Canada : des élections fédérales aux prises avec une désinformation de moins en moins contrée sur les réseaux sociaux

Des élections fédérales ont lieu lundi au Canada, alors que le groupe Meta a banni les articles des médias reconnus sur ses réseaux et que les IA sont de plus en plus utilisées pour produire de fausses informations.

Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le chef conservateur Pierre Poilievre (à gauche) et le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, débattent à Montréal, au Canada, le 17 avril 2025, en vue des élections fédérales du 28 avril. (CHRISTOPHER KATSAROV / POOL)
Le chef conservateur Pierre Poilievre (à gauche) et le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, débattent à Montréal, au Canada, le 17 avril 2025, en vue des élections fédérales du 28 avril. (CHRISTOPHER KATSAROV / POOL)

Les Canadiens sont appelés aux urnes lundi 28 avril pour élire leurs 343 députés, mais ces élections fédérales ont lieu dans un contexte un peu particulier. D'abord parce que X a été racheté par Elon Musk et est devenu une chambre d'écho pour la désinformation, ensuite parce que Meta a décidé de bannir les fact-checkeurs de ses réseaux. Mais ce sont surtout les premières élections depuis que Meta, la maison mère de Facebook et d'Instagram, a pris une décision radicale : en 2023, le groupe a décidé d'interdire la diffusion d'articles de presse sur ses réseaux sociaux au Canada, car il ne voulait pas appliquer une loi canadienne qui l'obligeait à rémunérer les sites d'informations.

Résultat, pendant cette campagne électorale, aucune source d'information fiable n'a pu être partagée sur Facebook et Instagram, ce qui peut poser problème à une époque où l'on s'informe en majorité sur les réseaux sociaux. Cela a valu à ces élections d'être qualifiées de "labo à fake news" par la newsletter Hupster.

Aucune information fiable sur Facebook ni Instagram

Craignant une explosion de la désinformation, les autorités fédérales canadiennes avaient alerté plusieurs fois les citoyens sur les risques de désinformation sur les réseaux. Elles avaient même contacté les plateformes pour leur demander de limiter la diffusion des fausses informations. 

Le vide informationnel sur Facebook et Instagram a été rempli par des dizaines de pages et de comptes Facebook partisans, aux intentions parfois malveillantes, comme l'a constaté le New York Times. Par exemple, le compte conservateur Canada Proud, qui est suivi par plus de 600 000 personnes, a attaqué plusieurs fois Mark Carney, le chef du Parti libéral, donné favori. Une fausse photo de lui avec Ghislaine Maxwell, qui a été condamnée pour complicité de trafic sexuel dans l'affaire Epstein, a notamment circulé. Il y a aussi eu une hausse des faux articles qui ressemblent trait pour trait à de vrais articles d'informations, qui sont sponsorisés sur les réseaux pour être mis en avant et atteindre un public large, mais qui sont en fait des escroqueries.

L'Observatoire de l'écosystème médiatique canadien a recensé plus de 200 signalements depuis le début de la campagne, dont aucun incident considéré comme "majeur" mais deux "modérés" et plusieurs "mineurs". Plus de la moitié des signalements faits pendant la dernière semaine de campagne ciblaient de fausses informations circulant sur Facebook. Cela montait aux trois quarts des signalements l'avant-dernière semaine de campagne. Par ailleurs, l'Observatoire a aussi repéré une tentative d'ingérence chinoise sur le réseau WeChat, visant à influencer la communauté sino-canadienne.

De fausses informations créées par IA

Ces élections fédérales sont aussi les premières au Canada depuis que les intelligences artificielles conversationnelles sont entrées dans le quotidien dans citoyens, ce qui peut présenter un risque car les réponses des IA ne sont pas toujours fiables.

Radio Canada a remarqué que les IA génératives reprenaient certaines fausses informations qui ont été, elles-mêmes, créées par des intelligences artificielles. Par exemple, selon la radio publique canadienne, si on leur demande le patrimoine des candidats aux élections fédérales, les IA conversationnelles telles que Chat GPT, Grok ou l'IA de Meta donnent des chiffres. Les internautes les ont d'ailleurs beaucoup commentés ces dernières semaines. Sauf que ces chiffres ont été entièrement inventés par des IA et sont publiés sur de faux sites d'informations. Les patrimoines réels des candidats en fait sont inconnus.

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