Punaises de lit : pour Jean Viard, "Il faut arrêter d'affoler la société, on a une guerre à mener, c'est celle contre le réchauffement climatique"
C'est peut-être l'inquiétude la plus médiatisée de la semaine : la menace des punaises de lit. Que signifie cet emballement médiatique ? Une question de société sur laquelle se penche le sociologue Jean Viard aujourd'hui.
La menace des punaises de lit, hypermédiatisée cette semaine en France, et même outre Atlantique où. la presse américaine parle de cette nouvelle psychose française.
franceinfo : Que faut-il penser et décrypter Jean Viard, par rapport à cette information qui a inquiété beaucoup de Français ?
Jean Viard : C'est surtout devenu une question politique, à cause des Jeux olympiques. Parce que la punaise de lit ne tue pas, elle est très désagréable, mais elle ne tue pas. Et le problème, c'est que la punaise de lit, ça a une cinquantaine d'années. Mais il y a 50 ans, on avait utilisé les produits déjà qu'on avait utilisé en Camargue pour supprimer les moustiques, et on était arrivé en gros à les faire un peu disparaître, mais pas disparaître, muter. Du coup, la punaise de lit qui revient maintenant, d'abord elle a une peau beaucoup plus épaisse. Et elle a produit un anticorps contre nos produits démoustiquants.
Et après, il se trouve que le gouvernement, les pouvoirs publics, considéraient que c'était un problème privé, comme si vous avez des souris chez vous, on n'appelle pas tout de suite la gendarmerie, on essaye de s'en débarrasser. Et puis la presse internationale a commencé à rigoler à cause des Jeux olympiques, notamment les Américains. Mais si on vient en France, etc. Du coup, ça devient un problème politique.
La question est : comment on essaye que la France fasse un signe pour dire qu'elle va faire reculer ce problème, alors que la vérité, c'est que c'est devenu un business absolument extraordinaire. Il y a presque 900 millions de chiffre d'affaires de ceux qui enlèvent les punaises de lit. Plus de 3.500 entreprises se sont créées. Mais c'est d'abord, je crois, l'effet des Jeux olympiques qui fait que la politique s'en est saisie.
Mais ce n'est pas qu'une psychose, ça existe, même s'il y a peut-être un peu d'exagération ?
Absolument. Il y a à peu près 1 famille sur 7 qui a été confrontée à ces salles bestioles. Ça a occupé un creux, après le tremblement de terre de Marrakech, tout d'un coup, on a sorti la punaise de lit, dans une espèce d'ambiance catastrophique, qui est le propre de notre société médiatique. Il y a une espèce de concurrence entre les médias que je comprends. Mais en même temps, on fait monter en permanence un sentiment d'urgence et de catastrophe qui est extrêmement inquiétant, qui inquiète toute la société. Parce qu'évidemment, par exemple, la SNCF, 37 clients ont dit : "on a vu des punaises". La SNCF, dit nous, on est allé vérifier, il n'y en avait pas, il y avait autre chose.
Il y a une espèce de parano, une peur dès qu'on se gratte. Rappelez-vous, l'année dernière, c'étaient les chevaux retrouvés mutilés dans les champs, pendant 15 jours, un mois. Puis on s'est rendu compte que c'était faux. Il y avait des accidents successifs liés à des accidents. Je pense qu'il faut qu'on fasse très attention. Il faut arrêter d'affoler la société parce que ça insécurise les populations, ça nous insécurise tous. Il faut un peu pour calmer le jeu.
Est-ce que nous n'aimons pas aussi nous faire peur collectivement ?
Ça, c'est vrai, il y a un phénomène d'accélération, mais il y a des grandes peurs. Je vous rappelle qu'après la Révolution française, dans le sud de la France, on était certain qu'il allait y avoir des armées, des guerres, les gens ont fui. Les sociétés se racontent toujours des histoires tragiques. Nous, comme on est dans un monde ultra médiatique, il nous en faut une tous les trois jours, pour que ça maintienne notre intérêt.
Alors qu'avant, avec la Grande peur, on pouvait tenir plusieurs mois. C'est un des jeux de la vie, je le comprends très bien, se faire peur, se retrouver, se rassurer, ce sont des processus psychologiques, mais là, ça devient quasiment une espèce d'angoisse collective successive. On a une vraie angoisse en ce moment à mettre en avant, c'est le réchauffement climatique. On a une guerre à mener, c'est celle pour redresser la nature. C'est ça, l'objet central. Les autres, il faut faire attention de ne pas en faire des objets principaux.
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