Sous les projecteurs. Avec "Visages Villages", Agnès Varda et JR témoignent de "l'envie des gens d'être ensemble"
Agnès Varda présente à Cannes, hors compétition, "Visages Villages", un documentaire réalisé en duo avec le photographe JR.
Cannes et Agnès Varda, ça sonne comme une d’évidence quand, comme elle, en solitaire ou au bras de Jacques Demy par le passé, on fréquente la Croisette depuis plusieurs décennies. Pourtant, l'appréhension est parfois la même : "On croit qu'une fois que le travail est fini, qu'on a l'impression qu'on l'a bien fait, on est sûr que ça va aller et que les gens vont apprécier, explique Agnès Varda. Mais en fait, on a envie de savoir ce qu'ils pensent et qu'ils nous disent que c'est bien. On a envie d'être aimé".
Un documentaire touchant sur la France qu'on n'entend pas
Cette année, elle le dit elle-même, c’est pour accompagner un "film modeste" qu’elle est venue sous le soleil. Visages Villages est un documentaire, une balade en duo avec le photographe JR dans cette France, auprès de ces simples habitants, qu’on ne voit et n’entend pas toujours. C'est une rencontre touchante entre deux artistes qui placent l’image au-dessus de tout, la mémoire et le temps éphémère aussi. Cinquante ans les séparent, mais l’affection est réciproque. . JR parle même d'une "poète" quand il parle d'Agnès Varda
Agnès Varda m'a beaucoup inspiré par la manière dont elle racontait des histoires, les histoires toutes simples de gens simples mais avec de grandes histoires
Le photographe JR
Son travail en témoigne, Agnès Varda a toujours cherché l’histoire qui rapprocherait les gens. Ces petits riens d’une immense réalisatrice, celle de Cléo de 5 à 7 et de dizaines de documentaires. En 2008, Les Plages d’Agnès le résumait assez bien, en brossant en creux le portrait d'une amoureuse de l'image et de l'instantané. Aujourd’hui, avec Visages Villages, elle a l’impression de poursuivre le chemin. "Ce n'est pourtant pas nostalgique, réfute-t-elle. Ce que je trouve intéressant, c'est que les gens ont envie de faire du lien. Par exemple on a proposé d'organiser une grande fête dans un village abandonné, et plein de gens sont venus. On savait que ce n'était que pour un jour. Mais les gens ont envie d'être ensemble. C'est un besoin basique."
Expérience et humilité
Le festival de Cannes, certainement désireux de se rattraper de ne rien lui avoir jamais offert, avait placé une palme d’honneur entre ses mains il y a deux ans. Sur la scène du Grand Théâtre Lumière, forcément, c’est à Jacques Demy qu’elle avait immédiatement pensé, en larmes. "Dans la vie virtuelle que je continue à partager avec lui, aujourd'hui, il y a deux palmes qui ondulent doucement dans la brise de la Croisette," déclarait-elle, très émue.
Beaucoup d'expérience donc, mais une grande humilité également. "Je suis beaucoup venue à Cannes, j'ai connu des moments magnifiques, mais c'est une grande foire de cinéma et quand on vient montrer son film, on ne sait pas qui le regardera, qui le retiendra." A 88 ans, comme le dit JR dans Visages Villages, voici une œuvre – rendre compte du quotidien tout en le magnifiant – qui mérite, encore, d’être poursuivie.
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