Harcèlement scolaire : "Menaces de mort, coups... C'était vraiment très dur", raconte la jeune artiste Zoé Clauzure

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 21 octobre 2025, la chanteuse et pianiste Zoé Clauzure. Elle publie "Mon journal" et "Tout donner", aux éditions Michel Lafon.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Zoé Clauzure, invitée de franceinfo, le 21 octobre 2025. (franceinfo / Radio France)
Zoé Clauzure, invitée de franceinfo, le 21 octobre 2025. (franceinfo / Radio France)

Zoé Clauzure a quinze ans, elle est chanteuse, pianiste et autrice de deux publications, Mon journal et Tout donner ! parues aux éditions Michel Lafon. Du haut de ses 15 ans, elle est citée parmi les dix filles de l'année 2025 par le prestigieux magazine américain Time, aux côtés de sportives, inventrices et militantes du monde entier. Il faut dire d'ailleurs que le public l'a adoptée d'abord dans la septième édition de The Voice Kids et elle a également représenté la France au concours de l'Eurovision de la chanson junior en 2023, qu'elle a gagné. Le Time s'intéresse à elle parce qu'elle lutte contre le harcèlement scolaire et elle n'hésite pas d'ailleurs à proposer des textes qui racontent justement ce qui lui tient à cœur.

franceinfo : Dans Tout donner !, tu démarres avec un adage, "Ne remets jamais en cause qui tu es". Est-ce que c'est ton cri de guerre ?

Zoé Clauzure : C'est hyper important. Il y a vraiment des personnes qui ne font pas attention à elles et qui essayent de former une personnalité en fonction du regard des autres. Il faut vraiment vivre sa vie en fonction de toi, ce que tu as envie de vivre. Et ça a été vraiment ce qui m'a motivée, c'est mon essence. Depuis que je suis toute petite, on m'a élevée comme ça et je trouvais que cette phrase résume bien tout ça. Donc c'est important pour moi de la mettre en début de livre.

On apprend à te connaître, dans Tout donner !, tu es née à Montrouge et tu as tout de suite gazouillé, semble-t-il. C'est lors d'un concours de chant d'ailleurs que tu vas être repérée et qu'on va te parler pour la première fois de The Voice Kids, comment est-elle arrivée cette aventure ?

J'avais fait un concours de chant dans ma ville, dans un cinéma, et j'étais la plus jeune des candidates. Les gens aimaient ce que je faisais, ça a été un vrai encouragement. Ensuite, on regardait tout le temps The Voice Kids en famille et j'ai dit à mon papa et à ma maman, 'c'est vraiment ce que je veux faire. J'adore la scène, c'est vraiment ça que je veux faire dans ma vie'. Et ils m'ont dit que j'étais trop jeune. L'année d'après, ma maman a appelé The Voice Kids, je n'étais pas au courant, et elle leur a envoyé une vidéo quand je chantais dans ma chambre. Elle a eu une réponse positive et on me l'a annoncé en public à la piscine municipale. C'était juste incroyable. Mais c'était une annonce publique et c'est aussi comme ça que mon harcèlement a commencé.

Ton harcèlement scolaire, il débute effectivement parce que des camarades de jeu à toi sont très jalouses. Est-ce qu'au départ, tu comprends que ça peut mal tourner ou tu penses que c'est juste une altercation entre toi et elles ?

En fait, en tant qu'enfant de neuf ans, tu ne sais même pas ce que c'est. J'essayais un peu de voir si elles faisaient ça à d'autres enfants et c'était un peu confus pour moi. Au fur et à mesure, j'ai commencé à en parler à mon frère, à ma maman, à mon papa et ils m'ont dit que ce n'était pas normal. À partir de là, ça a été de plus en plus fort avec des menaces de mort, des coups, des appels tout le temps. C'était vraiment très dur.

"J'avais 17 appels manqués des filles sur le téléphone de ma maman parce que je n'avais pas encore de téléphone."

Zoé Clauzure

à franceinfo

Mais c'est surtout qu'elles incitaient les autres, et même les petites sœurs des harceleurs à me tirer les cheveux, à me mettre des coups. Je revenais avec des gros bleus, c'était vraiment compliqué. Ensuite, mes parents ont pris rendez-vous avec la directrice qui a dit qu'elle ne pouvait rien faire, que je devais quitter l'école et qu'elle ne pouvait pas assurer ma santé physique et mentale.

Ce qui revient à dire que lorsqu'on est victime, c'est la victime qu'on sort en fait d'une situation dramatique et qu'on ne s'occupe pas du vrai problème, c'est-à-dire des harceleurs.

C'est ça. Aujourd'hui Gabriel Attal a mis en place une règle qui dit que ce ne sont plus les harcelés qui doivent quitter l'école, mais les harceleurs. Je pense qu'aujourd'hui, ça fait beaucoup de bien aux gens qui sont harcelés de pouvoir rester dans leur collège.

Des jeunes de ton âge viennent régulièrement te voir pour te remercier, pour te dire que pour certains et certaines, tu leur as sauvé la vie. Est-ce que ça te touche ?

Énormément, c'est vraiment ce pour quoi je fais de la musique, et ce pour quoi j'écris. Le harcèlement scolaire m'a tellement mis dans un état dérisoire, toutes ces moqueries, ces insultes et de recevoir des messages comme ça, c'est insensé. Je me dis qu'à travers la musique, j'arrive à sauver la vie de quelqu'un, c'est juste inimaginable et je suis vraiment hyper reconnaissante.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.