Vrai ou faux
Influenceuse fitness ou philosophe chinois... Ces impostures créées avec l'intelligence artificielle

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En cette période estivale, franceinfo s'intéresse aux pièges que l'intelligence artificielle nous tend. L'IA a récemment permis à un designer espagnol et à des universitaires italiens de créer de fausses personnalités très médiatiques.

Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
A gauche, le faux philosophe Jianwei Xun, à droite la fausse influenceuse Aitana Lopez. Les deux images ont été générées par intelligence artificielle. (MONTAGE / FRANCEINFO)
A gauche, le faux philosophe Jianwei Xun, à droite la fausse influenceuse Aitana Lopez. Les deux images ont été générées par intelligence artificielle. (MONTAGE / FRANCEINFO)

Peut-être êtes-vous déjà tombé, en scrollant sur Instagram, sur une photo de l'influenceuse Aitana Lopez, reconnaissable à ses longs cheveux teints en rose ? La créatrice de contenus fitness partage des selfies la mettant en scène sur une plage italienne, devant un taxi New Yorkais ou buvant un café avec une amie. Son compte a plus de 370 000 followers. Pourtant, Aitana Lopez n'existe pas. "Âme virtuelle" et "première influenceuse IA", est-il écrit sur son profil.

Ce personnage d'influenceuse a été imaginé et créée par le designer espagnol Ruben Cruz. Pendant la pandémie de Covid-19, il a l'idée de proposer à des marques les services d'une mannequin virtuelle. Comme les influenceuses de chair et d'os, Aitana Lopez monétise sa popularité sur les réseaux sociaux. La fausse Barcelonnaise est ainsi devenue l'égérie d'une marque de compléments alimentaires à destination des sportifs. 

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Aitana Lopez rapporte à son créateur entre 3 000 et 10 000 euros par mois, a déclaré Ruben Cruz, dans une interview à Euronews. Une partie de ces revenus provient de la plateforme Fanvue. Des abonnés sont prêts à payer pour obtenir des images d'Aitana Lopez en sous-vêtements, ou d'autres intelligences artificielles devenues influenceuses comme elle. 

Un faux philosophe interviewé

De l'imposture visuelle à l'imposture intellectuelle. L'IA est au cœur d'une supercherie qui a dupé intellectuels et journalistes. Fin janvier 2025, la revue française Le Grand Continent publie une analyse très remarquée du discours d'investiture de Donald Trump signée par un certain Jianwei Xun. Le philosophe hongkongais y développe le concept d'hypnocratie auquel il vient de consacrer un livre. Selon lui, les puissants - Trump et Elon Musk en l'occurrence - ont pris le contrôle de nos consciences, brouillant les repères entre réalité et mensonge. Le concept tombe à pic. De nombreux médias lui consacrent articles et chroniques. Jianwei Xun donne même des interviews à la presse écrite.

Et puis, coup de théâtre le 3 avril 2025 : "Le Grand Continent" et le journal italien L'Espresso révèle conjointement que le philosophe hongkongais n'existe pas. Jianwei Xun est un auteur fictif imaginé par un vrai philosophe italien, Andrea Colamedici. La théorie de "l'hypnocratie" est le fruit, explique-t-il, de discussions qu'il a eues avec deux IA génératives nourries d'ouvrages théoriques. L'imposture, dans une mise en abîme de la notion d'illusion, visait à montrer comment l'intelligence artificielle peut façonner la réalité.

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