Vrai ou faux
La vidéosurveillance est-elle utile, ou pas, à l'élucidation d'enquêtes ?

À moins d'un an des municipales, la question de l'utilité des caméras de surveillance revient dans le débat public et divise à gauche. La Cellule Vrai ou Faux fait le point sur leur utilité dans la résolution d'affaires judiciaires.

Article rédigé par Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un responsable de vidéoprotection au centre de vidéoprotection dans les locaux de l'hôtel de la police municipale de Toulouse, le 20 novembre 2023. (FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS)
Un responsable de vidéoprotection au centre de vidéoprotection dans les locaux de l'hôtel de la police municipale de Toulouse, le 20 novembre 2023. (FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS)

Pour la cheffe de fille des députés La France insoumise, Mathilde Panot, c'est une évidence: les caméras de surveillance "n'ont jamais prouvé leur utilité". Elle appelle donc à les supprimer et à désarmer les polices municipales. Cette double proposition est depuis très commentée et contestée, y compris à gauche. 

"Je ne me mettrais pas derrière un maire insoumis qui annoncerait qu'il va supprimer la vidéoprotection ou qu'il va supprimer l'armement des policiers. Ça n'a aucun sens. Comment peut-on même l'imaginer ?, critique ainsi, sur franceinfo lundi 7 juillet, Olivier Faure. " La vidéoprotection, ajoute le premier secrétaire du PS, sert notamment dans les enquêtes. Chacun le sait bien "

Un impact marginal

Dans quelle mesure la vidéoprotection apporte des indices ou des preuves permettant d’élucider des enquêtes judiciaires ? Cette question a justement été au cœur d'une étude, publiée en 2021, à l'initiative du Centre de Recherche de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN) et menée entre autres par le chercheur Guillaume Gormand. L'étude conclut que si cette technologie peut contribuer au travail d’investigation, elle n’apporte concrètement des informations utiles à l’investigation que dans une proportion marginale d’enquêtes.

Menée à partir de données collectées entre 2017 et 2020, l'étude a été réalisée dans différentes communes de l’Isère, plus ou moins bien équipées en vidéoprotection, de façon à avoir un échantillon représentatif des communes françaises. Les résultats obtenus dans ces communes "tests" ont ensuite été comparés à ceux obtenus dans des communes non équipées de caméras.

Une affaire élucidée sur vingt 

Il en ressort que sur 1939 affaires examinées, seules 22 de celles qui ont été résolues l’ont été grâce à des indices ou des preuves tirées d'images de vidéosurveillance. Ce qui fait 5,87 % des enquêtes élucidées. Environ une sur 20. La valeur ajoutée du recours aux images de vidéosurveillance est plus importante pour les cambriolages (10,9%) que pour les affaires de violences (5,2%).

Cette faible plus value de la vidéosurveillance dans la résolution d’enquête avait déjà été pointée en 2018 par le sociologue Laurent Muchielli. La contribution des images de vidéosurveillance aux enquêtes des policiers ou des gendarmes, écrivait-il alors, n’est "évidemment pas nulle, mais elle est marginale". 

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