Regards sur l'actualité internationale avec l’historien Olivier Wieviorka, l’adaptation théâtrale de “L’Esthétique de la Résistance” et le réalisateur John McTiernan.

Signataire, jeudi 5 mars 2025, d’une tribune dans Le Monde sur les ressemblances du contexte actuel avec “la situation qui prévalait avant la Seconde Guerre mondiale”, Olivier Wieviorka livre son analyse au micro de Tout Public. Pour l’historien, la situation internationale actuelle, appuyée par l’allocution du Président de la République du 6 mars 2025, n’est pas sans rappeler le contexte d’entre deux guerres. Parmi ces convergences, la sous estimation de la menace russe comparable à celle allemande dans les années 30, la situation de désarmement dans lesquels se retrouvent les démocraties européennes ou encore “les alliances contre nature, le pacte germano soviétique à l'époque, la proximité américano russe aujourd'hui”.

“On n'est pas véritablement en paix, on n'en est pas non plus en guerre.”

Olivier Wieviorka, historien

L’historien tient toutefois à modérer son propos puisque si certains points communs peuvent troubler, il existe aussi des divergences entre les deux époques. “Un élément qui différencie la situation de 1939 de la situation présente, c'est bien entendu le nucléaire et la garantie qu'elle offre (...). Elle empêche une ascension aux extrêmes, me semble-t-il, ce qui n'était pas le cas à la veille de la seconde guerre mondiale.”. Dans ce climat de “paix-guerre”, Olivier Wieviorka s’interroge sur les moyens économiques à la portée d’Emmanuel Macron et ceux pouvant être acceptés par les français dans un contexte de défense nationale, “en espérant qu'il y aura d'abord et avant tout une vertu dissuasive beaucoup plus qu'une vertu opérationnelle”. 

Dernier livre d’Olivier Wieviorka, Histoire Totale De La Seconde Guerre Mondiale, disponible en librairie 

Questionnements sur l'esthétisme, la liberté et la résistance au fascisme à l’Odéon dans la nouvelle mise en scène de Sylvain Creuzevault. 

Marathon théâtral de quatre heures nous faisant suivre un jeune ouvrier communiste à travers l’Europe des années 30 à la fin de la guerre, L’Esthétique de la Résistance est actuellement à l’Odéon, mis en scène par Sylvain Creuzevault. La pièce s’inspire du roman de neuf cent pages écrit par Peter Weiss et semble particulièrement résonner avec l’actualité. Habitué des mises en scène politiques et engagées, Sylvain Creuzevault questionne à l’Odéon l'esthétique et la liberté artistique en croyant encore à la force du théâtre quand ce dernier se retrouve souvent victime d’un militantisme anti académique et peu inclusif. Pour lui, “le théâtre reste un art. Si la proposition scénique ne propose pas un art de l'acteur au nom de la liberté d'expression ou de la formation d'une tribune, d'une revendication pour moi, il y a une limite, là, au théâtre”. 

‘“Je me souviens que dans le Grand Inquisiteur [précédente pièce de Sylvain Creuzevault], c'est pour ça qu'on avait mis en scène Trump en bouffon. La vitesse, la brutalité, l'effet d’accélération de l'histoire absolue n’est pas imaginaire.”

Sylvain Creuzevault

L’Esthétique de la Résistance, de Sylvain Creuzevault, à l’Odéon jusqu’au 16 mars 2025.  

John McTiernan ou l’Amérique inquiète.  

Donald Trump qui, depuis sa réélection, fait aussi l’obsession de la figure hollywoodienne John McTiernan, mis à l’honneur par la Cinémathèque française à l’occasion de son 12ᵉ festival. Le réalisateur de Prédator, Piège de Cristal ou d’Une journée en enfer décrit au micro de “Tout Public” la situation politique américaine comme “la pire chose” ne lui étant jamais arrivée dans sa vie d’adulte. “On est face à des gens qui sont vraiment déterminés à défaire ce qui a été accompli par à peu près tout le monde, de Martin Luther à Martin Luther King”, estime-t-il

“Imaginer que mes enfants vont vivre ça... Ce serait une chose de vivre ça à la vingtaine. Mais en tant que septuagénaire, c'est terrible.”

John McTiernan

Festival de la Cinémathèque - 12ᵉ édition, jusqu’au 9 mars 2025.

Une émission avec la participation de Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, journalistes au service culture de franceinfo.