Vos ordis et vos données valent de l'or
En France, c'est la société qui a connu la plus importante croissance de ces dernières années dans le domaine numérique. Criteo est considérée comme une pépite. Elle est la seule entreprise française de sa catégorie à être cotée au Nasdaq, le marché américain. Et pourtant son fond de commerce c'est vous. Ou plutôt votre comportement sur Internet. Cette société traque vos modes de consommation et propose des espaces de publicité ciblée.
Criteo est installée à Paris dans un immeuble aux lignes
futuristes couvert d'une terrasse panoramique. Mais la société, comme son
activité, est mondiale avec des serveurs en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. L'entreprise est jeune, elle emploie 800 personnes. Elle a
été fondée par trois hommes qui incarnent aujourd'hui la succès story à la française.
En substance, Criteo fait
dans le raffinage. Sa matière brute ce sont certaines de vos données
personnelles puisées sur Internet. Cette connaissance des comportements lui
permet de vendre des espaces publicitaires personnalisés sur le Net. Ces pubs ciblées sont en plein boom. Avant son entrée en
bourse on prêtait à la société un incroyable 200.000% d'augmentation d'activité sur les cinq dernières années. En 2013 le chiffre d'affaires a progressé de 63% à 444
millions d'euros. 86% du chiffre d'affaires de Criteo est à l'étranger, 14% seulement en France.
800 millions d'internautes scannés
Le principe repose sur les petits traceurs d'Internet qu'on
appelle les cookies. Ils permettent de donner une identité à votre ordinateur
sans puiser dans les éléments personnels. Avec cette nouvelle carte d'identité
votre machine est suivie à la trace. Grâce à cette encre invisible, Criteo peut, sur plus de 5.000 sites partenaires, voir ce que vous achetez, ce que vous consultez, ce qui vous intéresse. D'après les responsables de Criteo, 800 millions d'internautes
sont passés sous ce scanner.
Ce fil à la patte et la puissance des calculateurs
permettent d'accumuler des quantités d'informations. Le raffinage consiste ensuite à faire tourner un algorithme, qui va proposer à l'acheteur potentiel en moins
d'une seconde, le produit le plus approprié.
Comment protéger l'utilisateur ?
Ce modèle de publicité ciblée est appelé à se développer. Il
repose donc sur l'utilisation de ce petit traqueur pas très connu des
internautes qu'est le cookie.
L'Union européenne s'est penchée sur le sujet. Pour tenter de protéger
les utilisateurs sans supprimer ces petits fichiers qui sont utiles, une
directive a été adoptée en 2002. Il y a deux mois la Commission informatique et liberté (CNIL) a
prolongé ce travail par une délibération pour bien souligner les enjeux de
liberté publique.
D'après Criteo, la publicité ciblée sur Internet est en
moyenne cinq fois plus efficace que les bandeaux traditionnels. Et il va sans
doute falloir se familiariser avec les mille et une façons de faire de la pub
sur Internet parce que le support est le seul aujourd'hui en progression.
La grande justification de la publicité sur Internet est
de permettre le maintient d'un modèle gratuit sur la toile. Le problème vient de l'utilisation abusive des informations
personnelles. Cette mine pour les grands acteurs de l'Internet comme Google ou Facebook n'est pas encore soumise à une réglementation efficace. La dernière directive sur le sujet date de 1995.
Nouveau règlement : pas avant fin 2015
Pour autant le nouveau règlement sur la protection des données personnelles prendra encore du
temps, il ne sera pas soumis au Parlement avant fin 2015. Cette proposition de règlement prévoit une amende de 5% du
chiffre d'affaires de la société en cas de non protection des données personnelles
et entre autre un consentement explicite de l'internaute pour leur utilisation.
Mais derrière, c'est l'économie de l'Internet qui est en
jeu. Plus de protection c'est moins de libéralisme, estime la députée
européenne Marielle
Gallo.
Si les choses évoluent tant bien que mal sur Internet, les
professionnels de la pub se concentrent déjà sur le support d'avenir : le
mobile. Criteo a crée un département il y a six mois. La part des
revenus a déjà été multipliée par cinq.
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