"On est toujours l'étranger de quelqu'un" : Redouane Bougheraba retrace ses souvenirs de vacances dans "Sur la route de papa"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 17 juin 2025 : l'humoriste et comédien Redouane Bougheraba qui joue dans le film "Sur la route de Papa", de Nabil Aitakkaouali et d'Olivier Dacourt.
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Redouane Bougheraba est un humoriste téméraire, car il est le premier à avoir rempli le stade Vélodrome de Marseille en chambrant les premiers rangs de son public. Des spectateurs ont donc payé leurs places pour venir se faire clasher et c'est bien là où se trouve sa force. Depuis son plus jeune âge, il est attiré par la scène, les rires, mais finalement toujours dans le plus grand respect, celui inculqué par ses parents d'origine algérienne, mais aussi par l'école catholique dans laquelle il a beaucoup appris sur l'acceptation et le respect des autres. Un choix qui en dit long sur l'ouverture d'esprit de sa famille musulmane et la fierté qu'elle a d'être française, mais surtout marseillaise. À partir du 18 juin 2025, il est à l'affiche du film Sur la route de papa de Nabil Aitakkaouali et d'Olivier Dacourt où il joue Kamel, un père et un fils balancé entre deux cultures, la France et le Maroc. Depuis son mariage avec Sophie, écrivaine, il a pris ses distances avec ses parents, ses sœurs et ses cousins. À la suite de la disparition de son père, il se retrouve sur la route du Bled dans un long périple qui fait resurgir les souvenirs, les bons comme les mauvais.
franceinfo : Ce voyage va surtout renforcer les liens de la famille, est-ce que ce n'est pas ça la symbolique du film ?
Redouane Bougheraba : C'est exactement ça. Kamel, c'est quelqu'un qui voulait couper ce lien qu'il avait avec le Bled. D'ailleurs, ses enfants ne savent même pas ce qu'est le Bled, ils ont grandi en France et tout au long du film, on découvre en introspection ce retour aux sources, ce retour à la famille, ce retour aux origines. Ça ne touche pas que les Algériens, les Marocains, les Tunisiens, les Espagnols, les Italiens, les Portugais ou les Belges, mais ça touche tout le monde, parce que Sur la route de papa, c'est aussi sur la route des vacances. Tout le monde est parti en vacances avec ses parents dans une voiture confinée sans climatisation, un toit énorme avec des frigos, des bagages et tout le monde se demandait où ils allaient, ce qu'ils faisaient. Ce film explique un peu tout ça.
Les réalisateurs n'ont pas manqué de souligner aussi les sujets douloureux comme celui de l'intégration. À un moment, il y a un dialogue fort entre la maman et ce fils. Elle dit : "On a toujours vécu dans ce pays, on a toujours été français" et il dit : "Mais moi, je ne me suis jamais senti réellement français et au Bled, je ne me suis pas senti algérien".
On est toujours l'étranger de quelqu'un. Si vous êtes de telle origine alors vous n'êtes pas d'ici. Quand tu rentres dans ton pays d'origine, tu n'es pas d'ici, tu es français. Il y a un problème d'identité et de positionnement parce que tout le monde nous fait sentir comme un étranger et on essaye de le souligner et d'en parler dans le film.
Est-ce que vous-même, vous vous êtes senti plus jeune, rejeté, ou entre deux cultures ?
Je viens de Marseille. Marseille, c'est différent, c'est très cosmopolite, c'est une ville où tout le monde vit ensemble. On est tous un peu réunis par le football, on pleure ensemble, on vit ensemble et je ne l'ai pas trop vécu jeune.
"Je sais que plus tard, quand tu arrives sur la capitale, on ne te fait pas sentir que tu n'es pas étranger, mais que tu es marseillais !"
Redouane Bougherabaà franceinfo
Quand on vous regarde, on a l'impression que tout a toujours été facile, que c'est arrivé vite, et pas du tout. Vous avez vraiment mangé votre pain noir et puis il y a cette bascule avec Grand Corps Malade qui vous fait confiance dans le film La vie scolaire.
Pas que sur La vie scolaire, il m'a fait faire toutes ses premières parties en concert et il m'a emmené avec lui. Je suis dans tous ses films, c'est un peu le mentor, le grand frère. Il a plusieurs casquettes et il m'a toujours bien conseillé et je le remercie.
Ce que vous ont transmis vos parents, c'est l'humour, le rire, mais ils vous ont jamais transmis d'angoisse alors qu'ils ont traversé des moments très difficiles.
Je ne sais pas si c'est l'enfance qui fait ça, mais on ne le voyait pas que tout allait mal. C'est avec le recul en fait, que j'ai vu que ma mère n'avait pas suffisamment d'argent pour élever six enfants et un chat. Ils ont toujours masqué ça et on n'a jamais eu l'angoisse. J'essaie de transmettre la même chose à mes enfants, même s'ils n'ont vraiment pas d'angoisses à avoir. Mais il y a des gens qui sont angoissés, même quand tout va bien, ils se disent qu'il va y avoir un truc et ça donne des enfants angoissés et ça se transmet.
Est-ce que justement cette vie-là, l'improvisation que vous avez connue avec vos frères, l'humour dans la famille, le fait de connaître des salles vides, ça ne vous a pas rendu plus fort ?
J'ai toujours joué devant un public qui n'était pas le mien, comme je faisais des premières parties, donc je me suis toujours adapté. Je joue devant un artiste, son public, c'est que des vieilles, il faut que je fasse rire des vieilles. Tu joues devant un artiste où c'est que des jeunes, il faut faire rire que des jeunes.
"Quand j'ai commencé ma carrière, je n'avais pas trop le choix, je me retrouvais à jouer dans des salles des fêtes, dans des restos, dans des bars, dans des endroits qui ne sont pas adaptés à l'humour."
Redouane Bougherabaà franceinfo
Je me suis adapté parce que je me suis dit, si on a un public, on a un micro, on a cette chance-là de les faire rire. C'est formateur dans sa carrière et c'est comme ça que je me suis formé.
Est-ce que vous êtes fier de ce parcours ? D'avoir rempli le stade Vélodrome ?
Comme dit Thierry Roland, je peux mourir tranquille ! Le plus tard possible, mais tranquille.
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