instrument et quand on le travaille, il se développe bien aussi.

"Quand on est plus à l'aise, quand on n'a plus à penser que c'est un handicap, forcément, c'est plus agréable à entendre."

Benjamin Biolay

à franceinfo

Il y a un côté très sensuel et très charnel aussi.

Ça fait partie de la vie et aussi de cette culture à laquelle je rends hommage et dont je suis un peu imprégné, la culture latino-américaine. Les musiques, dès qu'elles sont un peu dansantes, c'est très sensuel, on fait moins de métaphores que par chez nous. Quand j'étais jeune, j'écoutais beaucoup Charlélie Couture et Bernard Lavilliers, et quand ils parlaient d'amour, ils n'y allaient pas avec le dos de la cuillère, c’étaient des mots très crus.

Il y a une urgence de vie, dans cet album, il y a un côté live, il y a du Gainsbourg aussi, avec le titre Morpheus Tequila.

J'avais envie de faire un hommage à cet album qui a changé ma vie, Melody Nelson, qui est un album de Serge Gainsbourg, mais dans lequel il y a le grand Jean-Claude Vannier. C'est vraiment un album d'un duo, un album très mythique, qui, je crois, n'a pas beaucoup marché à sa sortie. C'est un album que j'ai acheté des centaines de fois, parce que je l'offre tout le temps, surtout aux étrangers qui ne parlent pas le français. Je vois à chaque fois l'effet que ça leur fait, c'est dingue.

Dans la chanson Mes souvenirs, on a l'impression d'être à vos côtés, enfant. On pense à votre maman, inévitablement. Qu'est-ce qu'elle vous a transmis le plus et qu'est-ce que vous gardez d'elle ?

Pas grand-chose, enfin, pas grand-chose qui peut se raconter, parce que ce sont des choses intimes, mais en tout cas, de l'éducation, de la politesse, mes parents sont très à cheval sur ces trucs-là et des tas de valeurs. C'est ma famille, j'ai du mal à en parler. C'est une chanson qui a été écrite au bout du monde et je n'avais pas l'impression de remuer de truc douloureux. Au contraire, j'avais l'impression vraiment de me rappeler un truc que j'aime sincèrement, ou de choses qui m'ont ému. La plupart des souvenirs que j'évoque, je les aime, c'était le fait d'être là et d'écrire cette chanson.

"Quand on est à l'étranger, en studio, personne ne comprend ce que vous chantez, donc si vous vous dites un truc très précis, on ne va pas vous faire de remarques."

Benjamin Biolay

à franceinfo

Là, personne ne savait de quoi je parlais, donc je pouvais mentir éhontément.

Que représente ce Disque bleu pour vous ?

J'attends vraiment de voir l'effet que les chansons font aux gens quand je vais les jouer sur scène pour la première fois. Les chansons sont finies quand je vais les chanter en public et si par bonheur les gens les fredonnent en même temps, je vais avoir un plaisir dur à décrire.

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