Traitement journalistique de la séquence géopolitique internationale actuelle
Depuis les déclarations d’Emmanuel Macron sur la situation géopolitique internationale, des auditeurs expriment leurs préoccupations concernant un ton belliqueux et "va-t-en-guerre". Emmanuelle Daviet relaie ces inquiétudes auprès de Richard Place, directeur de la rédaction de franceinfo.
Depuis l’intervention d’Emmanuel Macron sur la situation géopolitique internationale, des auditeurs s’inquiètent du discours dominant chez les intervenants interrogés sur l'antenne de franceinfo. Un discours qui serait, selon eux, trop orienté vers la nécessité d’une escalade militaire et du renforcement des armées.
Emmanuelle Daviet : Que répondez-vous à ces remarques ?
Richard Place : Suite à cette allocution du Président de la République, nous avons effectivement diffusé de nombreux reportages et entendu beaucoup d’invités, franceinfo ne peut pas passer à côté de cette information et ne pas en traiter tous les aspects. Nous devons éclairer les propos du chef de l'État, expliquer les conséquences concrètes du point de vue de la mobilisation militaire, de l’économie du pays, des efforts demandés à chacun, etc. C’est notre rôle d’explorer tous ces "angles", comme on dit dans le jargon journalistique. C’est aussi notre rôle de faire entendre des voix différentes. C’était le cas dès le soir même. L’opposition politique s’est exprimée sur notre antenne. Nous avons interviewé des représentants des principaux partis.
Certains auditeurs souhaitent une meilleure répartition du temps de parole entre les partisans d’un renforcement militaire et ceux qui expriment d’autres formes de défense, y compris non-violentes. Ils considèrent que les voix qui prônent des alternatives non militaires sont marginalisées. Que vous inspire ce constat ?
Je m'inscris en faux parce que ces voix-là ont aussi été entendues sur franceinfo, elles n’ont pas été marginalisées. Le journalisme ne se nourrit pas d’une minute pour le oui et d'une minute pour le non. Encore une fois, nous jouons un rôle d’explication. Dans la foulée de la déclaration d’Emmanuel Macron, le ministre de la Défense ainsi que d’autres responsables politiques français ou étrangers, européens notamment, ont donné un peu plus d’informations sur la perspective d’une mobilisation pour un réarmement. Nous avons cherché à entrer dans davantage de détails, au fil des jours. Le tout, ça n’a sans doute pas échappé aux auditeurs, dans un contexte mondial tendu.
Avec nos correspondants en Russie, en Ukraine et aux États-Unis en particulier, à Bruxelles bien sûr, nous passons nos journées à expliquer, raconter ce qui se déroule sur le terrain et en coulisses. Nous avons consacré une journée spéciale, jeudi 13 mars, à "La France face au réarmement", auprès des militaires à Toulon et avec des civils. Les paroles entendues n’étaient pas spécialement va-t-en-guerre. Au contraire, nous étions dans l’explication : Que fait l’armée française ? De quoi est-elle capable ? Que développe-t-elle pour le futur proche ? Il nous a aussi semblé intéressant de questionner régulièrement les Français sur leur perception de cette période.
Pour traiter une telle séquence géopolitique, quels sont les écueils à éviter ? Quels sont vos points de vigilance en tant que directeur de la rédaction ?
C’est évidemment une période extrêmement compliquée pour fabriquer franceinfo au quotidien et, il faut bien l'avouer, passionnante à la fois. Nous devons rendre compte des déclarations des uns et des autres, que ce soit Donald Trump, Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, et ne pas nous contenter de ces paroles officielles. Il faut aussi analyser pourquoi ces propos sont tenus, s'interroger sur les conséquences possibles, décrypter systématiquement ce qui se passe, à chaud, ou avec du recul quelques heures plus tard ou le lendemain, en particulier dans notre matinale avec Jérôme Chapuis. Nous cherchons toujours à coller le plus possible à l’actualité.
Cette période nécessite une vigilance de tous les instants de la rédaction, jour et nuit, puisque le monde entier est concerné. Oui, bien sûr, nos journalistes, nos invités, utilisent régulièrement le registre guerrier, mais c’est l’actualité qui le veut. Cela ne signifie pas que tous nos interlocuteurs veulent la guerre ou même qu’ils pensent que la guerre va arriver.
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