Le Pape François et Bérénice Bejo en mère révolutionnaire au Guatemala.

Dans Tout Public du mardi 22 avril 2024, le Pape François, auteur d’une lettre invitant à l’ouverture par la lecture, préfacée par le professeur William Marx et Bérénice Bejo pour l’un de ses rôles les plus intimes dans Mexico 86.

Article rédigé par franceinfo
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L'actrice Bérénice Bejo, lors de la 50e cérémonie des César, le 28 février 2025, à Paris. (LAURENT LAIRYS / MAXPPP)
L'actrice Bérénice Bejo, lors de la 50e cérémonie des César, le 28 février 2025, à Paris. (LAURENT LAIRYS / MAXPPP)

Souverain pontife pendant 12 ans, vanté pour sa modernité, le pape François est décédé lundi 21 avril 2025. Il aura marqué et n’aura négligé aucun moyen de s’adresser à ses fidèles, dans ses apparitions dans de nombreux documentaires à Wake Up, album pop-rock mettant en musique ses discours et prières. L’été dernier, c’est dans une lettre qu’il publie aux éditions Equateurs qu'il livre sa vision personnelle de la littérature et de la lecture. 

Pour William Marx, professeur au Collège de France et ayant préfacé l’ouvrage, le Pape se situe bel et bien à contre-courant de ses prédécesseurs. "À la fin du XVIᵉ siècle, l'Église avait instauré un index des livres interdits. Il indiquait aux fidèles les livres qu'il était interdit de lire, sauf dans certaines zones et dans certaines conditions. L'index a été supprimé en 1966 par Paul VI, mais il y avait toujours l'idée de recommander aux fidèles de lire la littérature dite édifiante, la littérature dite religieuse."

En citant Proust, auteur non-religieux et s’opposant à Cocteau, pour qui "la littérature ne peut remplacer ni le salut ni la prière", le Pape François incitait ainsi ses lecteurs à se confronter à d’autres pensées, auteurs et ouvrages que ceux généralement recommandés par l'institution chrétienne. "Ce qu’il dit, c’est qu’il ne faut interdire aucune œuvre, il ne faut interdire aucune lecture. C'est un vrai message de responsabilité et de liberté. Ce qui est assez révolutionnaire d'une certaine manière."

“Il dit quelque chose de très beau, à savoir que la littérature n'est pas là pour nous inviter à juger. Le jugement ne doit pas être un instrument de domination, mais il doit être un élan vers une écoute incessante.”

William Marx

à franceinfo

Louée soit la lecture – lettre sur le rôle de la littérature dans la formation (aux éditions de l’Equateurs), du Pape François, préfacé par William Marx disponible en librairie.

Mexico 86, questions de révolution et de maternité

Peut-on être mère et en même temps prendre les armes pour un idéal démocratique ? C’est la question posée par Javier Díaz dans son dernier film Mexico 86. Inspiré du vécu de la mère du réalisateur, Mexcio 86 retrace l’histoire d’une femme qui prend les armes en pleine répression sanglante au Guatemala dans les années 70, et qui se voit contrainte de laisser son fils à sa mère pour fuir au Mexique quelques années plus tard, en plein Mondial.

Interprétée par Bérénice Bejo, Maria, personnage principal, ne renoncera pas à son combat, quitte à devoir se séparer une deuxième fois de son fils. Pour l'actrice franco-argentine, le scénario rejoint sa propre histoire, lui donnant l’occasion d'interpréter l’un de ses rôles "les plus intimes. Ça parle de mes parents qui se sont beaucoup engagés en Argentine pendant la dictature et qui ont fui pour arriver en France. Mes parents ne m'ont pas beaucoup raconté. Pour ma mère, c'est trop douloureux, Il y a beaucoup de secrets et il y a beaucoup de souffrance. Et je pense qu'en interprétant cette femme, je me suis approchée de ce qu'elle a pu vivre et donc aujourd'hui, je comprends ses silences."

Bérénice Bejo joue une militante dans "Mexico 86" : "Ça a été une manière de comprendre ce que mes parents avaient vécu"

Mexico 86 est aussi l’occasion pour Bérénice Bejo de se questionner sur les notions d’engagement et de maternité. "Je suis fière d'avoir fait ce film parce que justement, il n'y a pas de culpabilité. Cette femme, elle parle avec son fils, c'est difficile, mais son fils comprend et à un moment donné, il y a un choix qui se fait de manière presque naturelle. (...) Il ne faut pas culpabiliser les femmes, plus que les hommes."

Mexico 86, de Javier Díaz avec Bérénice Bejo, en salle dès le mercredi 23 avril 2025.

Une émission avec la participation de Yann Bertrand et Thierry Fiorile, journalistes au service culture de franceinfo. 

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