Vincent Dedienne se lance dans la chanson : "C'est une façon différente de m'adresser aux gens qui ont l'amitié de bien m'aimer"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 14 octobre 2025, le comédien, humoriste et désormais chanteur Vincent Dedienne. Son premier album, "Un lendemain soir de gala", est sorti vendredi dernier.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Vincent Dedienne, en mai 2024, à Paris. (FRED DUGIT / MAXPPP)
Vincent Dedienne, en mai 2024, à Paris. (FRED DUGIT / MAXPPP)

Vincent Dedienne est ce metteur en scène, chroniqueur, animateur et acteur aux trois Molières, dont celui de l'humour à deux reprises, pour Un soir de gala. Il est avant tout cet artiste qui ne se contente jamais de ce qu'il réalise et qui en veut toujours plus. Il a cette soif de liberté, d'aventure autant humaine que professionnelle, et il nous le prouve encore une fois en se rajoutant une casquette, celle de chanteur. Le 10 octobre 2025, il sort un album Un lendemain soir de gala avec pas moins de 14 chansons originales signées par Jeanne Cherhal, Alex Beaupain, Vincent Delerm ou encore Albin de la Simone.

franceinfo : La chanson a une dimension d'éternel qui manquait au côté éphémère de ce qu'une pièce peut proposer ?

Vincent Dedienne : Ah, j'adore ! Je n'avais pas vu ça comme ça. C'est vrai que c'est tout ce que j'aime dans le théâtre, dans ce que j'aimais dans les chroniques est le fait que ce soit éphémère, à l'inverse du cinéma qui reste figé. La chanson, c'est peut-être ça, mais poussé à l'extrême. Ce que j'aime, c'est que c'est un tout petit format. J'ai essayé d'en écrire, mais je n'y arrive pas.

"Je ne comprends même pas comment c'est possible d'écrire une chanson."

Vincent Dedienne

à franceinfo

C'est tellement difficile, il faut faire tenir un monde dans un tout petit espace et c'est très difficile, mais c'est ce qui me passionne dans cette discipline.

Cet album est né sur scène avec Un soir de gala, que vous avez joué pendant trois ans. Vous avez demandé à vos amis chanteurs et chanteuses de choisir un sketch chacun et de le transformer en chanson. Comment est-ce que vous les avez reçues ?

Déjà, je les ai reçues et ce n'était pas gagné parce que, quand j'ai demandé à mes copains de faire ça, ils m'ont un peu regardé avec des yeux ronds. On ne leur avait jamais demandé de transformer un sketch en chanson. Il y en a même certains, notamment Vincent Delerm, qui m'a dit, "T'es gentil mon coco, mais je pense que ce n'est pas possible, arrête de fumer". Et en fait, eux-mêmes étaient surpris d'y arriver. Quand on écrit avec mes co-autrices, en général, on prend un sujet qui pourrait être totalement sordide et on essaie d'y mettre le maximum d'humour possible. J'avais quand même ce pressentiment que c'était possible, que c'était le revers de la médaille, que les chansons mélancoliques et les sketches drôles étaient une seule et même chose.

La chanson qui ouvre cet album, Vieille âme, a été écrite sur mesure. Déjà enfant, vous aviez conscience que vous étiez différent des autres ?

On me renvoyait pas mal quand même que j'étais bizarre, que j'étais un peu décalé, que j'étais un peu plus vieux. Pas de bol, j'avais une tronche quand même de vieil instit, je n'étais pas gâté. Il ne me manquait que des pellicules, mais je n'en avais pas, Dieu merci. Mais j'avais une tronche de vieux sénateur. J'étais un peu décalé, j'ai appris à lire très tôt tout seul, je n'écoutais pas les boys band et c'est vrai que j'étais un peu à côté de la plaque.

Est-ce que ça signifie que vous avez manqué d'insouciance ?

Oui, mais je me rattrape maintenant parce que le métier d'acteur, la manière gaie de le faire, c'est d'être insouciant. Je trouve que c'est tellement gai de faire ce métier, c'est tellement joyeux, c'est tellement la fête qu'on récupère un peu d'insouciance. Je m'en fais un devoir de la joie, parce que c'est un acte de résistance aujourd'hui d'être joyeux. Et puis, franchement, je trouverais ça obscène de ne pas l'être, vu la chance que j'ai de faire ce métier. Je ne comprends pas qu'on le fasse en tirant la gueule. La plupart de mes collègues sont sous médocs et dépressifs et je comprends parfaitement. J'ai la chance de ne pas encore avoir été touchée par des problèmes de santé mentale, donc je suis joyeux par principe.

On entend dans l'un des titres, "il reste des épices, des parfums, des couleurs, des feuilles et des habits qui parfois me font peur". Qu'est-ce qui vous angoissait ?

L'époque quand même. On est costaud tous de tenir le coup. J'ai peur qu'on soit tout proche de l'effondrement, j'ai perdu un tout petit peu d'insouciance et de joie ces derniers temps, mais je trouve qu'il y a de quoi.

Vous avez aussi un côté très charnel, c'est là qu'on voit que vous vous faites beaucoup plus confiance et que vous vous laissez enfin vivre.

C'est vrai que longtemps, j'ai été persuadé d'être un cerveau sur pattes et de n'avoir ni corps, ni sensualité, ni sexualité. Je détestais tout ce champ lexical, je le tenais éloigné. D'un coup, notamment grâce au théâtre et au cinéma, ça m'intéresse de plus en plus de ne pas avoir peur d'être charnel, de travailler avec.

"Je suis une petite boule de cul, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?"

Vincent Dedienne

à franceinfo

Que représente cet album alors ?

Un petit clin d'œil malicieux, une idée originale que j'étais content d'avoir. C'est vrai que ça n'a jamais été fait de transformer des sketches en chansons. C'est une façon différente et nouvelle de m'adresser aux gens qui ont l'amitié de bien m'aimer.

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