Si les machines apprennent à tout faire, quelles sont les compétences que les humains doivent d'ores et déjà privilégier ?

Avec la concurrence annoncée de l'intelligence artificielle, les professionnels mais aussi les citoyens doivent entretenir et développer des compétences tout au long de leur vie.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Comment l'intelligence humaine doit-elle se positionner face aux machines ? (illustration avec un robot présenté par la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn) (PICTURE ALLIANCE / GETTY IMAGES)
Comment l'intelligence humaine doit-elle se positionner face aux machines ? (illustration avec un robot présenté par la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn) (PICTURE ALLIANCE / GETTY IMAGES)

Qu'en est-il de l’évolution de l’intelligence humaine dans un monde où la connaissance est disponible partout ?

L’intelligence est une notion extrêmement complexe à apprécier et à mesurer. Surtout à l’échelle d’un pays. C’est la raison pour laquelle lorsque l’on s’intéresse aux aptitudes intellectuelles d’une population, on cherche davantage à évaluer les compétences maîtrisées par les individus. C’est l’objet d’une étude internationale de grande ampleur que vient de publier l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui porte sur les compétences de 160 000 adultes âgés de 16 à 65 ans et répartis dans 31 pays.

L’OCDE s’interroge dans cette enquête internationale – dont la précédente édition date de 2012 – sur le fait de savoir si les adultes d’aujourd’hui possèdent les compétences nécessaires pour s’épanouir dans un monde en mutation, notamment technologique.

Trois compétences prioritaires

L'analyse comparative porte sur trois expertises qu'il est primordial de posséder.

  • La littératie, qui est l’aptitude d’une personne à comprendre, interpréter et utiliser des informations contenues dans des textes écrits. Cela va donc au-delà du fait de savoir écrire ou lire. C’est la faculté à acquérir des connaissances et à les combiner pour développer une réflexion et une argumentation.
  • La numératie, qui est la capacité à comprendre et utiliser des informations chiffrées et des idées mathématiques. Il ne s’agit pas de viser la Médaille Fields – l’équivalent du Prix Nobel pour les Mathématiques – mais de gérer des situations de la vie courante intégrant des chiffres, des pourcentages ou des proportions.
  • La résolution adaptative des problèmes. Cette compétence permet d’identifier une solution à un problème dont les termes sont amenés à changer. Ce qui est particulièrement utile quand il s’agit de s’adapter, d’innover et de tirer parti des technologies qui nous entourent, qui sont par nature évolutives.

Des aptitudes disparates

Tous les pays n’obtiennent évidemment pas les mêmes résultats. Ainsi, le Danemark et la Finlande ont enregistré une forte hausse de leur niveau en littératie depuis 2012. Tandis que la majorité des autres pays baissent ou stagnent. En matière de numératie, c’est à Singapour et en Finlande que les progressions les plus fortes ont été mesurées.

La France maintient un niveau moyen de compétences assez stable. Mais selon l’OCDE, en France métropolitaine plus d’un adulte sur quatre manifeste une faible maîtrise des compétences lui permettant de bien utiliser l’information dans la vie quotidienne, quel que soit le domaine (28 % des adultes en littératie, 27 % en numératie et 30 % en résolution adaptative des problèmes). Plusieurs paramètres entrent en ligne de compte, notamment l’âge et le niveau d’étude. Par contre, la différence entre les hommes et les femmes est marginale.

Des compétences importantes pour évoluer au sein de la société de l'information

Principalement pour deux raisons.

D’une part, ces capacités sont de plus en plus mises à contribution dans des contextes professionnels où la numérisation des échanges et des transactions génère d’importantes quantités d’informations. On interagit de plus en plus avec des outils ou des machines qui sont pilotés par des systèmes numériques, qui produisent des informations qu’il nous faut interpréter et valoriser.

D’autre part, c’est également un enjeu démocratique et politique. Les citoyens doivent comprendre au mieux le monde dans lequel ils vivent, pour appréhender les problèmes qui se posent et apprécier la pertinence des solutions envisagées par les gouvernants ou les candidats lors des élections. Et cela malgré la complexité des sujets de société.

Un indispensable investissement dans la formation

Il faut assurer des formations initiales de nature à préparer les entrants sur le marché du travail à ces environnements en constante évolution. Il faut aussi veiller à déployer de la formation continue adaptée à ces mutations. On ne doit plus croire que les seuls diplômes initiaux seront suffisants toute au long d’une vie professionnelle.

Il faut également s’assurer que la manière de concevoir ces différents enseignements est adaptée. Pour que leurs matières et leurs méthodes pédagogiques soient cohérentes avec les facultés requises pour travailler, évoluer et s’épanouir dans un univers professionnel où les modèles d’intelligence artificielle seront certainement de plus en plus performants, et occuperont une place grandissante.

Un sujet technologique, donc, mais surtout très humain.

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