Brian Wilson et "Wanted", le nouveau livre de Philippe Claudel

"Génie de la musique" pour Bob Dylan mais aussi pour les surfeurs de la petite plage californienne de Paradise Cove, Brian Wilson membre des Beach Boys s’est éteint, mercredi 11 juin. Derrière eux, le chanteur et ses acolytes laissent un souvenir ému et des airs joyeux de la côte ouest-américaine, comme l’explique le tenancier d’un café au micro de Benjamin Illy : "C'était les années 60. On allait à la plage tous les dimanches. On écoutait ça sur le petit poste de radio avec une espèce d'antenne pas possible."

Derrière la pop gaie, les textes simplistes et l'insouciance qu’inspire la musique de Brian Wilson, Vincent Lemerre, auteur du documentaire France Culture "The Beach Boys, ou la face cachée du soleil", souligne toutefois "un tempérament assez mélancolique que l’on devine en creux dans les premiers disques des Beach Boys". Et si la recette du surf, de "l'incarnation du soleil et de la joie de vivre" fonctionne à leurs débuts, la concurrence avec les Beatles, leurs homologues britanniques, va pousser les artistes vers une musique de plus en plus "ambitieuse" et "élaborée", "dans laquelle le tempérament mélancolique du chanteur va pouvoir s’exprimer".

“Cet imaginaire très puissant, très séducteur du surf de la Californie (...), c’est un écran qui cache ce génie romantique. Pour moi, c'est l'incarnation d'une figure romantique qui se serait égarée dans la Californie des années 60.”

Vincent Lemerre

à franceinfo

En 1967, cependant, Brian Wilson se lance "dans un album qui va le rendre fou". "À base de compositions par petites séquences", le projet Smile se révélera "tellement complexe" que le chanteur ne va "jamais réussir à assembler les pièces du puzzle." Si certaines chansons figurent dans quelques albums du groupe, cet échec plonge Brian Wilson dans une dépression dont "il ne sortira qu’extrêmement diminué" plus de trente ans plus tard. "Il n'y aura plus cette même impulsion artistique", appuie Vincent Lemerre.

Et pendant que certains fans continuent de participer, à leur échelle, à la résolution de ce casse-tête musical, d’autres continuent de faire vivre sur les côtes californiennes et Outre-Atlantique, les refrains cultes des Beach Boys. Wouldn’t it be nice ? 

Wanted, une farce géopolitique. 

Toujours sur les terres américaines, Philippe Claudel, président de l’Académie Goncourt, imagine dans son nouveau livre Wanted, une fiction grossière et loufoque du choc post-électoral qui frappe les Etats-Unis depuis janvier dernier. En s’emparant  de "la responsabilité de l'écrivain de produire quelque chose qui nous raconte cette époque et surtout qui nous redonne force et espoir" après "le coup de gourdin" des dernières élections, l’auteur s’inspire du trio Musk-Trump-Poutine pour imaginer que les deux premiers mettent à prix la tête du troisième. 

En se faisant les "héritiers directs de la mythologie américaine qui a été embellie par Hollywood, mais dont on sait qu'elle s'est construite sur les armes et sur le sang", Philippe Claudel rappelle que "ces hommes-là sont persuadés que parce qu'ils ont beaucoup d'argent, ils ont tous les droits." Autrement dit, sans puissance, pas de résultat et sans argent, pas de puissance. C’est ce que l’auteur définit dans Wanted comme la "wild diplomacy". "Une équation basique, mais qui leur donne une forme de certitude."

“Se moquer, c'est reprendre de la puissance, de l'énergie. C'est reprendre notre vrai rôle. Un citoyen, une citoyenne, ça doit être un esprit critique.”

Philippe Claudel

à franceinfo

En s’inspirant d’éléments réels comme la visite de Volodymyr Zelenski dans le bureau ovale, Philippe Claudel à fait le choix de "la fable,la farce et de l'humour pour dire : Écoutez ! Ne les prenons pas trop au sérieux, ils essayent de bouleverser l'ordre mondial, mais ce sont des clowns. Donc rions-en."

Wanted (éditions du Stock), de Philippe Claudel, disponible en librairie.