Sylvie Testud sur les planches dans la pièce "La vérité" : "Si on disait réellement, sincèrement tout ce qu'on pensait, ce serait invivable "
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 23 janvier 2025 : la comédienne et réalisatrice Sylvie Testud. Elle est sur la scène du Théâtre Édouard VII à Paris, dans la pièce de Florent Zeller, "La vérité", aux côtés de Stéphane de Groodt, Clotilde Courau et Stéphane Facco.
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Sylvie Testud est actrice, réalisatrice et écrivaine. Faire des études d'histoire, c'était son projet quand elle est arrivée à Paris après avoir grandi dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon. À défaut d'enseigner l'histoire, elle s'est amusée à nous en raconter, les incarner ou les créer. Plus de 85 rôles au cinéma, deux César obtenus, celui du meilleur espoir féminin en 2001 pour Les blessures assassines et celui de la meilleure actrice dans Stupeur et Tremblements en 2004. Aujourd'hui, elle est sur la scène du Théâtre Édouard VII à Paris, dans la pièce de Florent Zeller, La vérité, aux côtés de Stéphane de Groodt, Clotilde Courau et Stéphane Facco.
franceinfo : La vérité est une comédie sur le mensonge, avec un menteur invétéré, presque professionnel, Vincent, incarné par Stéphane de Groodt. Pour lui, se taire et ne pas dire la vérité, c'est la meilleure option possible dans sa vie. Faut-il toujours avouer la vérité ?
Sylvie Testud : Ça dépend. En fait, c'est un peu les relations qu'on a dans la société. Si on disait réellement, sincèrement tout ce qu'on pensait, ce serait invivable. En revanche, quand des sentiments sont en jeu, c'est compliqué. Le mensonge, c'est aussi quelque part une envie de maîtriser la situation, une envie de maîtriser ce que l'autre pense de vous. Sinon, on ne mentirait pas.
Cette pièce parle tout simplement de la nature humaine. Elle reprend ce thème classique du masque de l'infidélité. Qu'est-ce qui vous a fait dire oui à cette pièce de théâtre ?
Ce qui m'a fait dire oui, c'est l'écriture de Florian Zeller. Et puis cette situation, c'est-à-dire de se dire : "Il est un menteur invétéré", mais les quatre le sont. En fait, chacun essaie de se sortir un petit peu de ses sentiments, parce que quand on ment, c'est qu'il y a une incertitude quelque part. Quand on est infidèle, on ne sait pas si on doit quitter la personne avec laquelle on vit pour aller se reprocher de l'amant. On n'est jamais plus libre que dans quelque chose de nouveau, tout le monde le sait.
"On ne trompe pas quand on est bien dans sa vie."
Sylvie Testudà franceinfo
Mais je crois qu'il y a une chose qui est sûre, c'est que quand on trompe, on se trompe soi-même, c'est aussi pour sortir de sa condition, c'est aussi pour sortir de soi.
Certains pensent que d'assumer et d'annoncer ses sentiments, c'est une forme de faiblesse. Qu'en pensez-vous ?
C'est en tout cas donner la possibilité à l'autre de vous voir. Je ne sais pas si c'est de la faiblesse, mais c'est ne pas jouer à un jeu fermé. On n'est pas dans le poker menteur, là, on ouvre. Donc, évidemment, on peut prêter le flanc à une attaque, je pense que c'est l'inverse du coup, c'est très courageux de dire qui on est.
Est-ce que vos sentiments vous font peur ?
Moi, je suis, malheureusement, le jouet de mes sentiments. Ça, c'est avec tous les sentiments, qu'ils soient positifs ou négatifs. Je ne parle pas que de l'amour, je parle des moments où je peux m'insurger, des moments où je ris et je me disais que peut-être avec les années, je vais me calmer. Eh ben non, j'attends encore un peu.
"J'aimerais tellement pouvoir mieux maîtriser mes sentiments, avoir plus de muscles, mais malheureusement non."
Sylvie Testudà franceinfo
C'est par le théâtre que vous êtes rentrée dans ce métier. Vos débuts ont été d'abord marqués en Allemagne avec cette envie d'apprendre. On sent que vous avez toujours été extrêmement impliquée et qu’il y a toujours eu aussi cette attirance pour le cinéma d'auteur, donc des films qui ont pour but aussi d'aller chercher, de bousculer les consciences. C'est important pour vous ?
Ce n'est pas réfléchi, mais c'est ressenti. J'étais curieuse, j'avais envie d'apprendre des choses. C'est un métier formidable pour ça. J'ai appris l'allemand, j'ai appris la clarinette avec Giora Feidman, vous rencontrez des gens qui ont des vies différentes. Surtout, je me suis rendu compte que cela m'apprenait aussi des choses sur moi. C'est un échange, je n'ai pas décidé quelque chose, on m'a vraiment invitée à faire quelque chose et je m'y suis trouvée à mon aise.
Il y a beaucoup de films qui ont marqué des changements pour vous, dont Karnaval de Thomas Vincent. Il y a un avant et un après ?
C'est tout simplement le premier film dans lequel je joue le premier rôle en France. Je tournais en Allemagne et j'étais presque en train de chercher un appartement pour habiter Berlin. Thomas Vincent, le réalisateur, avait vraiment auditionné beaucoup de monde et on lui disait : "Ben non, elle, elle ne peut pas venir parce qu'elle est en Allemagne". Je suis venue et il m'a engagée pour tourner ce film et alors le truc, c'est que j'ai peur la foule. Je me suis dit que je n'allais pas y arriver, je mesure 1,63 mètre, il y a une foule de gens compacte qui se met à sauter sur des Fifres et à hurler en buvant de la bière, ça ne va pas marcher. Il m'a amené, on a répété, on est allé au Carnaval de Dunkerque et j'ai senti beaucoup de bienveillance et je suis rentrée dedans et j'ai aimé ça.
Dans la pièce, La vérité, les personnages sont face à leurs contradictions. Ça les oblige à se positionner, à en savoir plus sur eux-mêmes. À quoi aspirez-vous aujourd'hui alors ?
À découvrir encore des choses, à apprendre de nouvelles disciplines et à rencontrer des gens qui me font avancer. C'est génial de rencontrer quelqu'un avec le dialogue, on progresse. Je ne dis pas qu'il faut tout apprendre, mais quelque chose qui fait qu'on est content de se connaître, de se voir, de se côtoyer, c'est ça que j'aime bien.
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