Raul Paz revient faire danser la salsa aux Français : "Mes racines me poussent à vouloir aller toujours en avant"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 3 mars 2025 : l'auteur, compositeur et interprète cubain Raul Paz. Son nouvel album, "Guarijo Chic" vient de sortir et il sera en concert le 18 mars au New Morning à Paris.
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Raul Paz est un auteur-compositeur-interprète cubain. Son île natale est la plus grande influence de sa vie et donc de ses créations. Elle l'a ensorcelé, maltraité, cajolé et façonné depuis sa naissance dans la province de Pinar Del Rio, à l'ouest de Cuba. Il s'est nourri des musiques du monde entier pour créer sa propre partition et ses propres propositions sur fond de musique cubaine, toujours et encore. La France est très importante pour lui, puisqu'il l'a rencontrée à l'âge de 27 ans, lorsqu'il a emménagé à Paris afin d'étudier à la Schola Cantorum. Par la suite, il a travaillé et collaboré avec Florent Pagny en lui construisant tout un album, Habana, et une chanson, C'est comme ça.
franceinfo : Aujourd'hui, vous êtes de retour avec un nouvel opus, Guarijo Chic, ça signifie paysan chic, si on traduit de façon littérale, vous vous définissez donc comme un musicien des villes et musicien des champs ?
Raul Paz : Exactement, je suis quelqu'un de la campagne, je viens d'un petit village perdu et j'ai eu la chance de faire des études de musique assez poussées et je suis retourné à la campagne après. Donc ma musique, c'est toujours des allers-retours entre ce que j'étais et ce que je suis devenu. Mes racines me poussent à vouloir aller toujours en avant et connaître plein de nouvelles choses.
Guajiro Chic raconte aussi ses petites mains, ces femmes et ces hommes qui n'ont pas beaucoup de moyens et qui sont souvent maltraités.
Je vis dans un pays très compliqué. J'ai eu le choix, après presque 20 ans en France, de revenir dans un pays qui n'a pas voulu de moi pendant beaucoup de temps et c'est un pays très complexe du point de vue politique. Et surtout, économiquement, aujourd'hui, c'est une catastrophe. C'est très dur, mais il y a ces gens, surtout de la campagne qui généralement sont ceux qui souffrent le plus. C'est de là qui venaient, mon père et ma mère. Moi, étant un enfant moderne, je ne comprenais pas exactement le pourquoi et le comment. Donc c'est un peu autour de cette réflexion que j'ai composé et réalisé cet album.
Vous avez toujours eu la foi malgré la difficulté, malgré le fait que vous ayez été obligé de partir. Vous avez été en exil pendant quinze ans et vous avez toujours pensé que ce qui allait arriver allait se transformer en quelque chose de positif.
C'est dur parce que ça n'arrive pas, mais je suis convaincu que si on nous laisse finalement les uns et les autres, parce que Cuba est toujours au milieu de plein de choses.
"Entre les Américains et cet embargo horrible qui existe depuis toujours et ce gouvernement cubain, qui n'arrive pas à dépasser son cap et faire confiance à son peuple. Ces deux-là ont fait beaucoup de mal au peuple."
Raul Pazà franceinfo
Moi, je crois beaucoup aux jeunes, ces petites personnes qui ont de 8 à 20 ans et qui petit à petit poussent. Ils poussent les vieux parents comme nous à se dire qu'il faut aller chercher autre chose et c'est l'espoir qui nous tient. On suit pas à pas, donc on essaie de faire passer des choses comme ça.
Il y a une nouvelle dimension dans cet album, c'est que vous êtes un énorme romantique.
Peut-être qu'avec la vieillesse, ça arrive vous beaucoup plus ! Quand tu es à la campagne, il y a des palmiers et ça revient plus. C'est aussi cette idée de revenir un peu à la musique de mes parents de la campagne qui est souvent dans une tonalité mineure, qui t'amène vers la nostalgie et le romantisme.
Comment avez-vous appris que vous n'étiez plus chez vous à Cuba et qu'on ne voulait plus de vous ?
C'était dur parce que dans mon idée, je ne voulais pas partir.
"Le fait que je sois venu étudier en France, on considérait que c'était une trahison, donc du jour au lendemain, on m'a dit : 'Tu ne rentres plus'."
Raul Pazà franceinfo
J'ai appelé mon père, qui, en plus, était un bon communiste et il m'a dit : "Mon fils, tu as 27 ans, c'est ta vie, c'est ton choix à toi et personne ne peut le faire pour toi". Donc j'ai décidé de rester parce que surtout, j'avais mes papiers en France, je n'étais pas illégal et je crois que c'est la plus grande décision de ma vie.
En même temps, cette privation de liberté vous a sans doute permis d'être l'artiste cubain actuel, le plus libre ?
Oui, mais ça, c'est grâce à la France. C'est cette idée qu'on doit être libre, et pour moi, c'était un cadeau. La liberté telle que je la connaissais, c'était, tu fais tout ce qu'on te dit. Mais cette idée, que vous avez les Français, qui est qu'on ne fait jamais ce qu'on nous dit, et parfois ça va un peu loin, ça m'a fasciné, et c'est parti de là.
Vous serez le 18 mars 2025 au New Morning, vous avez hâte de retrouver le public français ?
J'ai hâte ! J'ai commencé dans cette salle, j'étais le choriste d'un grand musicien cubain décédé depuis. J'ai hâte de retrouver cet endroit dans lequel je n'ai plus jamais chanté et ce public extraordinaire qui me fait pleurer à chaque fois. La plupart ne parlent pas espagnol, mais ils ont découvert ma musique et on a fait une amitié depuis très longtemps et moi, je suis très content de revenir.
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