Quitter ou pas le réseau X ? "Je pense qu'il faut plutôt continuer le combat", dit le sociologue Jean Viard

Faut-il ou non quitter le réseau social X d'Elon Musk ? La question se pose à la veille de l'investiture de Donald Trump, qui aura lieu lundi 20 janvier. Elon Musk propriétaire de X va rejoindre l'équipe du président américain. Son réseau social véhicule son lot de fausses informations et de complots qui se propagent à travers le monde.

franceinfo : Pourquoi les fake news se propagent-t-elles aussi facilement aujourd'hui dans notre société ?

Jean Viard : Le complotisme a toujours existé dans notre société. Les historiens en parlent parfaitement. Aujourd'hui, il y a davantage de place pour les fausses informations parce qu'il n'y a pas de débat de fond sur les questions de société. Si le complotisme se répand, c'est d'une part parce que les technologies le permettent, mais c'est aussi parce que les gens ont besoin de donner du sens à leur vie et que les politiques ne leur en donnent pas. Les religions non plus.

Avec les nouvelles technologies l'amplification est-elle d'un autre niveau ?

Il y a une accélération, c'est une évidence. Le problème, c'est qu'il y a aujourd'hui une prise de pouvoir de techno-conservateurs radicaux autour de Donald Trump. Ils maîtrisent presque tous les réseaux. Ce sont des gens qui étaient plutôt démocrates lorsqu'ils étaient jeunes, mais avec le temps, le pouvoir et l'argent ils ont basculé de l'autre côté. Ils se précipitent autour de Donald Trump avec et ils ont avec eux les hommes les plus riches du monde, les meilleurs systèmes de communication, la première armée, etc. Un énorme monstre se met en place.

Comment agir face à cela ?

C'est la question !  Est-ce qu'on va au combat ou est-ce qu'on s'en va ? Moi, je suis plutôt du côté du combat. J'ai tendance à penser qu'il ne faut pas partir de X. Il ne faut pas créer de bulle si vous voulez. 

"En termes de régulation, il faut maintenant voir si l'Europe aura le courage d'affirmer ses valeurs."

Jean Viard, sociologue

à franceinfo

C'est un enjeu absolument majeur, parce que l'Europe peut devenir le continent qui a une stratégie écologique et une stratégie de défense de valeurs. Sinon elle deviendra une officine subalterne de la toute-puissance américaine qui est en train de se construire. Mon angoisse, c'est qu'il n'y a rien en face de ces forces conservatrices dangereuses. Il y a une myriade de petites choses mais tout ça ne fait pas un système technico-progressiste. Le grand enjeu, c'est de savoir comment nous allons construire une vision du monde progressiste dans cet univers-là. Et à mon avis, ce n'est pas en se cachant sous la table qu'on va trouver une solution.