"Il y a deux symboles en France : le Tour de France et la Tour Eiffel", selon Jean Viard

De la caravane publicitaire à la course, en passant par les paysages et la valorisation du patrimoine, le Tour de France, qui débute samedi à Lille, représente une "grande fête, un de ruban festif se déployant sur le territoire", estime le sociologue Jean Viard.

Article rédigé par Thomas Séchier - Jean Viard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jonas Vingegaard salue la foule rassemblée sur la Grand' Place de Lille, lors de la présentation du Tour de France, à Lille, le 3 juillet 2025. (LOIC VENANCE / AFP)
Jonas Vingegaard salue la foule rassemblée sur la Grand' Place de Lille, lors de la présentation du Tour de France, à Lille, le 3 juillet 2025. (LOIC VENANCE / AFP)

Le 112e Tour de France démarre samedi 5 juillet depuis Lille. Un événement "festif" et "gratuit" rappelle le sociologue Jean Viard. La popularité de la Grande Boucle est, selon lui, liée à la valorisation de l'effort, mais aussi à la façon dont la télévision retransmet ce spectacle en magnifiant la France. L'épreuve, qui va de nouveau rassembler plus de 10 millions de Français sur les routes et 40 millions de téléspectateurs, selon les chiffres dévoilés par France Télévisions,"valorise par ce qu'il a de plus beau", estime le sociologue.

franceinfo : Comment expliquer une telle popularité pour une course de vélo ?

Jean Viard :J'ai l'habitude de dire qu'il y a deux symboles en France : le Tour de France et la Tour Eiffel. Il y en a qui est un peu à l'horizontale, qui parcourt le sol, la nation, et un autre qui est en hauteur et qui symbolise la puissance de l'industrie. Je mets les deux dans la même catégorie. Dans mon enfance, parmi les coureurs du Tour de France, il y avait encore des mineurs et des gens qui venaient des montagnes. C'était vraiment des gens dont la force physique était liée, au fond, à leur métier. Maintenant, on a affaire à des très grands sportifs hyperentraînés, un peu comme dans le foot. Ce sont maintenant des athlètes absolument puissants. Il y a une dimension d'effort, de travail, de volonté. Ce sont des efforts extraordinaires. J'aime bien de temps en temps valoriser le travail, l'effort et la réussite.

Le Tour de France est un événement gratuit pour les spectateurs, ce qui peut aussi expliquer cet engouement ?

Bien sûr, c'est un événement gratuit, c'est aussi festif le long de la route, entre les gens. Il n'y a pas seulement des cyclistes, il y a, comme vous l'avez dit, 10 millions de spectateurs. Ces spectateurs se parlent, ils blaguent entre eux, ils boivent un coup, ils essayent d'attraper un ballon [de la caravane publicitaire]. C'est une grande fête. En fait, c'est une espèce de ruban festif qui se déploie sur le territoire. Je pense que le camping-car a renforcé cet aspect. Il y a quasiment des professionnels du Tour de France, qui viennent à toutes les étapes, qui connaissent les bons coins, etc. Enfin, il y a l'hélicoptère qui suit aussi la course et qui au fond, nous offre un spectacle magnifique. Des téléspectateurs du monde entier voient la France, ses châteaux, ses montagnes, ses rivières. C'est une France magnifiée parce qu'on enlève ce qui n'est pas joli. Cela renforce l'image nationale du territoire et le valorise par ce qu'il a de plus beau.

Est-ce que vous diriez que le Tour a évolué avec la société ou reste-t-il toujours immuable dans son rituel ?

Je le trouve fondamentalement immuable. Bien sûr qu'il y a eu des évolutions techniques, notamment celles des vélos. On n'est plus à l'époque des cyclistes qui allaient faire réparer leur bicyclette chez le maréchal-ferrant. On a également eu une période de drogue, de dopage, qui a obscurci le spectacle, mais ça reste la même aventure. Je crois que c'est ça qui est magnifique. À travers toutes les évolutions techniques, ça reste la même chose. Ce sont des hommes au combat pour gagner une course. Évidemment, ils ont des oreillettes, ils ont des directeurs de course qui les aident dans leur stratégie,mais sur le fond, c'est quand même le coup de pédale qui fait la différence.

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