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Mazan, un procès pour l'Histoire (3/5) : quand la défense choque

L'épisode se concentre sur les stratégies de défense, souvent qualifiées de choquantes, employées par les avocats des accusés du procès des viols de Mazan, incluant le déni de viol et des attaques visant la crédibilité de la victime.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Me Guillaume de Palma, le 20 novembre 2024 au tribunal d'Avignon. (CHRISTOPHE AGOSTINIS / MAXPPP)
Me Guillaume de Palma, le 20 novembre 2024 au tribunal d'Avignon. (CHRISTOPHE AGOSTINIS / MAXPPP)

Ce procès a mis en lumière des stratégies de défense qui ont suscité la polémique et l'indignation. Le nombre d'accusés est exceptionnel, créant un défi logistique pour le tribunal, avec un box supplémentaire ajouté pour les accueillir. Parmi ces accusés, 32 comparaissaient libres. Les accusés étaient d'âges et de milieux sociaux très variés, mais partageaient une consommation importante de pornographie et la fréquentation du site coco.fr, par lequel ils ont rencontré Dominique Pelicot, l'un des principaux accusés.

Dominique Pelicot se distingue des autres accusés. Il est accusé d'avoir commis au moins 200 viols sur son épouse et il reconnaît les faits. Il se positionne comme un "deuxième procureur", enfonçant les autres accusés et expliquant ses actes par des abus sexuels subis durant son enfance. Les autres accusés, au contraire, ont nié le viol, reconnaissant la pénétration mais niant l'intention de viol. Ils ont affirmé avoir cru participer à un jeu libertin et ont même invoqué le consentement du mari comme justification. Les avocats ont soutenu cette stratégie de défense, allant jusqu'à demander l'abolition du discernement de leurs clients. Cette ligne de défense a été critiquée comme étant "d'un autre âge" par les avocats généraux.

Des stratégies de défense suscitant les polémiques

Les stratégies de la défense ont été marquées par des outrances. "Il y a viol et viol et, sans intention de le commettre, il n'y a pas viol", a affirmé, mardi 10 septembre, Guillaume de Palma, suscitant la colère des parties civiles. La défense a cherché à discréditer la victime, Gisèle Pelicot, suggérant qu'elle n'était pas si endormie et peut-être consentante. La victime dans cette affaire a également été malmenée lors des questions de la défense. Une autre avocate, Me Nadia El Bourimi, a suscité la polémique par son comportement, tant pendant le procès qu'en dehors sur les réseaux sociaux.

Les avocats de la défense ont présenté leurs clients comme des victimes, manipulés par Dominique Pelicot et victimes de la pression médiatique et de l'instrumentalisation par des féministes. Ils ont aussi parfois présenté leurs clients comme des "esprits faibles" pour atténuer leur responsabilité. Les avocats ont également ironisé sur la notion de consentement et sur la possible évolution du code pénal.

Le ministère public, quant à lui, a insisté sur la nécessité d'une prise de conscience collective, pour un changement profond du système de pensée. L'ensemble des accusés ont écopé de peines allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis, jusqu'à vingt ans de réclusion. Sur les 51 accusés condamnés, 17 ont décidé de faire appel du verdict rendu par la cour criminelle du Vaucluse le 19 décembre. Dominique Pelicot a accepté sa condamnation en première instance. Cette annonce ouvre la voie à un procès en deuxième instance, qui aura lieu à la fin de l'année 2025 devant la cour d'assises du Gard.


"Mazan, un procès pour l'Histoire", un podcast franceinfo produit par Mathilde Lemaire, avec Pauline Pennanec'h, réalisé par Marie Plaçais. Prises de son :  Jordan Fuentes, Sélim Gheribi. Mixage : Raphaël Rasson. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify ou Deezer.

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