Vacances de février : pourquoi pas une semaine fixe et une autre que l'on peut "prendre quand on veut" ?, questionne le sociologue Jean Viard

Le mois de février correspond à la période où les stations de ski réalisent l'essentiel de leur saison. C'est aussi le mois où les locations à la montagne sont les plus chères. Pour le sociologue Jean Viard, si les questions d'aménagement sont inéluctables avec le réchauffement climatique, il convient aussi de réfléchir à l'organisation des vacances d'hiver.

Article rédigé par franceinfo
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Des vacanciers dans le centre de Chamonix, 29 décembre 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Des vacanciers dans le centre de Chamonix, 29 décembre 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Ce week-end du samedi 8 et dimanche 9 février marque le début des vacances scolaires d'hiver pour la zone B comprenant les académies d'Aix-Marseille, Amiens, Lille, Nancy, Metz, Nantes, Nice, Normandie, Orléans-Tours, Reims, Rennes et Strasbourg. Il va y avoir du monde sur les routes en direction des montagnes. En Savoie, sur la route de la Tarentaise, on attend environ 40 000 véhicules, samedi, sur cet axe qui vient de rouvrir après un spectaculaire éboulement. Avec le réchauffement climatique, l'avenir des stations de ski est plus que jamais d'actualité, certaines sont clairement menacées à court terme. Pour le sociologue Jean Viard, "il faut jouer sur l'espace, qui va se réduire, mais aussi sur la souplesse du temps".

franceinfo : À l'heure de questionnement sur le réchauffement climatique, est-ce que les vacances à la neige sont encore pertinentes ? 

Jean Viard : L'éboulement qu'on a vécu, c'est aussi lié, en partie sans doute, au réchauffement climatique. Il y a des grands moments de sécheresse, il y a des grands moments de pluies, donc forcément il y a plus d'éboulements en montagne, ce qui la rend plus dangereuse. Concernant la question du ski, il y a deux façons de la regarder. Il y a la vie de la montagne, qui a trouvé une économie extraordinaire avec la neige dans des zones où avant c'était très modeste, voire très pauvre. Il y avait de l'élevage, mais pas beaucoup plus. Là, il y a une économie très importante de la montagne. De l'autre côté, il y a évidemment les vacances des Français. Il y a moins de 10% des Français qui vont à la neige. Comme mode de vacances, c'est un peu minoritaire. Il va y avoir moins de neige, il y en a déjà moins, c'est visible avec les stations de basse altitude. Ce qui signifie que des stations vont devoir soit trouver de nouvelles activités, soit fermer. Et puis il y a les stations de haute altitude où il va y avoir plus de monde, ce qui signifie qu'elles vont être plus chères. Le ski va devenir de plus en plus un sport de luxe. Dans l'avenir, la partie haute de la montagne va s'en sortir pendant encore un long moment. Il y a des communes qui sont très innovantes, d'autres pas du tout. Il y en a qui continuent à attendre un peu que le paradis se remette à être en place. Il y en a qui sont en pleine phase d'innovation. C'est un grand sujet de débat. 

"Je pense que le grand enjeu des Jeux olympiques de 2030, c'est d'en faire un grand enjeu de réflexion national. C'est un enjeu majeur pour les montagnes et puis pour la population."

Jean Viard, sociologue

à franceinfo

Vous parliez des Jeux Olympiques de 20230 organisés dans les Alpes françaises, est-ce que les JO d'hiver sont encore des événements pertinents ? 

Je pense que oui. Il ne faut pas donner aux gens le sentiment que le changement climatique, c'est la fin de la vie. C'est un changement de vie. Une de mes grandes revendications, c'est que les vacances de février ne durent plus qu'une semaine et que la deuxième semaine, on puisse la prendre quand on veut. Pourquoi ? Parce que si on pouvait partir en famille ou en colo n'importe quand une semaine, on irait d'abord quand il y a de la neige et quand ce serait moins cher. Beaucoup de lits ne sont utilisés dans les stations que quatre semaines par an. Il est clair que si vous aviez la sortie du carcan scolaire au mois pour une semaine par an l'hiver, vous auriez une capacité à faire baisser les prix et donc à démocratiser la pratique. Il faut jouer sur l'espace, qui va se réduire, mais aussi sur la souplesse du temps. Je pense qu'on pourrait beaucoup aller vers une semaine de libre choix pour utiliser plus souvent la partie haute de la montagne. Pour l'économie de la montagne, c'est absolument capital. Des régions comme la Savoie, par exemple, sont construites sur ce modèle. C'est vrai aussi pour les Alpes du Sud. 

Est-ce que nos montagnes sont faites pour accueillir autant de monde ? 

Elles n'étaient pas faites pour ça, mais elles ont évolué. Là, on parle de 40 000 véhicules pour ce samedi. Ce n'est pas non plus énorme, à Paris, on ne les verrait pas. Sur une petite route pour entrer dans la vallée de la Maurienne ou autre, effectivement, là vous avez un problème. Il faut sans doute développer davantage les transports collectifs. Il y a sans doute des choses à faire. Il y a d'ailleurs des stations, où une fois qu'on est arrivés sur place, on ne touche plus sa voiture. Il y a des navettes électriques gratuites toutes les dix minutes. Il y a toute une réflexion à mener, mais, il n'y a pas de plus en plus de gens qui font du ski. Dans les gens qui font du ski, il y a beaucoup de gens qui sont allés habiter à Annecy, à Chambéry, à Grenoble. Les villes de montagne ont attiré "des fous de la neige" ou "des fous de l'escalade", ce qui leur permet de profiter de la montagne à la journée. Il y a aussi tous ces nouveaux usages qui se développent. 

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