Les robots sont désormais plus nombreux que les humains à utiliser Internet

L’adoption de l’intelligence artificielle favorise le développement d’automates qui se connectent à Internet, notamment pour conduire des activités malveillantes.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les robots ont pris la main sur Internet, en nombre de connexions, par rapport aux humains. (IMAGEBROKER / MAXPPP)
Les robots ont pris la main sur Internet, en nombre de connexions, par rapport aux humains. (IMAGEBROKER / MAXPPP)

Internet a été conçu pour permettre aux humains de communiquer entre eux. Pourtant, aujourd’hui, nous représentons une minorité des accédants à ce réseau.

L’année 2024 a marqué une bascule symbolique : pour la première fois – selon la 12ème étude annuelle publiée mi-avril 2025 par la société Imperva – une majorité (51%) des connexions à Internet dans le monde a été effectuée par des automates contre 49% par des internautes ou mobinautes de chair et de sang. La progression est spectaculaire au cours de l’année écoulée car le trafic des robots légitimes (par exemple ceux qui surfent automatiquement sur la Toile pour permettre l’indexation des pages web par un moteur de recherche) a chuté. Ce trafic est passé de 20% environ des connexions en 2023 à 14% en 2024, alors que leurs versions malveillantes ont considérablement augmenté, représentant aujourd’hui 37% des connexions, contre 19% un an auparavant.

Usages malveillants en nette hausse

Ces robots, en tant que tels n’ont évidemment aucune motivation propre. Ce sont leurs concepteurs et leurs commanditaires qui les utilisent pour conduire des activités frauduleuses. Par exemple, pour saturer l’accès à un site Internet d’une entreprise, d’une ONG ou d’une administration en multipliant les connexions simultanées. On parle alors d’opérations en déni de service afin de bloquer l’activité de sa cible. Cela peut être fait pour exercer un chantage financier ou à des fins idéologiques.

Ces programmes automatisés peuvent également être utilisés pour se connecter à un site Internet afin de récupérer des données. On parle alors d’attaque en force brute, quand le logiciel multiplie les tentatives d’essais en utilisant des batteries d’identifiants et de mots passe pour essayer de s’inviter dans le système ciblé. Cette même méthode sert pour créer à grande échelle des comptes fictifs afin, par exemple, de publier des commentaires favorables ou de dénigrement. Voire d’organiser des campagnes de communication donnant l’illusion d’une mobilisation spontanée d’internautes qui relaieraient les mêmes prises de position.

L’intelligence artificielle appelée en renfort

La mise à disposition de solutions d’IA génératives a certainement contribué à multiplier l’offre d’outils de connexion livrés clés en main à des personnes souhaitant conduire ce type d’activités malveillantes sans disposer de compétences techniques particulières.

On constate que les grands modèles de langage utilisés (LLM) imitent de mieux en mieux le comportement humain et tendent à leurrer les dispositifs de détection de robots, qui devront à leur tour miser sur l’IA pour améliorer leurs performances.

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