Pour l'auteure Susie Morgenstern : "chaque mot est une bulle de champagne ! "
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’auteure de littérature pour la jeunesse Susie Morgenstern.
Susie Morgenstern est une auteure américaine et française de littérature pour la jeunesse. Les Français l'ont adoptée. Un juste retour des choses tant elle est furieusement amoureuse de la France. Elle publie deux nouveaux ouvrages, une bande dessinée qui raconte ses dix ans La Petite dernière aux éditions Dargaud et un hymne à la vie autobiographique : Mes 18 exils aux éditions Iconoclaste.
franceinfo : Il faut profiter de chaque instant ? Sans modération ?
Susie Morgenstern : Ce n'est pas toujours possible, mais oui, si possible, profitons ! Ma façon de profiter est d'écrire et chaque mot est une bulle de champagne ! J'aimerais être plus modérée. Je ne le suis pas.
Vous êtes née aux États-Unis et êtes issue d'une famille ni pauvre ni riche. Du côté de votre père, il y a une descendance polonaise et de celui de votre mère, une descendance ukrainienne. Votre famille était très bruyante, il vous était difficile de vous exprimer à l'oral. Du coup, vous avez décidé d'écrire. L'écriture, c'était votre plus grand compagnon de route. Pendant des années, vous avez noirci un cahier, vous êtes confiée à lui. L'écriture démarre de cette façon ?
Avant d'avoir des idées, j'aimais tellement écrire que je copiais des livres entiers dans ma chambre. Écrire était mon divertissement.
J'aime physiquement, sensuellement, écrire
Susie Morgensternà franceinfo
Il y a eu un déclic très important pour vous, c'est le décès de votre grand-père paternel. Vous avez pris conscience de plein de choses et vous avez eu envie d'écrire le premier livre de votre vie, l'histoire d'amour, le lien indéfectible entre votre grand-mère et votre grand-père. A ce moment-là, vous comprenez vraiment que vous voulez devenir écrivain ?
Vous me faites découvrir quelque chose parce que oui, le fait que l'on meurt, la seule façon d'être candidate à l'éternité, c'est d'écrire. Si un de mes disons 150 livres reste, j'aurai réussi et je ne serai pas morte.
Ce qui est important aussi dans les exils que vous racontez dans votre livre, c'est que vous revenez vraiment sur tout ce qui vous a touché, dans les transmissions, dans l'héritage. Il y a cette famille juive. Cette notion d'être "juive", vous allez le porter dès votre plus jeune âge. Vous allez comprendre très vite beaucoup de choses, notamment lors de la visite de cousins lointains. Vous ne comprenez pas pourquoi ils sont tristes, renfermés et vous allez aller chercher l'histoire jusqu'à lire Le Journal d'Anne Frank. Vous êtes habitée par ça ?
Toute ma vie. Elle est toujours sur ma table de chevet. Je la lis, je la relis. Et comme elle est morte le même jour où je suis née, en mars 1945, elle est devenue une sorte d'ange, sœur, âme sœur. Toute ma vie avec Anne Frank.
Vous dites que le pire cauchemar que vous ayez fait, c'est d'apprendre que vous étiez adoptée et que donc, vous n'étiez pas juive.
Oui, c'est une grande partie de moi. Mon chagrin est de ne pas l'avoir transmis à mes enfants. C'est un échec dans ma vie. Ma fille Alyah me dit que j'ai été autiste avec mon judaïsme.
A l'école, vous étiez la reine du bal...
Des bals académiques. Je galérais pour avoir des rencarts, mais pas pour avoir de bonnes notes.
Finalement, vous n'avez jamais quitté l'école puisque vous avez été professeure pendant 38 ans. Quand vous aviez envie d'écrire, vous faisiez faire à vos étudiants une interro. Comment définissez-vous cet amour de l'écriture?
C'est ma façon de vivre, c'est mon oxygène et c'est tout ce que je connais. C'est ma zone de confort et un confort aussi. C'est toute une vie.
Quand on lit vos ouvrages, on se rend compte que vous absorbez beaucoup, que vous prenez soin des autres, mais pas tant que ça de vous-même.
Oui, c'est juste.
Tout ce que vous écrivez est une énorme déclaration d'amour à la vie et en même temps, vous parlez de la mort. C'est le dernier exil. A la fin, ça se termine par : "Ah oui, j'ai vécu. Merci, merci".
J'avais une autre fin, un autre mot à dire à la fin, mais merci, c'est pas mal. Merci. Je dis : merci, tous les jours, toutes les minutes.
Est-ce que la petite fille que vous étiez est fière de la femme que vous êtes devenue ?
Je crois que ma fierté, c'est d'aimer les gens, d'être curieuse d'eux. Peut-on être écrivain sans ça ?
Susie Morgensternà franceinfo
Comment je me définis ? Je suis quelqu'un dans un état d'émerveillement permanent, toujours capable de dire "Wahou" et là, on est vivant.
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