Profession : reporter. La Syrie entre pénombre et obscurité : "Notturno" de Gianfranco Rosi
Aux confins de l'Irak et de la Syrie, du cinéma et du journalisme, Gianfranco Rosi a tourné trois ans dans ces no man's land qui cherchent à échapper à la guerre, ses ravages et ses dévastations toujours d'actualité, même si l'actualité en parle moins. Déjà dix ans de guerre, et un film au titre évocateur pour illustrer les ténèbres "Notturno", Nocturne.
Notturno du cinéaste Gianfranco Rosi, sorti en salles le 22 septembre dernier, est un film sur la Syrie et l'Irak, même si jamais, le lieu de tournage n'est indiqué, en raison d'un parti pris pour souligner cette immensité territoriale coupée du monde.
Un film sur la guerre et ses ravages mais sans images de guerre
On ne voit ni affrontements, ni cadavres, ni bombes qui explosent. On entend au loin, comme un écho au-dessus d'une rivière, les tirs sporadiques, le bruit des kalachs. Un film sans images de guerre, mais avec des scènes difficiles autour de la guerre. Des enfants ont dessiné les atrocités qu'ils ont vécues, leurs propres parents torturés et égorgés sous leurs yeux, et auprès d'un psychotérapeuthe, ils commentent eux-mêmes leurs dessins, ajoutant moult détails que la scène ne décrit pas, faute de place sur le papier.
En restant un mois dans cette salle, Gianfranco Rosi a eu le sentiment de filmer une succession de témoignages qui lui rappelait une salle d'audience où l'on juge les crimes pour l'humanité. "Un procès Nuremberg". Les enfants décrivent avec minutie, d'un débit parfois saccadé, les horreurs de Daech, documentant ainsi tout ce qu'a enduré la communauté yezidi.
Les femmes, elles aussi, prennent les armes
Ce qui frappe aussi dans "Notturno", c'est la place prise par ces enfants, mais aussi les femmes. La guerre en Syrie ne les a pas épargnées. La guerre n'est pas une affaire d'hommes. On tue de très jeunes civils, sans hésitation, et les femmes prennent les armes. Une guerre déshumanise toujours, mais la violence abjecte entraîne la violence en réaction.
Les âmes sont noircies à force de douleur, et le film suit des ombres égarées qui essaient de survivre aux épreuves vécues. Les traumatismes teintent les regards d'un vide dans lequel personne ne peut entrer. La guerre détruit le collectif et Notturno suit une somme de solitudes en errance.
Après trois années de tournage et des mois de montage, Gianfranco Rosi apprend à vivre avec les cauchemars. Il y a des violences croisées qu'il n'a pas voulu montrer et qu'il a gardées pour lui. Quitte à voir sa propre âme se griser d'une teinte obscure, au diapason de son film. Les chocs psychotraumatiques se cachent souvent dans le crépuscule des fins de journée. Mais la vie continue. En Syrie, on apprend à conjuguer un temps nouveau : le futur suspendu.
Notturno de Gianfranco Rosi, un film à ne pas manquer, sorti le 22 septembre.
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