Nicolas Sarkozy a-t-il reçu la légion d'honneur pour son courage dans l'affaire "Human Bomb" ?
Nicolas Sarkozy a été exclu de la Légion d'honneur après sa condamnation dans l'affaire des écoutes. Selon ses défenseurs, il l'avait reçue pour son rôle dans l'affaire dite "Human Bomb", mais c'est faux.
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"J'ai le sentiment qu'il y a une volonté d'humilier Nicolas Sarkozy." La phrase est du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, lors d'une interview sur RTL le 16 juin. L'ancien président vient d'être exclu de l'Ordre de la Légion d'honneur, car il a été condamné définitivement dans l'affaire des écoutes et que c'est incompatible avec une Légion d'honneur, selon le règlement de l'Ordre.
Depuis l'annonce de cette exclusion, plusieurs personnalités politiques ont pris la parole pour prendre la défense de Nicolas Sarkozy. Elles utilisent toutes le même argument : "Ce qui a valu cette légion d'honneur à Nicolas Sarkozy, c'est un acte de courage", affirme le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, mercredi 18 juin sur Europe 1 et Cnews. "Pour s'être engagé personnellement et avoir entamé un dialogue avec un forcené qui détenait des enfants dans une école maternelle", explique Jordan Bardella. "Il a sauvé plus d'une vingtaine d'enfants lors de la prise d'otages des enfants à Neuilly", renchérit Rachida Dati le 17 juin sur Europe 1 et Cnews.
Sauf que c'est faux, ce n'est pas pour ça que Nicolas Sarkozy a été fait chevalier de la légion d'honneur.
L'affaire "Human Bomb" n'est jamais mentionnée
Rappelons d'abord que l'ancien président a été fait chevalier de la Légion d'honneur fin 2004, 11 ans après l'affaire dite "Human Bomb".
Le décret portant sa nomination ne mentionne pas la prise d'otages, mais uniquement qu'il est un "ancien ministre d'État, ancien député des Hauts-de-Seine, ancien maire de Neuilly-sur-Seine" et qu'il a, à ce moment-là, "24 ans d'activités professionnelles, de fonctions électives et de services militaires". Mais ce genre de décret ne détaille pas toujours les raisons qui ont poussé à attribuer un grade de la Légion d'honneur à quelqu'un.
Le Vrai ou Faux a donc également consulté des articles de presse de l'époque et il s'avère que le rôle de Nicolas Sarkozy dans les négociations avec le preneur d'otage n'est jamais mentionné dans l'exposé officiel des motifs de cette Légion d'honneur, qui avait été consulté par L'Express.
Dans un article du 10 janvier 2005, l'hebdomadaire raconte qu'il "n'avait pas échappé à Sarkozy que, près de 12 ans après la prise d'otages à la maternelle de Neuilly, il reste le seul des acteurs de ce drame à ne pas avoir reçu la Légion d'honneur", alors qu'il aurait pu la recevoir entre mai et septembre 1995, dans un court moment où il n'avait aucune fonction gouvernementale ni aucun mandat électoral.
L'Express ajoute que "dans le mémoire de proposition pour la décoration, les deux pages de l'exposé détaillé des services qui accompagne chaque remise de Légion d'honneur ne rappellent pas l'épisode".
Une décoration pour tout son "parcours politique"
Nicolas Sarkozy a été fait chevalier de la Légion d'honneur pour l'ensemble de sa carrière politique. L'exposé des motifs salue un "parcours politique [qui] s'inscrit dans une dynamique rapide et brillante. Son action […] est toujours marquée du sceau des qualités d'un grand serviteur de la République : proximité et humanité, écoute et réflexion, décision et conviction, énergie et volontarisme, pragmatisme et efficacité".
Jacques Chirac remettra lui-même cette décoration à Nicolas Sarkozy au début du mois de février 2005, dans une petite cérémonie à huis clos, uniquement en présence de leurs familles respectives. La presse n'a pu y assister mais, selon Le Monde du 13 février 2005, Jacques Chirac a fait un très bref discours pendant lequel il a salué le parcours des parents de Nicolas Sarkozy et mis en valeur la réussite de leurs enfants. Selon le Journal du Dimanche du même jour, Jacques Chirac a salué des déclarations prudentes de son ancien ministre en Ukraine, alors que se posait la question de l'intégration de ce pays à l'Europe.
La presse notait aussi en 2005 que la remise d'une telle décoration pouvait être très politique. D'abord, cela se faisait assez régulièrement de donner la Légion d'honneur à un ancien membre du gouvernement et notamment à d'anciens ministres. Par ailleurs, à ce moment-là, Nicolas Sarkozy pouvait recevoir une Légion d'honneur pendant un court moment : il venait de quitter le gouvernement et n'avait pas encore repris son poste de député.
Dernier élément de contexte, Nicolas Sarkozy venait de prendre la tête de l'UMP et l'heure était au réchauffement des relations entre Jacques Chirac et lui, pour que la droite affiche un front uni, en vue de la préparation de l'élection présidentielle de 2007.
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