Le recours à l’intelligence artificielle concurrencerait en priorité le recrutement de jeunes salariés

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L'université de Stanford chiffre l'impact de l'adoption de l'IA dans les entreprises sur les emplois proposés aux Etats-Unis : les jeunes diplômés sont les premiers touchés par cette baisse des recrutements. Tandis que les seniors valorisent leur expertise face à des IA encore peu apprenantes.

Nicolas Arpagian

Radio France

Publié le 07/09/2025 17:00

Temps de lecture : 3min

Les seniors sont moins touchés par la concurrence de l'intelligence artificielle que les jeunes salariés. (FG TRADE / E+ / GETTY IMAGES)

La mise à disposition pour le grand public de l’outil d’intelligence artificielle ChatGPT, à l’automne 2022, permet de dater le déploiement de cette technologie dans la vie quotidienne des particuliers mais aussi des entreprises.

Différents concurrents sont ensuite venus occuper le marché (Google, Meta, Mistral AI, etc.) avec des solutions permettant d’automatiser des tâches ou de mécaniser la création de contenus. Très en pointe sur les questions technologiques, l’Université de Stanford en Californie, a choisi d’étudier leur impact sur les recrutements de salariés.

Les 22-25 ans particulièrement concernés

Les 3 auteurs ont analysé de 2022 à juillet 2025 les fiches de paie de 25 millions de salariés à temps plein âgés de 18 à 70 ans, travaillant dans 90.000 entreprises aux Etats-Unis.

Ils n’ont retenu que les fiches de paie mentionnant une fonction parmi les 7.000 appellations reconnues, afin d’être en mesure de caractériser les emplois concernés. Ils les ont comparés à des données sur le déploiement de l’intelligence artificielle dans les entreprises.

Leur conclusion est formelle : les postes proposés aux jeunes salariés de 22 à 25 ans récemment diplômés ou débutants dans des activités ayant recours à l’intelligence artificielle (notamment les services de relations clients, la comptabilité, le support administratif ou le développement de logiciels de moyenne gamme) ont baissé de 13% de 2022 à 2025.

Les plus de 35 ans encore préservés

Les chercheurs constatent pour les postes concernés une diminution du nombre d’emplois plutôt qu’une baisse des salaires proposés. C’est donc bien un remplacement des professionnels et non une simple concurrence financière à la baisse.

Ils n’ont pas mesuré d’effet sur les postes des personnes plus expérimentées. Notamment à partir de l’âge de 35 ans. Ce qui les incite à penser que, jusqu’à présent, l’IA sert à effectuer des tâches standardisées comme la saisie de textes, des tests logiciels simples voire des réponses à des demandes basiques. Ce sont des missions souvent dévolues à de jeunes recrues.

À l’inverse, l’expérience accumulée par les seniors permettrait à ces derniers de mieux gérer les situations complexes et de procéder à des arbitrages avec davantage de valeur ajoutée.

Cela pose la question d’une refonte des enseignements afin de prendre en compte cette nouvelle forme de concurrence professionnelle, pour mieux accompagner les jeunes diplômés lors de leur entrée dans le marché du travail. Cela concerne aussi certainement la France même si on ne dispose pas encore de données de comparaison.