Cannes, entre "Volets verts" et tapis rouge

Dans Tout Public du 13 mai 2025, le verdict du procès de Gérard Depardieu accusé d’agressions sexuelles sur le tournage des "Volets verts" et l'ouverture de la sélection cannoise par Amélie Bonnin avec son long-métrage "Partir un jour".

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Bastien Bouillon et Juliette Armanet dans "Partir un jour" d'Amélie Bonnin, sortie le 13 mai 2025 (2025 TOPSHOT FILMS / LES FILMS DU WORSO / PATHÉ FILMS / FRANCE 3 CINÉMA)
Bastien Bouillon et Juliette Armanet dans "Partir un jour" d'Amélie Bonnin, sortie le 13 mai 2025 (2025 TOPSHOT FILMS / LES FILMS DU WORSO / PATHÉ FILMS / FRANCE 3 CINÉMA)

Avant le tapis rouge de Cannes, ce sont Les Volets verts qui ont fait parler le monde du cinéma ces dernières semaines. Accusé d’agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage du film, Gérard Depardieu a été condamné ce mardi 13 mai 2025 à 18 mois de prison avec sursis et a annoncé, dans la foulée, faire appel de cette décision.

Gérard Depardieu condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur deux femmes.

Marqué par les interventions parfois agressives de son avocat Jérémie Assous, le procès Depardieu s’inscrit dans une nouvelle ère française du mouvement #MeToo, quelques mois après la condamnation de Christophe Ruggia.

Si l'avancée est indéniable, la première plaignante, assistante du réalisateur Jean Becker, a toutefois préféré l’anonymat et le changement de secteur d’activité, la poursuite dans le cinéma lui semblant impossible après des accusations contre le Monstre Sacré.

Amélie, décoratrice de plateau, a, elle, réfléchi pendant deux ans avant de déposer plainte de crainte, de ne plus pouvoir continuer à exercer son métier. Craintes, semble-t-il fondées puisque "pour l’instant je ne travaille pas encore", témoigne-t-elle au micro de Tout Public.

“J'ai l'impression d'avoir été utile et aujourd'hui je me sens très heureuse. On avance et je suis ravie.” 

Amélie, victime de Gérard Depardieu sur le tournage des Volets verts. 

à franceinfo

Dans un calme certain et marqué par l’absence de l’acteur, le verdict s’est, coïncidence d’emploi du temps, tenu le jour de l’ouverture du Festival de Cannes, rendez-vous annuel incontournable de la Grande Famille.

Amélie Bonnin rassemble avec "Partir un jour"

Pour Amélie Bonnin, il est évident qu’il "est utile de parler", à un moment où "une génération arrive, notamment de femmes, pour qui, il n'est absolument pas question de transiger là-dessus." Récompensée en 2023 du César du meilleur court-métrage pour Partir un jour, la réalisatrice a ouvert la sélection en présentant la version longue de son premier prix.

Festival de Cannes 2025 : Amélie Bonnin ouvre les festivités avec "Partir un jour", un premier film chantant et réjouissant

Récit de transfuge de classe, Partir un jour raconte l’histoire de Cécile, jouée par Juliette Armanet. Après être montée à Paris, avoir participé à Top Chef et être sur le point d’ouvrir son restaurant, la cheffe se voit contrainte de rentrer dans son village d’enfance pour retrouver son père, victime d’un infarctus. Le film, ouvertement populaire et rassembleur, traite pour sa réalisatrice des "écarts" que provoque le départ de sa ville d’origine et de la "culpabilité" qu’il peut engendrer.

Sur une bande originale pleine de fraîcheur, mixant Dalida ou les 2be3, Amélie Bonnin réalise un tour de force intelligent, drôle et enlevé en s’entourant d’un casting cinq étoiles avec Bastien Bouillon, François Rollin ou encore Dominique Blanc.

“Un film c'est avant tout pour le public et qu’il puisse à la fois faire partie d'un grand festival international de cinéma qui le reconnaît en tant qu'objet cinématographique et qu'il soit délivré au public dans le même mouvement, c'est magnifique.”

Amélie Bonnin

Si le sujet et la distribution de Partir un jour, restent les mêmes entre le court et le long métrage, un détail de taille à pourtant son importance. Le personnage principal de la première version est devenu une personnage principale. N’ayant au début pas réfléchi à une attribution genrée des rôles, Amélie Bonnin s'aperçoit après que quelqu’un lui pose la question qu’elle n’a "pas du tout intellectualisé ce truc-là. Le patriarcat est inscrit à ce point que même en tant que femme réalisatrice, au moment de raconter une histoire (...) et bien j'ai mis un homme en héros par habitude pure. À partir du moment où l’on m'a mis le nez dedans, c'était assez volontariste de ma part d'inverser la tendance pour le long métrage."

Partir un jour, d'Amélie Bonnin, en salle dès le mercredi 13 mai 2025.

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