Un SUV Crit'Air 1 pollue-t-il vraiment plus qu'une petite citadine Crit'Air 4 ?
Un député RN du Gard affirme qu'une Range Rover Crit'Air 1 est beaucoup plus polluante qu'une Clio Crit'Air 4 et que c'est la preuve que "rien ne va dans les ZFE". C'est plus compliqué que ça, tout dépend du type de polluant dont on parle.
Mercredi 28 mai, les députés ont voté la fin des zones à faibles émissions, les ZFE, qui restreignent la circulation de certains véhicules polluants. Sa fin reste suspendue au vote sur le projet de loi global de simplification de la vie économique. En ligne de mire : le système de vignettes Crit'Air, accusé d'être injuste, voire incohérent. Exemple donné par Pierre Meurin, député Rassemblement national du Gard qui explique qu'un "un Range Rover Crit'Air 1 pollue beaucoup plus que votre petite Clio Crit'Air 4". On vérifie.
Tout dépend du polluant qu'on regarde
Le système Crit'Air classe les véhicules de 0 (voiture électrique) à 5 en fonction de leurs émissions de polluants nocifs pour la santé humaine, comme les oxydes d'azote (NOx), les particules fines, le monoxyde de carbone ou les hydrocarbures imbrûlés.
Sur ces critères, un Range Rover diesel récent classé Crit'Air 1 émet jusqu'à neuf fois moins de NOx qu'une Clio diesel ancienne classée Crit'Air 4 (norme Euro 4). Idem pour les particules fines et le CO.
Ce classement est donc cohérent si on parle de pollution locale, celle qui touche directement les poumons.
Mais le CO2 n'est pas comptabilisé
Ce que Crit'Air ne mesure pas, c'est le dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. Sur ce critère, le député a raison : un SUV Crit'Air 1, comme un Range Rover, peut émettre jusqu'à 160 ou 170 grammes de CO2/km, contre environ 115 grammes par km pour une Clio ancienne. Autrement dit, il pollue plus pour le climat.
Par ailleurs, Crit'Air ne prend pas en compte les particules non liées au moteur, comme celles produites par l'usure des freins, des pneus ou de la route, ni le kilométrage annuel, à impact direct sur le volume total d'émissions, ni la consommation réelle dans les conditions de conduite urbaine, plus énergivore pour les gros véhicules.
Le CO2 est sanctionné ailleurs : le bonus-malus
Le dioxyde de carbone est bien comptabilisé dans une autre politique publique : le bonus-malus écologique. Ce système s'applique au moment de l'achat d'une voiture neuve. Il encourage les faibles émissions de CO2, et pénalise les très fortes émissions.
En 2024, une voiture qui émet moins de 20 grammes de CO2/km peut bénéficier d'un bonus allant jusqu'à 4 000 euros. Un gros SUV thermique émettant plus de 193 grammes de CO2/km peut entraîner un malus allant jusqu'à 70 000 euros.
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