Pourquoi enseigner la philosophie dès le plus jeune âge ?
Les rencontres philosophiques de Monaco s'achèvent. L’occasion d’explorer un sujet qui peut surprendre : et si la philosophie, ce n’était pas que pour les grands ? Peut-on vraiment philosopher avec les enfants ? La réponse est oui, et même très tôt.
Philosopher dès 4 ans, c’est possible
La pratique philosophique fonctionne très bien avec les petits. Si vous avez des enfants de 4, 5 ou 6 ans dans votre entourage, vous savez à quel point leur curiosité est en ébullition. C’est l’âge des “pourquoi” :
Pourquoi la terre est ronde ?
Pourquoi meurt-on ?
Où étions-nous avant de naître ?
Les neurosciences le confirment : dès 4 ou 5 ans, l’enfant a des fonctions cognitives suffisantes pour saisir des notions abstraites simples. La philosophie est donc parfaitement adaptée aux élèves de maternelle ou d’élémentaire.
Le philosophe Frédéric Lenoir a bien perçu cette adéquation entre la curiosité enfantine et la démarche philosophique. Il a fondé l’association SEVE (Savoir Être et Vivre Ensemble) avec Martine Roussel-Adam, présidente du Fonds Ashoka, pour développer des ateliers philosophiques dans les écoles.
À quoi ressemblent ces ateliers ?
Concrètement, en classe, les enfants se mettent en cercle autour de l’enseignant ou de l’animateur. L’atelier dure 15 minutes avec les plus petits, jusqu’à 1h pour les plus grands. On utilise un bâton de parole, ou parfois un objet lumineux ou un tambourin pour marquer le début de l’échange.
Quelques règles sont posées : On ne se moque pas. Personne n’a “raison” ou “tort”. On attend d’avoir le bâton pour parler.
L’enseignant ou l’animateur lance ensuite le débat. Par exemple, autour de la notion d’amitié :
C’est quoi un ami ?
Comment sait-on qu’on est amis ?
Est-ce qu’on est toujours heureux avec ses amis ?
À quoi ça sert les amis ?
L’adulte reformule, distribue la parole, relance la réflexion, puis propose une synthèse à la fin de l’atelier, en reprenant les idées exprimées par les enfants.
Qu’est-ce que les enfants en retirent ?
Beaucoup de choses. D’abord, ils apprennent à penser par eux-mêmes, à analyser des arguments, à explorer plusieurs points de vue. À une époque où les fausses informations et les contenus douteux foisonnent, c’est un outil précieux.
Ensuite, philosopher les oblige à choisir leurs mots, à structurer leur pensée, à formuler clairement ce qu’ils pensent. Ils découvrent que le langage est un outil de la pensée.
Autre bénéfice essentiel : l’écoute. Ces ateliers sont conçus pour que les élèves entendent des opinions différentes, dans un cadre respectueux. C’est la base même de l’éducation à la citoyenneté.
Et puis, ces ateliers renforcent la confiance en soi. Prendre la parole devant les autres, constater que son opinion est écoutée et valorisée, participer à une réflexion collective, tout cela contribue à s’épanouir.
Favorables à la réussite scolaire
Il est difficile de mesurer exactement l’impact, mais plusieurs études scientifiques suggèrent que les activités philosophiques renforcent des fonctions essentielles comme la concentration, l'adaptation et la résistance aux distractions.
De plus, ces ateliers s’inscrivent dans une démarche bienveillante, à hauteur d’enfant, et l’on sait que les enfants apprennent mieux dans des contextes émotionnels positifs.
Pour les parents ou grands-parents qui veulent tenter l’aventure, retrouvez en librairie ou en bibliothèque un petit livre très bien fait : “100 questions (hautement) philosophiques que vous posent vos enfants” par Chiara Pastorini, publié aux éditions Solar.
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