"Enzo" : magnifique film en duo sur les affres de l'adolescence

Laurent Cantet est mort en 2024 mais son ami et coscénariste Robin Campillo a pris en charge le tournage d'Enzo, comme un hommage et un dernier geste de fidélité. Et c'est ce que voulait Laurent Cantet, que ce film existe et lui survive. C'est d'autant plus pertinent et émouvant que les deux complices ont un talent commun pour évoquer l'adolescence.

Enzo est un beau jeune homme de 16 ans, qui vit dans une villa luxueuse au-dessus de La Ciotat près de Marseille, mais si ses parents et son frère aîné sont dans la réussite sociale, il dénote dans cette famille bourgeoise. Enzo suit un CAP de maçonnerie et dans la torpeur d'un été, il s'échine sur un chantier. Une différence qui suscite une bienveillance apparente, les tensions apparaissent tandis que lui expérimente son autonomie au contact des ouvriers, notamment avec un Ukrainien qui le trouble.

Ici le drame familial est feutré, la violence plus symbolique qu'explosive, une délicatesse dans le traitement du sujet commun à Laurent Cantet et Robin Campillo. Et c'est avec le père Pierfrancesco Favino que la relation est la plus tendue, quand la mère Elodie Bouchez cherche plus à comprendre. Le casting est excellent et on découvre sous les traits d'Enzo le jeune Eloy Pohu qui est parfait dans le rôle.

28 ans plus tard de Danny Boyle

Troisième chapitre (qui en annonce deux à venir) d'une saga autour de personnes infectées par un virus maléfique et puissant, saga initiée par Danny Boyle lui-même avec 28 jours plus tard en 2002, et donc 28 ans après l'apparition de ce virus de la Fureur.

Nous revoici en Angleterre, devenue une surface en quarantaine sur laquelle les rares survivants ont appris à "cohabiter" avec ces dangereux zombies, où une petite communauté survit sur une île minuscule et coupée du monde. On y rencontre Jamie et son fils Spike, qui parfois se rendent sur le continent pour apprendre à tuer les fameux infectés.

Mais devinez quoi ? Une imprudence de trop va provoquer l'arrivée d'au moins un zombie sur ce petit territoire préservé et engendrer des catastrophes en chaîne. Un mélange de bêtise et de masculinité que Danny Boyle lui-même met en parallèle avec le COVID, pour le côté baisse de vigilance, et le Brexit, pour l'erreur de jugement et l'aspect rétrograde, selon lui.

28 ans plus tard est du pur Danny Boyle, qui a parfois tendance à surcharger un peu ce que peut encaisser notre rétine, mais sa mise en scène est diablement moderne pour un réalisateur de 68 ans qu'on a parfois traité de "ringard". Le film s'appuie notamment sur des séquences filmées par une vingtaine d'iPhones disposés en arc de cercle pour multiplier les angles et les effets. Et plusieurs scènes assez baroques restent dans la tête, comme cette montagne de crânes ou ce montage introductif apocalyptique scandé par un poème méconnu et flippant de Rudyard Kipling. Un excellent divertissement, pour résumer.