Norvège : le néonazi Anders Breivik poursuit l'État en justice pour alléger son isolement en prison
En 2011, ce néonazi a abattu 69 personnes sur l’île norvégienne d’Utoya. Condamné à 21 ans de prison, il n'a reçu aucune visite depuis 12 ans, ses avocats dénoncent des conditions d'incarcération "inhumaines et dégradantes".
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En 2016, dans le prétoire, son premier geste avait été un salut nazi. Mais, lundi 8 janvier, dans le gymnase de la prison où son procès a été délocalisé pour raisons de sécurité, le suprémaciste de 44 ans est resté impassible. Regard impénétrable, crâne rasé et costume sombre : ses avocats le disent suicidaire et dépendant aux antidépresseurs, broyé par des conditions d'incarcération "inhumaines et dégradantes". Ils attaquent donc l'État pour violation de la convention européenne des droits de l'homme. Car depuis 12 ans "le monstre d'Utøya" est à l'isolement.
Anders Breivik n'a reçu aucune visite en 12 ans, à part celles de ses avocats. Dans le quartier spécial de la prison de Ringerike, située sur les rives du lac qui entoure l'île Utøya, à 70 kilomètres au nord-ouest d'Oslo, ses contacts se limitent à ses gardiens, aux médecins, au prêtre, et, jusqu'à récemment, à un bénévole qu'il a fini par congédier. Sans oublier, tous les 15 jours, deux autres prisonniers avec lesquels il peut parler, sous surveillance, pendant une heure, pas plus.
Les lettres qui lui arrivent sont elles aussi filtrées. Anders Breivick et ses avocats demandent également au tribunal de lever les restrictions qui pèsent sur sa correspondance avec le monde extérieur. Il est vrai que son cas est un paradoxe pour un pays qui fait tout pour favoriser la réhabilitation des prisonniers. Mais Andreas Hjetland l'avocat de l'État l'a justifié, lundi : "un détenu extraordinairement dangereux nécessite des mesures extraordinaires".
Une prison dorée ?
Anders Breivik vit malgré tout dans un bâtiment tout neuf de deux étages. Il a accès à un salon avec télévision et console de jeux (où figure un poster de la Tour Eiffel), à une salle de sport et à un terrain de basket - grillagé, mais en plein air - comme l'ont montré les images de l’agence norvégienne NTB.
On l'a même autorisé à avoir trois perruches comme animaux de compagnie. Le célèbre prisonnier bénéficie au final "d’une offre d’activités très complète" et "il n’y a aucune indication que Breivik souffre de problèmes physiques ou mentaux en raison de ses conditions de détention", argue Andreas Hjetland.
Anders Breivik n'a bénéficié d'aucun aménagement de peine et sa demande de libération conditionnelle, l'an dernier, a été refusée. Il a été condamné à la peine maximale, 21 ans, avec possibilité de rallonge tant qu'il sera considéré comme un danger pour la société.
En juillet 2011, Breivik a fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit personnes, puis il a ouvert le feu sur l'île d'Utøya contre les adolescents d'un camp d'été du parti travailliste, faisant 69 victimes de plus. Cette attaque est la plus sanglante dans ce pays depuis la Seconde Guerre mondiale.
Inspirer d'autres passages à l'acte ?
Ce geste, il ne l'a jamais regretté. Anders Breivik, qui a envoyé par courrier électronique avant ses attaques, des copies d'un manifeste exposant ses théories, a même régulièrement transformé ses procès en tribune politique pour justifier l'idéologie de la droite identitaire.
C'est pour ça que, mardi 9 janvier, son témoignage ne sera pas retransmis. La crainte est qu'il inspire d'autres passages à l'acte. Il a été cité comme source d'inspiration par Brenton Tarrant, qui en 2019 a tué 51 personnes dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. En 2016 il avait déjà demandé allègement de ses conditions de détention avant d'être débouté en appel. Le magistrat rendra sa décision dans les prochaines semaines.
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