Surveillante tuée en Haute-Marne : quelles sont les mesures pour protéger les personnels de l'Education ?

Existe-t-il des dispositifs spécifiques pour empêcher les agressions contre les enseignants, surveillants ou membre de la direction ? Peut-on prévenir les actes violents des élèves ?

Article rédigé par franceinfo
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Un policier contrôle le sac d'un élève devant un collège à Loos (Hauts-de-France), le 11 juin 2025. (FLORENT MOREAU / MAXPPP)
Un policier contrôle le sac d'un élève devant un collège à Loos (Hauts-de-France), le 11 juin 2025. (FLORENT MOREAU / MAXPPP)

C'est un drame qui a ébranlé toute la communauté éducative en France. Le 10 juin, Mélanie, une surveillante de collège à Nogent, en Haute-Marne, a été mortellement poignardée par un élève de l'établissement. L'adolescent de 14 ans a été mis en examen pour meurtre. Le vrai ou faux junior répond aux questions des élèves du collège Jules-Ferry à Sainte-Geneviève-des-Bois en Essonne à propos de la sécurité dans les collèges.

Les adultes peuvent demander la protection fonctionnelle

Andréa : "Est-ce que le système scolaire protège suffisamment les adultes ?"

Dans les établissements scolaires, les adultes, que ce soit les enseignants, le personnel de direction, les AESH ou les surveillants, ne bénéficient pas d'une protection physique. Ils ne peuvent pas être accompagnés par un garde du corps ou un vigile. Mais il y a quand même des mesures pour assurer leur sécurité. Elles ont d'ailleurs été renforcées après l'assassinat de Dominique Bernard à Arras, ce professeur a été victime d'un attentat islamiste il y a deux ans.

Dans chaque rectorat, il y a désormais une cellule pour aider les personnels visés par des menaces. Cela passe par une surveillance des réseaux sociaux : on regarde, par exemple, si l'identité et les coordonnées d'un enseignant sont diffusées. Cette cellule peut aussi aider au dépôt de plainte, prendre en charge les démarches judiciaires ou encore apporter un soutien psychologique. C'est ce qu'on appelle la protection fonctionnelle.

En parallèle, un plan a été lancé l'année dernière pour renforcer la sécurité à l'entrée des établissements considérés comme prioritaires. Avec, par exemple, des grilles autour des parkings, la mise en place d'un bouton à la loge ou encore des caméras de vidéosurveillance. Ce plan a déjà été déployé dans 500 collèges et lycées. Il doit l'être dans un millier d'établissements au total d'ici la fin de l'année.

Ces dispositifs sont-ils suffisants ? "Forcément non", estime Sophie Vénétitay, secrétaire nationale du SNES-FSU, le premier syndicat du secondaire. La mort de la surveillante de collège à Nogent le prouve de façon dramatique. Mais d'après Sophie Vénétitay, la solution ne peut pas être de "bunkériser" les collèges et les lycées, les transformer en des lieux ultra-sécurisés.

La gradation des sanctions

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Une partie de la réponse se trouve dans le règlement intérieur de chaque collège. C'est dans ce document que chaque établissement précise l'accompagnement qu'il compte mettre en place pour les élèves auteurs de violences ainsi que les différentes sanctions qui pourront être décidées. Cela va généralement du simple rappel à l'ordre jusqu'à la sanction définitive.

Cette gradation des sanctions sera "clarifiée" à la rentrée prochaine, a annoncé le ministère de l'Education nationale. Il estime que cette échelle n'est pas assez transparente et lisible pour les élèves, leur famille et le personnel éducatif. Mais avant les sanctions, il y a un travail de repérage, d'identification des élèves qui montrent de petits signes de violence, expliquent plusieurs enseignants à franceinfo. Vous l'avez peut-être observé dans votre collège : c'est souvent le ou la CPE qui va discuter en entretien avec ces collégiens ou collégiennes dont le comportement commence à poser problème.

Une proposition de loi en cours d'examen

Maëllys : "Est-il envisageable que de nouvelles lois soient votées pour améliorer la sécurité des élèves et des personnels ?"

Pour le moment le gouvernement n'a pas annoncé de nouveau projet de loi sur ce sujet. Le Premier ministre souhaite préciser la loi qui encadre l'usage des armes blanches. François Bayrou a annoncé l'interdiction de la vente aux mineurs de tous les types de couteaux.

Mais bien avant le drame de Nogent, en une proposition de loi visant à mieux protéger "l'école de la République et les personnels qui y travaillent" a été déposée au Sénat en février 2025. Elle prévoit notamment de rendre automatique la protection fonctionnelle des personnels éducatifs. Jusqu'ici les enseignants menacés devait la demander au rectorat et les surveillants à leur chef d'établissement. L'objectif de la proposition de loi est d'accorder cette protection dès la première menace, acte violent ou outrage. Le texte a été adopté en mars dernier par le Sénat. Il faut maintenant qu'elle soit votée par les députés.

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