Vera, une intelligence artificielle contre la désinformation
L'ONG française LaReponse.tech a lancé une intelligence artificielle pour lutter contre la désinformation. Elle peut être directement contactée par WhatsApp ou par téléphone.
Le Vrai ou Faux parle souvent d'intelligence artificielle pour dénonce la création de fausses informations, de fausses images, de deepfakes, mais à l'occasion de Médias en Seine, le festival international des médias de demain, organisé par franceinfo en partenariat avec Les Échos et Le Parisien, mardi 14 janvier le Vrai ou Faux a décidé de parler d'une intelligence artificielle au service de la lutte contre la désinformation.
Elle s'appelle Vera et se présente comme "le numéro de confiance pour vérifier les faits". C'est une IA française, gratuite et simple d'utilisation. Il suffit d'enregistrer son numéro – le 09.74.99.12.95 – et de lui écrire sur la messagerie WhatsApp ou de l'appeler par téléphone pour lui demander si telle ou telle rumeur est vraie. Elle décroche immédiatement d'un "Bonjour, je m'appelle Vera, quelle information souhaites-tu vérifier aujourd'hui ?"
L'IA synthétise des informations vérifiées
"C'est un outil qui permet, sur la base d'une question posée, de proposer une réponse qui soit humaine, attentive, presque empathique, mais surtout qui soit sourcée, sur n'importe quel type d'information", explique Florian Gauthier, l'un de ses créateurs, à franceinfo.
À la question "est-ce que c'est vrai qu'il y a de plus en plus de violences dans les campagnes ?", elle répond "je vais vérifier les faits pour vous, attendez un instant". En quelques secondes à peine, elle fait des recherches sur 300 sites d'informations fiables sélectionnés par un comité d'expert, dont une centaine de site de vérifications d'information.
Vera synthétise le tout et elle livre une réponse détaillée et sourcée : "Merci d'avoir patienté. Contrairement à certaines affirmations, il n'y a pas d'explosion systématique de la violence dans les campagnes. Selon franceinfo, bien que des incidents isolés puissent survenir et que certaines formes de délinquance comme les cambriolages et les violences familiales puisse connaître des fluctuations dans certaines régions, les données globales ne montrent pas de hausse générale de la criminalité dans les zones rurales. Est-ce que cela répond à votre question ?" En l'occurrence, elle a retrouvé très vite une chronique du Vrai ou Faux datant de novembre 2023, mais elle a de nombreuses autres sources.
Quand on lui demande si c'est le réchauffement climatique qui a provoqué le cyclone Chido à Mayotte, elle répond que "le réchauffement climatique a probablement joué un rôle dans l'intensité du cyclone qui a frappé Mayotte" car "selon une source publiée par 20minutes, les émissions de gaz à effet de serre ont rendu les vents plus puissants, bien que le lien exact avec le réchauffement climatique soit difficile à établir". Par ailleurs, "un rapport de l'Imperial College indique que les dégâts ont été 30% à 40% plus élevés à cause du climat".
Quand on lui demande s'il est vrai que les migrants haïtiens aux États-Unis mangent des chats ou des chiens, elle dément en citant Le Monde et Le Figaro. Quand on lui demande s'il est vrai que le président ukrainien a acheté un château grâce à l'argent donné à l'Ukraine pour l'aider dans sa guerre contre la Russie, Vera affirme que "cette affirmation relève de la désinformation", et cite à nouveau 20minutes.
Mais qu'arrive-t-il si elle ne trouve pas de réponse ? Elle dit qu'elle ne sait pas. "L'objectif de Véra est de faire la passerelle entre les utilisateurs et le travail incroyable des agences de fact-checking", précise Florian Gauthier. "Si ça a été vérifié par une agence de fact-checking, Véra pourra proposer une réponse. Si ça n'a pas été vérifié, Vera dira simplement : "Je n'ai pas trouvé l'information parmi l'ensemble des sources fiables."
Une IA créée après les élections législatives
Vera a été créée par l'ONG LaReponse.tech, un collectif de citoyens bénévoles qui travaillent dans la tech et qui s'est formé après les élections législatives de 2024. "Pendant les législatives, on a quand même assisté à des politiques qui étaient capables de raconter absolument n'importe quoi à l'antenne, des fakes news partout, et je pense qu'ils ont très largement influencé l'opinion publique", déplore Florian Gauthier.
"On s'est demandé s'il n'y aurait pas une piste de réponse, peut-être technologique, qui pourrait aider ce combat contre la désinformation. Très vite on a réalisé qu'il n'y avait pas d'endroit fiable et simple qui permettait de vérifier de manière gratuite et efficace des informations publiées sur internet, continue-t-il. L'intelligence artificielle, c'est le moyen le plus formidable pour diffuser des fakes news, des fausses vidéos, des fausses images, des bots qui parlent hyper bien et qui vont commenter n'importe quoi sur toutes les publications. Mais on s'est demandé si on ne pourrait pas utiliser l'intelligence artificielle cette fois-ci pour contrer cette désinformation."
Mais le co-fondateur garantit que Véra n'est pas orientée politiquement. "Elle est censée être complètement impartiale, assure-t-il. Je dis censée parce qu'évidemment quand on se repose sur des sources, celles-ci peuvent parfois avoir des lignes éditoriales avec des partis pris. Mais comme on propose plusieurs sources, on essaie au contraire de maximiser les chances d'avoir des sources qui partagent différentes opinions."
Dialoguer avec une IA peut faire baisser la croyance en des théories du complot
Reste à savoir si cette IA sera vraiment efficace pour lutter contre la désinformation. Un mois après son lancement, elle a déjà répondu à 25 000 questions, en grande majorité posées sur WhatsApp, et 20% des utilisateurs qui l'ont utilisée une fois l'utilisaient encore deux semaines plus tard.
Vera ne convaincra peut-être pas ceux qui se méfient des médias traditionnels, puisqu'elle ne se base que sur des articles de presse. Mais l'ONG a bon espoir que cela ait un impact. Elle en veut pour preuve une expérience du MIT, le Massachussets Institute of Technology, dont les résultats ont été publié en septembre 2024. Des chercheurs ont fait dialoguer 2 190 Américains de théories conspirationnistes en lesquelles ils croient avec une IA conversationnelle. A l'issue de cette conversation, les chercheurs ont constaté que leur croyance en ces théories avait diminué de 20%.
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