Les internautes sont mis à contribution pour identifier les éléments de décor des publications pédocriminelles

Des détails vestimentaires ou des meubles présents sur des lieux de tournage de contenus pédocriminels sont présentés aux internautes par Europol afin de collecter des indices et de localiser les victimes.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La facilité d’emploi des téléphones portables contribue à la multiplication des contenus pédocriminels. (PHILIPPE LAURENSON / MAXPPP)
La facilité d’emploi des téléphones portables contribue à la multiplication des contenus pédocriminels. (PHILIPPE LAURENSON / MAXPPP)

Les photos ou vidéos mettant en scène des victimes, trop souvent des enfants, circulent à grande échelle sur les réseaux numériques. Il est difficile pour les enquêteurs à partir de ces publications d’identifier les personnes concernées et même de les localiser.

Pour augmenter ses chances d’aboutir dans ses investigations, l’agence européenne de police criminelle Europol a ouvert un site intitulé "Tracez un objet" sur lequel sont affichés des éléments de décor ou des vêtements présents sur des publications pédocriminelles.

Un internaute pourrait ainsi reconnaître un meuble ou un logo sur un tee-shirt. Cette démarche a permis, depuis son lancement en 2017, de mettre à l’abri une trentaine d’enfants et de poursuivre des auteurs d’abus. Ce dispositif a inspiré la Police fédérale australienne qui a instauré sa propre version avec des dossiers concernant la région Asie Pacifique. On y trouve par exemple des photographies de coussin, une cheminée dans un salon ou une tête de lit.

Des sessions de partage d'informations très productives

Il semble important, aussi, que les spécialistes des services d’enquête dans les différents services de police internationaux se réunissent régulièrement, physiquement, pour faire avancer leurs investigations.

Ainsi la 17ème édition du groupe de travail sur l’identification des victimes s’est tenue à La Haye (Pays Bas) pendant 15 jours à la mi-septembre 2025. Ils étaient 27 experts d’Europol et d’Interpol issus de 22 pays (avec pour la France des policiers de l’Office des mineurs et des gendarmes du Centre de lutte contre les criminalités numériques).

Tous ont travaillé dans la même salle pour analyser des images d’enfants victimes d’abus. Au final, ils ont été en mesure d’en identifier 51 à partir de quelque 300 jeux de données (photos, vidéos). Ces réunions physiques semblent particulièrement importantes pour stimuler le partage d’informations et la mise en commun des différentes expertises nationales.

L'IA générative adoptée par les pédocriminels

On constate, chez les pédocriminels, un recours croissant aux technologies de l’intelligence artificielle. Cela leur permet de créer de toutes pièces des contenus hyperréalistes, ou de modifier fortement des publications afin de rendre difficile l’identification d'un lieu de tournage ou de participants.

La facilité d’emploi des téléphones portables – avec d’importantes capacités de stockage de contenus – et la mise à disposition de modes d’emploi clés en main (sur les forums spécialisés du darkweb) pour manier sans compétences techniques les outils d’IA générative, contribuent à la multiplication des contenus pédocriminels.

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