Le vrai du faux. Non, les contrats des institutrices des années 20 en France ne ressemblent pas à un enfer
Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Jeudi, un contrat d'une institutrice de 1923.
L'image montrant le contrat d'une institutrice en 1923 a été partagé des milliers de fois sur Facebook. Voici ce qu'on peut lire : "En vertu de la présente entre Mademoiselle X et le Conseil de l'éducation de l'école (…) Mademoiselle X se conformera aux 15 conditions suivantes. Ne pas se marier. Ne pas fréquenter d'hommes. Ne pas fumer de cigarettes, ne pas porter des couleurs vives. Ne pas traîner dans les bars laitiers du centre-ville. Ne pas boire de bière, de whisky. Ne pas sortir entre 20h et 6h du matin". Ces quinze conditions sont totalement surréalistes vue d'aujourd'hui.
C'est faux. Il ne s'agit pas d'un vrai contrat d'institutrice en France. Il paraît douteux d’évoquer un bar laitier où il serait interdit d’aller. Bar laitier sonne clairement comme un texte en provenance du Québec. C’est le nom qu'on donne là-bas aux glaciers. Par ailleurs, dans une autre version de cette image, on nous donne le salaire de l'institutrice : 75 dollars par mois. On n'est clairement pas en France.
En fait, le même texte avec les 15 conditions existe en version anglophone. La seule différence est que ce n'est plus un contrat de 1923 mais de 1915, nous dit-on. Dans un rapport de l'Université du Michigan publié en 1974, il est écrit que le contrat viendrait d'une école privée de Californie.
Dans d'autres livres ou articles de presse, certains affirment que le texte vient soit d'une petite école du Michigan, soit d'un village de l'Arkansas, ou encore qu'il s'agit de règles en vigueur dans un établissement chrétien d'Arizona valable pour l'année 1913. Dans tous les cas, aucune source n’est clairement indiquée ou vérifiable.
En résumé, mieux vaut rester prudent face à ce texte. De tels contrats n'ont jamais existé en France dans les écoles publiques. Cela étant, à partir des années 20, on distribuait le très officiel Livre des instituteurs, autrement appelé Code Soleil aux aspirants enseignants. Et voilà notamment ce qu'on pouvait y lire dans les années 50. "Bien sûr, la demoiselle de l'école ne doit pas vivre esseulée comme une sainte dans sa niche, mais elle ne saurait non plus impunément s'associer à des exubérances de mauvais aloi, ni se prêter à des fréquentations douteuses". Le contrat de l'institutrice de 1923 est donc un faux. Mais on a effectivement fait du chemin depuis.
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