:
Vrai ou faux
Loi Duplomb : études scientifiques, avis de l'Efsa, collier anti-puces... On a vérifié plusieurs déclarations sur l'acétamipride
Plus d'1,5 million de personnes ont signé la pétition contre la loi Duplomb qui prévoit notamment de réautoriser en France l'acétamipride, un insecticide qui fait l'objet de plusieurs infox.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2025/07/22/laurent-duplomb-687f2d88654a1510864615.jpg)
Face à la mobilisation citoyenne inédite contre la loi Duplomb adoptée le 8 juillet dernier, certaines voix au sein du camp présidentiel, à l'image de Gabriel Attal, demandent de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire afin qu'elle donne son avis sur le texte. Le gouvernement s'est par ailleurs dit "favorable" à un nouveau débat au Parlement.
En attendant, et alors que le texte est examiné par le Conseil constitutionnel, défenseurs et opposants continuent de fourbir leurs arguments. C'est l'acétamipride, l'insecticide que la loi prévoit de réautoriser en France, qui concentre les débats. Le vrai ou faux a vérifié deux déclarations.
L'Efsa a donné son feu vert à l'acétamipride
"Tous les scientifiques de toute l'Europe, sauf la France, ont donné leur aval pour la possibilité de continuer d'utiliser l'acétamipride jusqu'en 2033. C'est ce que l'Efsa a fait", a affirmé sur franceinfo, dimanche 20 juillet, le sénateur Les Républicains de Haute-Loire, Laurent Duplomb, à l'origine de la loi.
Dans cette phrase, il y a du vrai et du faux. Ce qui est vrai, c'est que l'Efsa, l'autorité européenne de sécurité des aliments, a donné, en mai 2024, un avis favorable à l'utilisation de l'acétamipride dans l'UE. Cette nouvelle autorisation court jusqu'en 2033. C'est la France qui avait sollicité cette réévaluation, en demandant à l'Efsa d'étudier les dernières études sur l'impact de l'acétamipride sur la santé humaine.
Pas de consensus scientifique sur l'insecticide
Même s'il s'appuie sur l'état de la recherche scientifique, l'aval donné par l'autorité européenne de sécurité des aliments ne signifie pas, comme le dit Laurent Duplomb, que "tous les scientifiques en Europe" ont appuyé cette décision. Il n'y a pas, à ce jour, de consensus scientifique à propos de la dangerosité ou de l'innocuité de cet insecticide.
D'ailleurs, dans son avis de mai 2024, l'Efsa estime qu'il y a des "incertitudes majeures" quant à la toxicité de l'acétamipride sur le cerveau humain. Il faut, dit-elle, mener des études "approfondies". L'agence appelle aussi la communauté scientifique à poursuivre les recherches sur le rôle de perturbateur endocrinien que pourrait jouer l'acétamipride. L'exposition à cet insecticide, note l'Efsa, a été associée à une baisse des niveaux de testostérone.
En attendant que des preuves irréfutables lui soient apportées, l'agence européenne a d'ores et déjà décidé de durcir les conditions d'utilisation de l'acétamipride sur les cultures dans l'UE. Les agriculteurs doivent s'assurer que les aliments qu'ils commercialisent ne dépassent pas un certain seuil de résidu d'acétamipride. Ces seuils seront drastiquement abaissés à partir du 1er août 2025.
Un impact potentiel sur la santé des enfants
Ces dernières années, de nombreuses études se sont intéressées à l'impact des néonicotinoïdes sur les animaux et la santé humaine. Plus rares sont celles qui se sont concentrées précisément sur l'acétamipride lui-même. Et les échantillons étudiés sont souvent très petits. L'une des plus remarquées a été menée par une équipe suisse. Les chercheurs ont montré pour la première fois, que des résidus d'acétamipride pouvaient atteindre le liquide céphalorachidien des enfants, qui baigne le cerveau et la moelle épinière. L'étude, publiée en 2022, a été réalisée sur 14 enfants. C'est sur la base de ces recherches suisses que la France avait demandé à l'Efsa de réévaluer sa position sur l'insecticide.
Il n'y a pas d'acétamipride dans les colliers anti-puces
"L'acétamipride est dans tous les colliers anti-puces des chats et des chiens que les gens caressent sur leur canapé en nous écoutant ce matin", a affirmé Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA sur franceinfo, lundi 21 juillet.
C'est faux. Comme l'avait déjà relevé le vrai ou faux, aucun collier médicamenteux, à destination des chats ou des chiens, n'est commercialisé en France. Pour le vérifier, nous avions consulté la liste des autorisations délivrées par l'Anses, l'autorité de sécurité du médicament. Il n'est pas fait mention d'un collier anti-puces contenant de l'acétamipride.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter