Pierre Perret célèbre ses 70 ans de carrière : "Je n'ai jamais rêvé d'un pareil devenir"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 10 octobre 2025, l'auteur, compositeur et interprète Pierre Perret. Pour fêter ses 70 ans de carrière, il sort un triple-album réunissant ses plus grands titres, intitulé, "Une vie d'humour et de tendresse".

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pierre Perret, dans sa maison de Seine-et-Marne, en 2021. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)
Pierre Perret, dans sa maison de Seine-et-Marne, en 2021. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Pierre Perret, auteur tantôt censuré, tantôt adulé, reste associé à nos vacances qu'elles se soient passées ou non en colo. Il a su à travers ses chansons nous transmettre ce sourire enfantin. En 70 ans de carrière et du haut de ses quelques printemps, il n'a jamais cessé de nous accompagner, presque de nous tenir la main. Il a d'ores et déjà sorti 30 albums, écrit 500 chansons, vendu plus de 40 millions de disques. Pour célébrer ses 70 printemps de carrière, il a sorti, le 19 septembre 2025, un triple-album composé de 67 titres, intitulé, Une vie d'humour et de tendresse.

franceinfo : Que représentent ces sept décennies pour le petit garçon que vous étiez, qui rêvait en silence depuis le Café du Pont de vos parents ?

Pierre Perret : C'est vrai que je rêvais en silence, mais je n'ai jamais rêvé d'un pareil devenir. La seule chose que j'ai souhaitée, c'était d'être un garçon libre, qui pouvait faire ce qu'il voulait. La première fois que j'ai chanté, les gens ont éclaté de rire ou se sont émus et je ne m'y attendais pas du tout parce qu'on ne sait pas comment ça peut se passer. Il n'y a qu'après les débuts que j'ai appris à être très exigeant, que je me suis dit, "Ça ne suffit pas, ce que tu fais là, ce n'est pas bien, tu peux faire mieux". Je me suis mis à travailler à ce moment-là.

Le fait d'avoir des parents qui travaillaient énormément a-t-il beaucoup influencé ce côté professionnel que vous avez toujours eu ?

"Le travail ne m'a jamais fait peur et au contraire, j'ai pris ça comme un bienfait."

Pierre Perret

à franceinfo

Plus j'ai travaillé, plus j'ai fouillé, plus je me suis aperçu que je ne savais rien et plus je voulais en savoir. J'ai essayé d'améliorer la musique que j'écrivais et de cerner le mot juste. Ça a été le principal souci de ma vie, de traquer le mot juste.

J'ai le sentiment que le fait d'avoir été censuré, vous a énormément marqué ?

Ça a été bénéfique pour moi finalement, parce que ça m'a forcé à me battre davantage, je crois qu'ils m'ont fait du bien en me censurant comme ils l'ont fait, parce que ça m'a rendu encore plus pugnace et ça vous donne encore plus envie de vous bagarrer.

Est-ce que ça vous a affecté ?

Ah oui, ça a commencé à être récurrent parce qu'il y avait des tas de radios sur lesquelles j'étais tricard. Ici, à Radio France, qui ne s'appelait pas encore Radio France, il y avait une armoire avec des sabots qui étaient pleins de disques, qui étaient interdits. Le plus gros sabot, c'était le mien et c'était le plus plein !

Quand on regarde ce disque, Une vie d'humour et de tendresse, on vous voit vous regardant jeune sur scène.

Vous me voyez à mon âge actuel sur la gauche de la pochette et à droite, je suis le pied sur un tabouret. J'ai 23 ans et je suis à l'Olympia.

Que se passe-t-il dans la tête de ce garçon de 23 ans ?

J'avais une pétoche, c'était la première fois où les Stones étaient venus à Paris. Ils étaient dans une émission de radio et il y avait un programme d'une heure et demie qui devait passer avant les Stones et je faisais partie de ce programme. Je suis arrivé tranquille et la productrice me dit, "Pierrot, dépêche-toi, c'est à toi dans cinq minutes". Et j'ai dit, "Ben, c'est pas possible, ça a commencé depuis un quart d'heure", et elle me dit, "Si, c'est à toi, tout le monde s'est fait virer". Il y avait 15 chanteurs qui avaient essayé de chanter la moitié d'un couplet et ils s'étaient fait virer tout de suite. Quand je suis arrivé, c'est la première fois que j'ai chanté Le Tord-boyaux et la salle était écroulée. C'était que des gamins, ils avaient 18 ans dans la salle et ils voulaient les Stones. Je suis le seul qui est passé à travers les mailles et qui a fait un tabac démesuré. Ça a fait dire à Mick Jagger, paraît-il, qui était en coulisse, "Mais qui c'est ce putain de Français, qui a un succès pareil ?"

Chaque chanson de ce triple-album nous évoque des souvenirs positifs ou négatifs et ce qui est incroyable, c'est qu'on est toujours au cœur du sujet, comme avec la chanson Lily.

Oui, parce que j'ai une réponse que j'ai faite assez souvent à des gens qui me disaient, que je n'étais pas démodé, on ne peut pas être démodés quand on n’a pas été à la mode.

"Je n'ai jamais été à la mode."

Pierre Perret

à franceinfo

Voyez la vie telle que je la ressens, les gens, c'est plus important que tout. Il n'y en a pas un qui ressemble à l'autre et chacun peut vous enrichir, c'est ça qui m'a intéressé avant tout.

Est-ce que vous êtes heureux de ce que vous avez déjà vécu ?

Oui, d'être arrivé à faire toujours ce que je voulais. Que personne ne m'ait jamais détourné de ça, je touche du bois, j'ai fait toujours ce que j'avais envie de faire. Ça, c'est un trésor sans nom.

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