Bruce Springsteen à l'heure du bilan : "J'ai eu une vie extraordinaire, et j'essaie d'offrir une partie de cela à mon public lorsque je suis sur scène"

Bruce Springsteen est l'invité exceptionnel et exclusif du Monde d'Elodie à l'occasion de ces trois concerts en France, les 24 et 27 mai à Lille et le 31 mai à Marseille. Épisode 5 : le souvenir des amis disparus avec le titre "I'll see you in my dreams".

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Bruce Springsteen, lors de la première du documentaire, "Road Diary : Bruce Springsteen and The E Street band", à Los Angeles, le 21 octobre 2024. (ETIENNE LAURENT / AFP)
Bruce Springsteen, lors de la première du documentaire, "Road Diary : Bruce Springsteen and The E Street band", à Los Angeles, le 21 octobre 2024. (ETIENNE LAURENT / AFP)

Bruce Springsteen est considéré comme l'un des plus grands monstres sacrés qui ont écrit l'histoire de la musique rock. Avec plus de 140 millions d'albums vendus à travers le monde en six décennies, il est aussi devenu l'un des membres de notre famille et peu importe d'ailleurs où nous nous trouvons sur cette planète, il fait partie de nous.

franceinfo : Quand vous étiez plus jeune avec le E Street Band, vous rêviez de donner des concerts devant une foule endiablée. Voilà 60 ans que ça dure. Qu'est-ce qui vous tient en vie ? Qu'est-ce qui vous donne envie de continuer à monter sur scène et à vivre pour et avec la musique ?

Bruce Springsteen : Il y a peut-être une partie de mystère, mais pour répondre de manière assez simple à votre question, cela fait partie de qui je suis. Lorsque je suis sur scène, je me sens accompli et j'ai l'impression que je suis en symbiose avec moi-même. J'ai l'immense chance de pouvoir accéder à toute cette plénitude de moi-même, et cela vous donne une force extraordinaire. Il y a des soirs où, évidemment, je suis plus fatigué que d'autres, mais lorsque je mets le premier pied sur scène, je sens cette énergie extraordinaire et ce sentiment d'engagement aussi vis-à-vis de mon public. J'ai beaucoup de chance parce que ce sentiment ne m'a jamais quitté et il est tout aussi fort aujourd'hui que lorsque j'avais 16 ans.

Je vais essayer de ne pas vous énerver, mais on va aborder votre surnom, celui que vous n'aimez pas, The Boss. Ce surnom n'a pas été donné parce que vous êtes un chef, mais parce que justement, vous avez toujours su porter celles et ceux qui vous accompagnaient. C'est en cela d'ailleurs que ce surnom est fort, c'est même très étonnant que vous ne l'aimiez toujours pas alors qu'il est très affectif.

Ça a commencé parce que j'étais le leader du groupe. Les gens me disaient : "Alors Boss, on fait quoi aujourd'hui ? Hey Boss, on va faire quoi ?" Et puis un jour, j'étais invité à une émission de radio et le gars qui faisait l'émission m'a appelé "The Boss" et c'est parti de là.

"Aujourd'hui, très sincèrement, je suis plutôt à l'aise, on m'appelle le boss, ça me va très bien."

Bruce Springsteen

à franceinfo

Vos musiciens, quand ils vous regardent sur scène, même pendant les répétitions, on sent le respect mutuel qui existe entre vous. Il y a toujours ce besoin d'être ensemble et de vivre le moment ensemble. Plus jeune, vous pensiez aux lendemains et aux bonjours et aujourd'hui, vous pensez plutôt malheureusement à dire au revoir à certaines personnes et à vivre le moment présent. Est-ce que le Bruce Springsteen d'aujourd'hui vit davantage le moment présent ?

Écoutez, j'ai eu énormément de chance lorsque j'étais jeune, car j'ai su très vite ce que je voulais faire et je m'y suis tenu. Regardez, je suis là, 60 ans plus tard, avec cette même envie, ce même feu, cette même intensité sur scène, la même que celle que j'avais lorsque j'étais très jeune. Je ne peux que remercier le petit ange gardien qui est au-dessus de moi, qui prend soin de moi. J'ai pu faire ça toute ma vie. J'ai eu une vie extraordinaire, une vie joyeuse et j'essaie d'offrir une partie de cela à mon public lorsque je suis sur scène. Je suis très heureux d'ailleurs de pouvoir apporter un petit morceau de cela en France très bientôt.

Vous avez dit : "Après 50 ans passés sur les routes, on comprend qu'il est trop tard pour s'arrêter". Ça signifie que quoi qu'il arrive, vous n'allez jamais arrêter de monter sur scène ?

On ne sait jamais de quoi est fait demain. Très sincèrement, je n'ai aucune raison de penser à autre chose. Je suis vivant et je prends énormément de plaisir à faire ce que j'ai fait.

"Je suis très heureux de me rendre en France bientôt avec le groupe et de rencontrer à nouveau le public français."

Bruce Springsteen

à franceinfo

C'est extrêmement important pour moi, ça l'a toujours été et je suis quelqu'un de très chanceux.

Je voudrais juste que vous me parliez de la chanson I'll see you in my dreams, parce qu'elle semble définir vos plus intimes émotions et elle met en exergue une chose qu'on n'a pas abordée, c'est que vous êtes quand même le rockeur le plus romantique de la terre !

Déjà, merci ! Ce titre, je l'ai composé à la mort d'un de mes amis proches et il évoque évidemment que ceux que l'on aime restent toujours là. Même si la personne n'est plus là, physiquement, j'arrive à la voir et à la percevoir grâce à mes rêves.

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