« Fût », pour évoquer le travail des tonneliers dans une période de crise dans le monde viticole

Les vignerons sont les premiers touchés par la crise dans la viticulture, mais toute la filière est impactée. Illustration avec les tonneliers, qui ont vu leur chiffre d’affaires diminuer en 2024.

Article rédigé par Bernard Thomasson, Thierry Marx
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La tonnellerie Nadalié, dans le Médoc, est directement impactée par la crise du monde viticole. (MICHEL LACROIX / MAXPPP)
La tonnellerie Nadalié, dans le Médoc, est directement impactée par la crise du monde viticole. (MICHEL LACROIX / MAXPPP)

Le chef Thierry Marx a vécu dans le Médoc, où il était étoilé au château Cordeillan-Bages. Il est donc sensible à la situation des tonneliers : "Il y a aujourd'hui une crise de la viticulture. Elle impacte directement notre gastronomie et de nombreux métiers en amont comme en aval. Les tonneliers sont de ceux-là, avec un savoir-faire français unique."

Du chêne sessile de 150 ans

De belles maisons de tonnelleries existent dans le Sud-Ouest. C’est une vieille tradition car pour avoir du bon vin, il faut de bons tonneaux. Leur fabrication se perpétue de génération en génération grâce à une parfaite transmission. Et cette technicité essaime dans le monde entier puisqu'on produit aussi du vin aux États-Unis, au Chili, en Nouvelle-Zélande, etc. Ces tonneliers ont nourri la connaissance à l'extérieur de l'hexagone.

Comment se passe la fabrication d’un fût ? Le directeur commercial d’une tonnellerie qui a plus de 120 ans, Nadalié, à Ludon-Médoc, explique qu'il faut d’abord choisir son bois. Paul Charron : "Les plus belles forêts françaises sont situées dans le centre du pays, vers l'Allier, le Nivernais mais aussi la région parisienne. Nous utilisons du chêne sessile, qui pousse lentement et doit atteindre l'âge de 150 ans au moins pour faire des barriques. Ce bois est fendu dans le sens du fil, puis séché pendant 2 ans. Selon la demande du client, on chauffe plus ou moins les barriques selon les goûts souhaités : doux, vanillé, ou grillé."

10 à 15% de perte cette année

Jusqu'à présent, les vignerons passaient leurs commandes de fûts avant les vendanges, Désormais, entre le climat et la crise, ils attendent la récolte pour se tourner vers les tonnelleries. Celle de Ludon-Médoc devrait ainsi perdre 10 à 15% de son chiffre d’affaires cette année. Toute la filière est impactée : 95% des viticulteurs du Bordelais sont en difficulté et il existe un plan d’arrachage de 30 000 hectares.

"Le vin se vendait de façon planétaire, souligne Thierry Marx, aujourd'hui il y a un coup de frein sur les achats." De fait, les exportations ont baissé de 10% en 2023 et la consommation en France a chuté 30% en 10 ans. Autre mauvais signe, 50 propriétés acquises ces dernières années par des Chinois sont remises en vente à prix bradé.

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