Avec l'IA, risque de pollution et de saturation de l’espace informationnel

Les algorithmes produisent à l’envi des textes, des images ou des vidéos. Mais cette facilité de production n’est pas forcément vertueuse.

Internet est certainement un lieu formidable pour acquérir des connaissances et partager des avis. C'est aussi un terrain d’affrontements pour conquérir les opinions publiques. Cela existe depuis des années, avec par exemple des officines publiant des contributions dans les espaces collaboratifs des sites Internet de médias afin de mettre en avant les intérêts de leurs clients. Cette technique s’appelle l’astroturfing.

Elle consiste à faire croire, notamment par une série de publications en ligne coordonnées et bien référencées, qu’il existe un mouvement spontané de l’opinion en faveur de, ou contre, telle cause ou personnalité.

Une industrialisation des publications avec l'IA

La multiplication des publications, grâce à la production algorithmique, est un phénomène bien réel. Avec la fabrication de prétendues images d’actualité, en copiant ou en traduisant des extraits d’articles issus de titres de presse, voire en produisant au kilomètre des écrits qui vont encombrer les fils d’information. C’est donc possiblement une combinaison de plagiats, de productions automatisées et de traductions à la volée.

Ces textes parviennent même à être référencés par la rubrique "Actualités" de Google, contribuant, de fait, à améliorer leur visibilité. D’autant que ces articles sont souvent hébergés sur des sites Internet qui donnent l’apparence du sérieux éditorial, et se citent les uns les autres pour asseoir leur crédibilité et optimiser leur référencement sur les moteurs de recherche.

Viginum, le service de l’Etat français dédié à la protection contre les ingérences numériques étrangères vient de consacrer un rapport qui présente en détail les menaces liées aux risques de manipulation de l’information par l’emploi de l’intelligence artificielle.

La riposte ? L'esprit critique et la technologie

Il faut évidemment prendre le temps de l’analyse et de la réflexion pour apprécier les informations que l’on reçoit. En vérifiant la source et en cherchant à la recouper avant de céder à l’émotion et à une surréaction. Le recours à l'IA n'est pas coupable en soi, ce sont bien les usages malintentionnés à des fins de manipulation ou d'occupation du champ informationnel qui sont problématiques.

Le média indépendant Next propose une initiative intéressante : une extension gratuite pour les navigateurs Chrome et Firefox (qui vous permettent d’accéder à Internet). Elle fait apparaître un message d’avertissement quand le site que vous visitez contient des contenus fabriqués par des IA. Des indicateurs techniques ont déjà été répertoriés, caractérisant les publications générées par des algorithmes, ainsi que plus de 1.500 sites. Un travail mené dans un souci de transparence et d’éducation des internautes et mobinautes.