L'Allemagne et l'Autriche en pleine confusion politique

Dans ces deux États membres de l'Union européenne de langue allemande la crise gouvernementale s'est installée. En Autriche, l'extrême droite est même aux portes de la chancellerie.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Autriche. A Vienne, le chef du parti d'extrême droite Herbert Kickl (à droite) face au chancelier et chef du parti conservateur ÖVP, Karl Nehammer, lors du débat télévisé pré-électoral le 23 septembre 2024. (JOE KLAMAR / AFP)
Autriche. A Vienne, le chef du parti d'extrême droite Herbert Kickl (à droite) face au chancelier et chef du parti conservateur ÖVP, Karl Nehammer, lors du débat télévisé pré-électoral le 23 septembre 2024. (JOE KLAMAR / AFP)

En Autriche, le chancelier a démissionné, samedi 4 janvier, après l’échec des négociations sur la formation d’un nouveau gouvernement de coalition. C’est désormais le chef de l’extrême droite, Herbert Kickl, qui est chargé de trouver une majorité. En Allemagne, la situation est tout aussi mouvementée avec des élections législatives prévues le 23 février prochain. Analyse de ce contexte avec Kai Littmann, le directeur d'eurojournalist.eu.

franceinfo : En Autriche, Herbert Kickl veut être le nouveau chancelier ?

Kai Littmann : Oui, le leader du FPÖ, représentant les nationalistes autrichiens, a réclamé la Chancellerie en proclamant :"Je ne serai pas le chancelier fédéral, mais le chancelier du peuple." L''évolution de la situation en Autriche est dangereuse pour l'UE, car le FPÖ défend des positions antieuropéennes et va d’une certaine façon rejoindre les États de Visegrád, un groupe de quatre pays de l'UE appartenant à l'Europe médiane : Hongrie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie, pays avec lesquels il s'entend bien. Herbert Kickl est contre le soutien à l’Ukraine, il est contre les sanctions contre la Russie, et avec les positions qu'il défend, ça va même être très difficile de former une coalition avec l’ÖVP, les conservateurs qui étaient au pouvoir jusqu'à maintenant, parce qu’ils ne sont pas très compatibles sur ces positions-là.

Quant à l'Allemagne, le président allemand a dissous le Bundestag, vers quoi se dirige le pays ?

Il faut rappeler qu’il y a deux partis, on va dire entre guillemets, extrémistes, l'AfD, là, on peut parler des nationalistes de l'extrême droite, et à l'extrême gauche, il y a le BSW, le Bündnis Sahra Wagenkneicht. Actuellement, on assiste à un phénomène assez intéressant : le BSW, donc cette extrême gauche – qui est aussi un peu extrême droite – est en train de perdre énormément de vitesse. Ils sont redescendus de 11% à 3% dans les sondages. On risque donc probablement, en Allemagne, d'avoir ce qui était appelé à l'époque la grande coalition. Une coalition entre CDU, SPD, qui risque d'avoir une courte majorité lors des élections anticipées. Mais c'est probablement la dernière fois que ce "mur coupe-feu", le barrage républicain ou le cordon sanitaire comme on dit aussi parfois, fonctionnera en Allemagne.

Il faut rappeler que Sahra Wagenkneicht est issue du Parti communiste de l'Allemagne de l'Est. Mais, qu'en est-il de l'AfD ?

Elon Musk a appelé Alice Weidel, la candidate à la chancellerie de l'AfD. Pour avoir suivi ce "direct" sur X, c'était absolument extraordinaire. On voit très clairement qu'Elon Musk soutient tous les mouvements néo-nationalistes en Europe, ça devient carrément rocambolesque. L'AfD est actuellement bien noté dans les sondages. Ce ne sera pas suffisant pour participer au prochain gouvernement. Mais je l’ai dit, c'est probablement la dernière fois que l'ultra extrême droite allemande ne peut pas accéder au pouvoir. L'AfD est-elle vraiment l'élément déstabilisateur en Allemagne, c'est aussi un vivier pour plein de groupuscules militants violents, d'ultra extrême droite.

Quand vous nous parlez d'une dernière coalition allemande, quelles sont ses chances de vie, voire de survie après le 23 février, date des élections législatives ?

C'est très difficile à prévoir parce que si jamais le score suffisait pour une coalition, CDU/ SPD, elle aura dans ce cas-là une très courte majorité. Considérant les positions très incompatibles entre les deux partis, ce serait un mariage contre nature, si je peux dire ainsi. Et donc la survie : grand point d’interrogation. C'est un peu une situation comme en France, où la durée du gouvernement actuel est aussi un grand point d'interrogation.

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