Pourquoi le numérique doit être considéré dans l’éducation à la sexualité

Tandis que le ministère de l’Éducation nationale présentait, le 29 janvier dernier, son programme dédié à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, Amélia Matar nous parle de la question du numérique dans cette éducation.

Article rédigé par Amélia Matar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'éducation à la sexualité, dans les écoles, ne doit pas occulter l'impact du numérique et des écrans. (RÉMY PERRIN / MAXPPP)
L'éducation à la sexualité, dans les écoles, ne doit pas occulter l'impact du numérique et des écrans. (RÉMY PERRIN / MAXPPP)

Les adolescents, parfois très jeunes, sont massivement exposés à des contenus pornographiques qui vont à l’encontre des principes d’égalité, de respect du consentement et de lutte contre les violences sexuelles, que la société cherche normalement à transmettre.

Les chiffres sont édifiants : l’âge moyen de la première confrontation à du porno est de 10 ou 11 ans selon les sources, alors qu’il était encore de 14 ans en 2017. Une étude de l’ARCOM de mars 2023 rapporte que 2,3 millions de jeunes de moins de 18 ans se rendent sur des sites pornographiques chaque mois, et 10 % d’entre eux tous les jours.

Le consentement est un sujet majeur

Les études ne sont pas claires, mais la question mérite d’être posée. Justine Atlan, directrice de l’Association e-Enfance, a été interrogée à ce sujet. Son constat est sans appel : ces contenus sont régressifs et un accompagnement éducatif est essentiel. Reconnue d’utilité publique, son association sensibilise enfants, adolescents, parents et professionnels aux problématiques du harcèlement et des usages numériques.

Le consentement est un sujet majeur, car il est régulièrement bafoué, notamment dans les cas dits de revenge porn, à savoir la diffusion non consentie de contenus intimes à des fins d’humiliation. Il s’agit souvent de photos, vidéos ou messages à caractère sexuel, partagés initialement dans un cadre privé, mais rendus publics sans l’accord de la personne concernée. Ce phénomène survient fréquemment après une rupture conflictuelle et il est étroitement lié à la pratique du sexting – contraction de "sex" et "texting" – qui consiste à échanger des contenus intimes via SMS ou messagerie instantanée, une habitude répandue chez les jeunes.

Cette question du consentement revêt plusieurs formes, notamment numériques, et une éducation dès le plus jeune âge est impérative pour protéger les enfants de ces dérives.

Quel rôle pour les parents ?

Les parents ont un rôle à jouer dans cette éducation, même si ce n’est pas une tâche facile. Au-delà du sexting et du revenge porn, d’autres menaces existent, comme le grooming qui consiste à feindre des sentiments pour duper son interlocuteur, souvent une jeune fille, afin d’obtenir des photos dénudées. Ces photos, appelées nudes, peuvent ensuite être utilisées pour de la sextorsion, une forme de chantage visant à obtenir d’autres images ou de l’argent sous la menace d’une diffusion publique.

Ces nouvelles pratiques, complexes et en constante évolution, rendent les parents souvent démunis. Outre le contrôle parental à installer sur les terminaux des enfants pour les protéger au mieux, il est essentiel d’ouvrir un dialogue avec eux, même si cela peut sembler difficile.

Pour aborder ces sujets, les parents peuvent se procurer le livre publié chez Albin Michel en 2022 : Corps, amour et sexualité, de Charline Vermont. L’ouvrage regroupe 120 questions que les enfants sont susceptibles de poser, avec des réponses adaptées selon l’âge, de 5 à 14 ans. Certaines concernent justement les problématiques liées au numérique.

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