Paul de Saint Sernin livre un spectacle tout en émotion : "Le stand-up, c'est le pire truc que je puisse faire avec mes quelques qualités et mes défauts."

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 29 septembre 2025, l'humoriste Paul de Saint-Sernin, pour son spectacle éponyme, en tournée dans toute la France à partir du 2 octobre.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Paul de Saint Sernin, en novembre 2024, à Paris. (PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP)
Paul de Saint Sernin, en novembre 2024, à Paris. (PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP)

Paul de Saint Sernin est le sniper de France 2 aux phrases assassines quand il se trouve en face de certaines personnalités de ce monde. Ses échanges avec Nicolas Bedos ou encore Louis Sarkozy ont autant fait grincer des dents, qu'amuser ou choquer. Ce qui est certain, c'est qu'il est à part dans ce monde de brutes. Son deuxième amour après le football est la scène, avec un spectacle éponyme qu'il présentera à Paris à l'Européen jusqu'au 20 décembre 2025 prochain avant d'entamer une tournée dans toute la France. Il s'y met presque à nu, comme une sorte de carte de visite et le pitch du spectacle revient sur ses débuts et les phrases qui l'ont accompagné.

franceinfo : Vous dites, "Quand je me suis lancé dans le stand-up, un mec m'a dit, si tu montes sur scène, c'est que tu as un vide à combler, quelque chose à te prouver."

Paul de Saint Sernin : C'est marrant parce qu'au tout début, je me disais que ce n'était pas ça et plus tu écris, plus tu plonges à l'intérieur de toi, plus tu vas regarder dans tes entrailles, parce que je pense que c'est nécessaire pour faire ce qu'on pourrait appeler du bon stand-up, plus tu te rends compte que bah ouais merde, en fait je monte sur scène parce que j'ai un vide à combler. Je pense que ce n'est pas uniquement mon cas, c'est le cas de tous les humoristes, c'est juste qu'on le découvre chacun plus ou moins tard.

Vous avez été très vite détecté avec une intelligence très importante, vous avez eu votre bac scientifique à 16 ans et vous vouliez être ingénieur au départ. Effectivement, il y a des choses qui vous ont rattrapées, cette envie de faire du sport et cette envie d'écrire aussi beaucoup. Est-ce que le stand-up, c'était justement la possibilité de canaliser tout ça pour essayer de mieux comprendre qui vous étiez et de prendre mieux la parole.

En vrai, le stand-up, c'est le pire truc que je puisse faire avec mes quelques qualités et mes défauts. C’est-à-dire que ce n'est pas un métier, à la base, fait pour moi, mais si j'y vais et que je suis inlassablement attiré par ce machin-là comme un aimant, c'est justement parce que je vais me sauver la vie. Je vais apprendre à communiquer, à parler aux gens, à montrer des émotions. En fait, mon problème moi, c'est que je peux être un peu froid et j'ai du mal à les exprimer, je ressens très fort, je ressens beaucoup, mais je l'exprime très mal. Le stand-up, c'est l'inverse de ça, la comédie c'est l'inverse de ça. C'est, en un regard, montrer que je suis triste, que je suis heureux, que je suis touché. Je suis très heureux d'avoir la scène pour me permettre de guérir tout ça.

Vous avez d'ailleurs été aidé par une psychologue.

Oui, elle m'a diagnostiqué sans que je ne demande rien, elle m'a fait entrer dans un monde sans que je ne demande rien et ça m'a beaucoup bousculé, je ne voulais pas entendre tout ça. J'avais mis 20 ans à enfin être cool, à enfin avoir des potes, je faisais du foot, des blagues, tout le monde avait envie d'être mon copain. Et pile au moment où ça y est, enfin tout ça, ça s'arrange, il y a une dame qui dit, "Viens ici, t'es un peu bizarre quand même, je vais t'expliquer pourquoi et comment". Ça m'a permis de plonger à l'intérieur de moi, de réfléchir, de regarder, de comprendre, de passer par plein de phases. Ce n'est pas forcément agréable d'écrire un spectacle aussi profond, je suis très honnête. Je pense que c'est nécessaire pour faire un spectacle où tu ne te moques pas des gens. Tu les fais venir, ils payent un billet pour te voir, ils n'ont pas envie que tu leur fasses des blagounettes. Ils ont envie que tu leur parles avec les tripes et qu'à la fin ils te connaissent mieux pour s'identifier ou non.

Est-ce que l'humour vous a sauvé ?

À fond. C'est mon moyen d'expression, si demain on dîne ensemble et qu'il y a plein de gens, je vais avoir beaucoup de mal à me confier et beaucoup de mal à me livrer, mais mon moyen de montrer qui suis, ça va être de faire des petites vannes de temps en temps. En fait, ce que je fais, dans Quelle époque ou ce que je fais sur scène, c'est ce que je suis dans la vie quoi, ça me permet de m'exprimer.

Beaucoup se demandent si par moments vous vous excusez, par exemple, Louis Sarkozy ne l'a pas bien pris, vous lui parlez de son père alors qu'il ne s'agissait pas de lui.

En tout cas sur cet exemple précis, pas du tout, puisque c'est lui qui évoque son papa et qui dit sur un plateau de télévision qu'il est innocent, il n'y a pas grand monde autour du plateau pour lui dire qu'il a quand même été condamné. Je trouve ça hyper normal que derrière le sniper, il évoque son papa, si lui-même l'a évoqué dix minutes avant. J'ai trouvé ça malhonnête que ce ne soit pas dit derrière sur certaines chaînes d'info que la vanne soit coupée au début ou avant la fin, enfin ça, c'est le jeu médiatique et chacun joue pour sa petite paroisse. À la fin, il vient me serrer la main et il m'a dit merci, c'était cool pour que le lendemain il aille sur une autre chaîne d'info pour dire que la blague lui avait fait de la peine. Tout ça est une immense pièce de théâtre, j'en suis conscient et je n'ai pas tellement envie de redescendre d'un étage pour venir m'expliquer et expliquer aux gens. Je fais des vannes parce que c'est mon métier en fait, c'est le seul truc que je sais faire. Moi on m'a dit, "Tu te mets là-haut, on invite des gens", ce n'est pas moi qui les choisis. Tu invites un mec de gauche, je dois le vanner, tu invites un mec de droite, je dois le vanner, ça ne me regarde pas. Mon taf c'est de faire une vanne et à la fin tu me donnes mon salaire et je ne vais pas m'amuser à justifier chacune de mes vannes, jamais.

Pour terminer, vous êtes devenu la personne que beaucoup voudraient être aujourd'hui, avec ce sourire et cette capacité effectivement à avoir cette impertinence, est-ce que ça vous touche ?

Oui, je sens que je parle à leur place. Parfois, je sens que j'ose dire des machins qu'ils n'osent pas dire et ça, c'est hyper touchant.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.