Quelque 93% des nouvelles capacités électriques installées dans le monde sont-elles vraiment renouvelables, comme l'affirme Yannick Jadot ?

Alors que le Sénat vient de voter une loi qui relance fortement le nucléaire tout en restant flou sur les objectifs pour les renouvelables, le sénateur écologiste dénonce une stratégie à contre-courant de ce qui se fait dans le monde.

Article rédigé par Antoine Deiana
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La centrale photovoltaïque de Shenneng Futa, en Chine. Elle est équipe de 77 660 panneaux solaires. (FRANCOIS NADEAU / HANS LUCAS)
La centrale photovoltaïque de Shenneng Futa, en Chine. Elle est équipe de 77 660 panneaux solaires. (FRANCOIS NADEAU / HANS LUCAS)

Mardi 8 juillet au soir, le Sénat a voté en deuxième lecture pour la proposition de loi Gremillet sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Le texte prévoit une relance massive du nucléaire, avec 14 nouveaux réacteurs EPR2, mais ne fixe aucun objectif précis pour les énergies renouvelables avant un décret prévu à l’automne.

En première lecture, certains amendements portés par Les Républicains proposaient même un moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque, finalement écarté. Un flou autour du renouvelable que dénonçait le sénateur écologiste Yannick Jadot, sur Public Sénat, qui estime que le reste du monde fait exactement l'inverse. "93% des nouvelles capacités de productions électriques installées en 2024 dans le monde, sont des énergies renouvelables, assure Yannick Jadot.

La déclaration de Yannick Jadot s’appuie sur les dernières données de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Dans son rapport 2025 sur les capacités renouvelables dans le monde, l’agence confirme que les énergies renouvelables ont représenté 92,5% des nouvelles capacités électriques installées dans le monde en 2024.

Presque toutes les nouvelles installations construites en 2024 pour produire de l’électricité (centrales solaires, éoliennes ou barrages) utilisent des sources renouvelables. Ce chiffre ne désigne ni la production réelle, ni le nombre d’équipements, mais bien la puissance installée (en GW), c’est-à-dire la capacité maximale de production électrique de ces installations. C’est donc un indicateur de rythme, pas de stock. Dans les faits, les énergies renouvelables ont représenté environ un tiers de l’électricité produite dans le monde en 2024. Le reste provient encore majoritairement du charbon, du gaz, et du nucléaire.

Une dynamique mondiale tirée par la Chine 

Derrière ce chiffre impressionnant se cachent de fortes inégalités à l'échelle mondiale. Selon ce rapport de l'IRENA, la Chine, à elle seule, représente près de 63% de ces nouvelles capacités renouvelables, soit 274 GW, notamment grâce à un boom du solaire photovoltaïque.

Les États-Unis et l’Union européenne suivent, mais loin derrière. À eux trois, Chine, UE et USA concentrent plus de 80% des nouvelles capacités renouvelables installées dans le monde. À l’inverse, l’Afrique subsaharienne représente moins de 1% de ces ajouts.

La France, elle, progresse modestement. En 2023, selon les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique, la France a battu son record de nouvelles installations renouvelables, avec près de 5 GW ajoutés, principalement du solaire (60%) et de l’éolien. À l’échelle mondiale, cela ne représente qu’environ 1% des nouvelles capacités renouvelables installées.

Le solaire en tête, l'éolien derrière

Le rapport de l'IRENA indique que les trois quarts des nouvelles installations renouvelables en 2024 dans le monde sont des centrales solaires photovoltaïques. En volume, cela donne 270 GW de solaire, dont 216 GW rien qu’en Chine. C'est plus que pour l’ensemble de l’Union européenne.

L'éolien suit derrière avec 65 GW, soit 15% de la croissance, porté par la Chine et les États-Unis. Le solaire est aujourd’hui l’énergie la plus rapide à déployer, et souvent la moins chère à produire, selon les données de l’IRENA.

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