Le vrai du faux. Que risque-t-on en étant torse nu en public, qu'on soit homme ou femme ?
C'est l'été, et lorsqu'il fait chaud, il n'est pas rare de croiser en pleine rue des badauds le torse nu. Mais est-ce autorisé par la loi ?
C'est une question que l'on se pose parfois pendant les fortes chaleurs de l'été : est-il vrai que l'on risque une amende lorsque l'on se balade torse-nu dans un lieu public ? En théorie, c'est faux, puisque la loi n'interdit plus le torse-nu. L'infraction d'"outrage à la pudeur" n'existe plus dans le Code pénal depuis 1994. Mais il faut se méfier, car il existe plusieurs exceptions.
Les mairies peuvent l'interdire sous certaines conditions
Les mairies peuvent interdire le torse-nu. C'est le cas dans de nombreuses communes du littoral. Par exemple à Ouistreham, dans le Calvados, le torse-nu est interdit en dehors des plages de juin à septembre. La municipalité explique dans son arrêté que cela peut "altérer l'hygiène et la salubrité publique". Autre raison : Ouistreham est un lieu de mémoire du débarquement de 1944 et la ville souhaite développer un tourisme "dans le respect des vétérans", avec donc une tenue jugée décente. Pour interdire le torse-nu, les mairies doivent donc justifier de circonstances locales et l'interdiction doit être limitée dans le temps et dans l'espace.
Certains arrêtés ont, en effet, déjà été contestés. En 2007, la commune de la Grande-Motte avait interdit la tenue de bain et le torse-nu dans la ville. Mais après le recours de l'un des contrevenant, le tribunal administratif de Montpellier a retoqué cet arrêté. Il a estimé "que ces tenues ne présentaient pas de troubles matériels sérieux, et que le seul caractère immoral allégué des dites tenues (...) ne pouvait fonder leur interdiction." Depuis la Grande-Motte a pris un autre arrêté, en invoquant cette fois-ci la clientèle familiale de la station balnéaire.
La loi fait-elle la différence entre le torse-nu des hommes et celui des femmes ?
Pour les femmes, c'est encore plus compliqué. Il existe un débat juridique pour savoir si les seins nus présentent un caractère sexuel ou non, car le Code pénal, dans son article sur l'exhibition sexuelle, ne le précise pas. La question s'est posée avec les actions des Femen, ces militantes qui écrivent des messages politiques sur leur torse nu. Elles sont parfois jugées pour exhibition sexuelle. Mais elles ne sont pas toujours condamnées in fine.
L'une d'elles, avait écrit "Kill Putin" ("Tuez Poutine") sur sa poitrine, et avait endommagé la statue de Vladimir Poutine au musée Grévin à Paris en 2014. Elle a été relaxée par la Cour d'appel de Paris en 2017, qui avait alors estimé que le délit d'exhibition sexuelle n'était pas constitué, puisque "l'intention exprimée par son auteur est dénuée de toute connotation sexuelle". En 2020, la Cour de cassation, saisie, avait au contraire jugé qu'il y avait bien délit d'exhibition sexuelle, tout en confirmant la relaxe, car la condamnation de la Femen aurait présenté "une ingérence disproportionnée dans l’exercice de la liberté d’expression".
Un peu plus tôt, en 2019 dans un autre de ses arrêts, la Cour de cassation a rejeté un pourvoi formé par une autre Femen, qui avait été condamnée à un mois de prison avec sursis. Elle avait manifesté les seins nus dans une église parisienne en dehors des heures d'offices, pour dénoncer la position de l'Église sur le droit à l'avortement. L'affaire a été portée devant la Cour européenne des droits de l'Homme, qui en octobre 2022 a finalement condamné la décision de la justice française, estimant que la liberté d'expression devait primer sur l'infraction d'exhibition sexuelle. La justice a donc dû verser 10.000 euros à la Femen en question.
Enfin, plus globalement, pour les femmes, tout dépend donc du contexte. À la plage, par exemple, c'est toléré. Il y a trois ans, des gendarmes des Pyrénées-Orientales avaient demandé à deux femmes seins nus sur la plage de se couvrir la poitrine. Mais le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin les avait publiquement désavoués, estimant que leur intervention était "sans fondement".
À regarder
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
-
Ces méthodes spectaculaires contre les courses-poursuites
-
Opération anti-drogue : 400 policiers mobilisés à Grenoble
-
En Turquie, une femme sauvée in extremis devant un tramway
-
14 milliards d'impôts en plus, qui va payer ?
-
Gaza : comment désarmer le Hamas ?
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
-
Laurent Nuñez, nouveau ministère de l'Intérieur, se confie sur les attentats de 2015
-
Adèle Exarchopoulos : "Quand le monde se résigne à banaliser la violence... Ce qui reste, c'est le collectif"
-
Un mois après sa mort, le message de Charlie Kirk résonne encore
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter