Marc Cerrone : "J'étais considéré comme un mec de mode, pas fréquentable, mais ils se sont un peu trompés"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 21 février 2025 : l’auteur et compositeur Marc Cerrone. Il sort le 21 février 2025 un nouvel album "Disco Symphony", une exposition lui est consacrée à la Philharmonie de Paris, "Disco - I'm Coming Out" où il est en concert ce vendredi et samedi, il sera au Transbordeur à Lyon.

Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Marc Cerrone chez lui à Paris, 8 janvier 2025. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)
Marc Cerrone chez lui à Paris, 8 janvier 2025. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Marc Cerrone est considéré comme un empereur de la nuit, un agitateur des boules à facettes à travers ses titres : Give Me Love ou encore Supernature. Pour beaucoup, il est indissociable de l'arrivée du disco en France, un pilier même, passionné des rythmes effrénés depuis ses 12 ans et sa première batterie. C'est Otis Redding, pourtant, qui lui a donné envie de faire de la musique. Le Club Med lui a mis le pied à l'étrier avec son groupe, les Kongas, lui offrant d'être repéré par Eddie Barclay, son premier producteur. Aujourd'hui, Cerrone sort un nouvel album, Disco Symphony, et est au cœur d'une exposition à la Philharmonie de Paris, Disco - I'm Coming Out où il sera aussi ce soir en concert. Demain soir, il sera au Transbordeur à Lyon.

franceinfo : Ce concert est un clin d'œil à votre dernier album qui sort aujourd'hui, Disco Symphony. Cette rencontre, vous l'attendiez ?

Marc Cerrone : Non, ce sont des choses qui arrivent dans la vie constamment. En fin de compte, c'est en novembre 2023 où la ville de Nice m'a proposé de mettre mon catalogue en symphonique avec l'Orchestre symphonique de Cannes. C'est de cette façon que c'est tombé dans les oreilles de Victor le Masne qui était directeur de la musique des J.O. J'ai un peu l'impression d'être sur une grosse vague qui n'en finit pas. Et la proposition de jouer avec l'orchestre symphonique à la Philharmonie est venue il y a un peu plus d'un an. J'ai été garni avec la vie. Je crois que j'ai un peu, beaucoup travaillé, mais je trouve que je suis bien récompensé.

La batterie, c'est vraiment le point de départ dans votre vie. Alors il y a le côté très agité que vous aviez c'est-à-dire que, on ne va pas se mentir, vous vous faisiez virer à l'école, mais il y avait surtout une absence paternelle qui a été très lourde et que votre maman a voulu combler au moment de leur séparation.

Oui, c'est son idée. Je n'avais pas d'objectif, je n'avais pas pensé à ça. C'est grâce à la batterie d'ailleurs que j'ai trouvé ce rythme avec Kongas que je faisais avec deux percussionnistes dans le groupe qui partaient en solo. Ça pouvait durer six, sept minutes. Mais j'ai compris qu'on pouvait amener le public où on voulait avec ce rythme. Au bout de trois quatre ans, j'ai quitté le groupe et au bout d'un an, je me suis tellement ennuyé que je me suis dit que j'allais faire un dernier album qui était Love in Si Minor. Je me suis souvenu de ce rythme.

"Aujourd'hui, que la France reconnaisse que le disco est un vrai style musical et non pas une mode, je bois du petit lait, je vous assure !"

Marc Cerrone

à franceinfo

Le fait d'avoir influencé des groupes comme Daft Punk et toutes celles et ceux qui vous ont repris, ça vous touche ? N'est-ce pas la plus belle récompense ?

Bien sûr, mais ça a commencé tôt. Ça a démarré en 1982 avec un groupe qui s'appelle Run-DMC et j'en ai eu dans les années 80 à 90. J'ai toujours laissé faire, ça m'a toujours flatté. Je n'ai jamais pris ça comme un vol. À la fin des années 90, début 2000, là, j'ai commencé à me réveiller quand Paul McCartney m'a envoyé un courrier avec un cd à l'intérieur où il avait pris, avec son équipe, Goodnight Tonight des Wings et ils avaient utilisé mon instrumental de You Are The One. Ils ont fait ce qu'on appelle le mashup qui était magnifique. Et là il m'a dit : "Si tu es d'accord, on fait 50 50 sur tout". Ah voilà, ça m'a donné un ton de détonateur donc, je l'ai passé à ma maison de disque, aux avocats qu’ils s'occupent de tout rattraper. On a tout rattrapé, il n'y a pas eu de problème. Personne n'a rechigné de venir "clairer", comme on dit.

Supernature est l'un de vos plus gros tubes et c'est cette musique qui ouvre la cérémonie des Jeux olympiques de Paris.

Pendant les 10 jours, il a été entre le numéro un et le numéro deux de Shazam Monde, je crois qu'il y a eu plus de 200 millions de streams en huit jours. En plus, venant de la France... La phrase : "Nul n'est prophète", je sais ce que ça veut dire en France. J'étais considéré comme un mec de mode, pas fréquentable avec l'alcool et le sexe qui représentent le monde de la nuit, mais ils se sont un peu trompés. Quand Victor m'a annoncé qu'à l'unanimité, tous les dirigeants, l'Élysée inclus, avaient trouvé que Supernature était le plus représentatif des titres français dans le monde, très international, cela m'a énormément flatté, bien sûr.

"J'ai eu beaucoup de récompenses dans le monde, mais je crois que 'Supernature' soit utilisée pour les Jeux olympiques de Paris restera l'une des plus émouvantes."

Marc Cerrone

à franceinfo

Fier de ces cinq décennies passées sur les scènes du monde entier ?

Évidemment, je ne peux pas ne pas être fier, mais vous m'auriez posé la même question trois ans après mes débuts, je vous aurais dit : Bah oui. Je n'y croyais tellement pas. Je n'ai pas oublié mes origines, j'ai les pieds bien ancrés au sol, je sais d'où je viens. Souvent quand je regarde derrière et que j'ai vu les barrières que j'ai passées, sans aucune prétention de ma part, je ne les ai pas vus, je dirais presque que je suis monté dessus pour aller plus haut encore.

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