Le rendez-vous de la médiatrice (Le traitement éditorial de la situation politique en France)
Comment la rédaction de franceinfo fait-elle face à une actualité politique nationale particulièrement intense ? Richard Place, directeur de la rédaction de Franceinfo est l'invité d'Emmanuelle Daviet pour répondre aux auditeurs.
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L'actualité politique est à la fois dense et confuse. Comment la crise actuelle est-elle relayée sur franceinfo. Emmanuelle Daviet, la médiatrice de Radio France, a sollicité le directeur de la rédaction Richard Place.
Emmanuelle Daviet : Comment la rédaction se mobilise-t-elle face à cette actualité politique très dense ?
Richard Place : Évidemment, c’est un gros travail. En premier lieu, bien sûr, pour le service politique doit assurer une permanence presque 24h sur 24, parce que tout évolue très rapidement et nous avons besoin d’une large présence à l’antenne pour raconter tout ce qui se passe. Cela signifie aussi mobiliser le service économique et social, parce qu’il y a la question du budget, celle des retraites et les positionnements de chacun.
Le service reportage est sur le pont, également, et je tiens à saluer l’énorme travail de nos programmateurs et programmatrices d’antenne, parce qu’il faut aussi avoir les bons invités politiques, notamment tout au long de la journée, tout au long de la semaine, pour réagir à ce qui se passe. Nous faisons tout cela dans un souci d’équilibre et d’équité politiques. C’est extrêmement compliqué, surtout quand certains partis politiques refusent de parler et que l’on veut équilibrer les propos à l’antenne.
La volonté de donner la parole aux citoyens est très ancrée dans la ligne éditoriale de franceinfo. À l’occasion de cette crise politique, faites-vous vraiment entendre toutes les voix, les anonymes, les militants, et pas seulement à Paris ?
Oui, nous y sommes extrêmement attachés. Il faut certes entendre les responsables politiques dans cette période, mais il faut aussi entendre les Français, les militants, les citoyens. Quelques exemples. Nous sommes allés dans le Loiret à la rencontre de militants macronistes convaincus, ils veulent le maintien du chef de l'État à l’Élysée. Nous sommes allés dans le Gard pour voir des électeurs du RN qui, eux, réclament un retour aux urnes et la démission d’Emmanuel Macron. Nous sommes allés dans une entreprise du BTP en Picardie, avec le patron et une salariée, pour savoir comment on fait tourner une entreprise dans une telle incertitude. Nous sommes allés à la rencontre de passagers du RER, en banlieue parisienne, qui rentraient du travail ou qui se déplaçaient tout simplement, pour leur demander comment ils percevaient tout ça et ce qu’ils comprenaient de cette période extrêmement compliquée.
Beaucoup d’auditeurs jugent cette séquence politique affligeante. Ils se disent écœurés par l’irresponsabilité de la classe politique actuelle. De nombreux messages ont été publiés à ce sujet sur le site de la médiatrice. En tant que chaîne d’information en continu, vous consacrez beaucoup de temps à cette actualité. Comment trouvez-vous l’équilibre pour éviter la lassitude de certains de vos auditeurs tout en gardant une place pour l’international ou d’autres sujets de société ?
Nous sommes les premiers auditeurs de notre radio, franceinfo et, par moments, cette actualité politique me lasse moi-même. Nous sommes conscients, dans la rédaction, qu’il faut parler d’autres choses. Je dirai, pour schématiser, qu’il y a deux temps.
Dimanche dernier, quand le nouveau gouvernement est annoncé, nous sommes en édition spéciale : on commente la composition de ce gouvernement, puis Bruno Retailleau annonce qu’il va réunir son parti, et on comprend qu’il va quitter ce gouvernement. La crise est énorme, donc à ce moment-là, le dimanche soir, nous ne parlons que de cette situation.
En revanche, le lundi matin nous abordons d’autres sujets. Nous faisons de la place pour parler du procès en appel de l’affaire de Mazan (Gisèle Pélicot une nouvelle fois devant un tribunal). Nous faisons de la place pour l’affaire Jubilar, que nous avons suivie depuis le début. Nous sommes en reportage avec des éleveurs bovins touchés par la dermatose, cette maladie qui les effraie et soulève un gros problème dans ce secteur. Nous sommes avec des familles d’otages israéliens, puisque là aussi l’actualité évoluait dans ce domaine.
Bref, nous souhaitons être au plus près de l’actualité, que ce soit en France, à l’étranger, pour la crise politique comme les autres sujets.
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