Corse : non, la justice ne démonte pas une croix à la demande d’une habitante musulmane

Une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux affirme que les autorités françaises veulent retirer une croix chrétienne installée dans un village corse "à la demande d’une nouvelle arrivée musulmane". Or la plaignante n'est ni musulmane, ni nouvelle dans la commune.

Article rédigé par Angélique Bouin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une octogénaire, installée en Corse depuis 20 ans, a demandé à la justice, au nom de la laïcité, de retirer une croix installée à l'entrée du village de Quasquara, en 2022, s'attirant des attaques sur les réseaux sociaux. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)
Une octogénaire, installée en Corse depuis 20 ans, a demandé à la justice, au nom de la laïcité, de retirer une croix installée à l'entrée du village de Quasquara, en 2022, s'attirant des attaques sur les réseaux sociaux. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

Tout part d’un jugement du tribunal administratif de Bastia, rendu le 10 octobre 2025. La juridiction a demandé au maire de Quasquara, un village de 60 habitants en Corse-du-Sud, de retirer ou déplacer une grande croix en bois installée en 2022 sur un terrain public, ou bien de rendre la parcelle privée.
En cause : la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Elle autorise la présence de croix sur des terrains publics uniquement si ces symboles religieux s’y trouvaient avant cette date. Ce n’était pas le cas à Quasquara.

Sur X (ex-Twitter), une vidéo vue près de 900 000 fois affirme que cette décision aurait été obtenue à la demande d’une habitante musulmane récemment installée dans le village, évoquant un "fascisme anti-chrétien". C’est faux. La plaignante est une femme de 80 ans, résidente de Quasquara depuis vingt ans, qui dit avoir agi au nom du principe de laïcité. La presse locale évoque aussi des divergences politiques entre elle et le maire de la commune, mais en aucun cas elle n'est connue comme activiste musulmane.

Une émotion réelle, mais des images trompeuses

Depuis que son identité a circulé sur les réseaux sociaux, elle fait l’objet de vives attaques. Certains internautes vont jusqu’à l’associer à un éminent chercheur du CNRS converti à l’islam, en prétendant qu’elle serait sa compagne. Là encore, l’information est totalement fausse : l'octogénaire, qui a confié à nos confrères d'Ici RCFM être dépassée par l'ampleur prise par cette histoire, porte simplement le même patronyme que ce chercheur. Ce dernier, contacté, a confirmé ne pas la connaître.

Cette affaire suscite une forte émotion en Corse, où la tradition catholique reste très présente. Des pétitions et manifestations ont été organisées, notamment à l’appel de mouvements nationalistes. Mais la vidéo qui circule pour illustrer cette mobilisation ne montre pas des réactions à la récente décision du tribunal. Elle circulait déjà sur les réseaux sociaux l’été dernier, bien avant le jugement du 10 octobre, et ne correspond donc pas à une vague d’installation de nouvelles croix dans l’île, comme l’affirme la légende de la publication virale.

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