Haïti : comment les gangs mafieux, fédérés par "Barbecue", veulent renverser le pouvoir
Chaos en Haïti. Depuis une semaine, les groupes armés opposés au gouvernement sèment la terreur. La capitale, Port-au-Prince, est désormais sous état d'urgence. Au cœur de la révolte, un influent chef de gang qui menace le pays d'une guerre civile si le Premier ministre ne quitte pas le pouvoir.
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Pour l'état civil il est Jimmy Chérizier, mais en Haïti on l'appelle "Barbecue". Ancien policier passé du côté des mafieux après un massacre de civils dans un bidonville de Port-au-Prince en 2018, la Saline : 71 morts et des habitants brûlés vifs dans leurs maisons.
En 2020 "Barbecue" monte "la famille G9” avec les neuf bandes les plus puissantes de la région, ce qui lui permet de contrôler une bonne partie de la capitale - tout en étant financé en sous-main par de hauts fonctionnaires de l'appareil d'État. En Haïti, on ne peut pas se maintenir au pouvoir sans acheter la protection des gangs.
"Nous allons droit vers la guerre civile"
Mais l'ambition des gangs n'a plus de limite : leur alliance criminelle forgée sur le terreau de la corruption politique est en train de mordre la main qui l'a nourrie. Mardi 5 mars, "Barbecue" a donné une conférence de presse. En gilet pare-balles couleur kaki, entouré d'hommes armés cagoulés de noir, il a posé ses conditions : "Si Ariel Henry le Premier ministre ne démissionne pas, si la communauté internationale continue de le soutenir, nous allons-nous tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide".
S'il ne veut pas lui-même prendre le pouvoir, il veut a minima renverser les hommes en place. Depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse, à son domicile, en pleine nuit, en 2021, son Premier ministre Ariel Henry devient le nouvel homme fort du pays.
Il gouverne à coups de décrets un État, sans parlement, sans justice et sans autorité où les citoyens ont même été invités à s’armer pour se défendre. On se souvient de ces membres d'un gang, arrêtés en 2023 par des habitants de la capitale, tabassés, lynchés puis brûlés vifs, symbole d'un pays ayant sombré dans la violence. Un pays délaissé par les investisseurs, qui se vide de ses médecins, de ses ingénieurs... Un pays où une personne sur deux ne mange pas à sa faim.
Les gangs ont profité d'un déplacement à l'étranger
Très contesté, Ariel Henry aurait dû organiser des élections en 2023 et quitter ses fonctions le 7 février 2024. Mais il s'accroche. Les gangs ont donc profité de son déplacement à l'étranger la semaine dernière pour prendre le pays en otage. Attaque de l'aéroport, incendie de commissariats, attaque de prisons pour libérer plusieurs milliers de détenus...
Depuis huit jours, Haïti vit dans la terreur. Et le Premier ministre qui était parti au Kenya signer un accord pour l'envoi d'une force internationale dans son pays ne peut toujours pas rentrer chez lui. Son avion a été dérouté vers Porto-Rico.
D'après l'ONU, 15 000 personnes chassées par les violences ont dû fuir leur domicile à Port-au-Prince. "Barbecue", qui n'a peur de rien, a appelé mardi les Haïtiens à aller de l'avant: "nous sommes conscients que les hommes armés ont commis des actes nuisibles mais (...) la société doit leur pardonner et s'unir pour repenser une nouvelle Haïti".
Le Conseil de sécurité des Nations unies tient mercredi 6 mars une réunion en urgence sur l'escalade des violences en Haïti.
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